Paulette et Julienne

Paulette et Julienne nous ont accueillis pour un petit interview. Discussions sur le quartier depuis vingt-cinq ans. Ça change et ça change pas.
Paulette dit que, quand même, quand ils ont enlevé les voies ferrées, c’était un choc, surtout pour son mari, qui a travaillé au rail toute sa vie.
Ni Julienne, ni Paulette ne sont propriétaires, alors les changements du quartier, elles les subissent, et leurs avis n’ont pas de poids, mais elles vont quand même régulièrement à l’atelier électrique pour se tenir au courant.
Paulette a deux enfants qui sont partis vivre dans le sud, vers Marseille. Elle dit : si vous nous mettez sur internet, c’est bien, comme ça mes enfants pourront me voir !

quand les yeux parlent

Quand je découvre, observe, écoute, rencontre, et quand les yeux parlent

Tiphaine Hameau jardine à l’atelier électrique. Il est artiste-jardinier.
Jardiner comme pratique artistique. Se donner le temps de l’errance, le temps de la promenade, laisser le temps à la nature, à la friche, de se découvrir. Et écouter les histoires de quartier que racontent les plantes, par leurs présences, leurs parcours, leurs développements. Des plantes de jardins rendues à la nature sauvage des friches.
Des plantes de re-colonisation. Tiphaine en fait l’inventaire : Armoise, bardane, carotte sauvage, chélidoine, chardon, rumex, tussilage, laissant déjà place aux buddleiae, bientôt à d’autres ligneux….
Sculpter dans la dense végétation qui a recouvert les terrains vagues. Imaginer des itinéraires dans les bosses et les creux, dans les séquelles des destructions. Dessiner des chemins, des espaces de flânerie ou de repos.
Tiphaine a construit un nid de branches, de paille et de feuilles, pour héberger les petites pousses et autres plans récoltés dans les jardins abandonnés des maisons vides. Un nid de plante pour les plantes.

Il écrit :
Donner à voir autrement les déchets que je glane ou produis,(…)bien s’entendre, faire « bon ménage », entre l’architecte, l’ouvrier, l’habitant, la jardinier, la nature… vivre ensemble.

l'air est rouge

Ce matin, rencontre avec quelques jeunes du quartier, à l’espace jeune de la rue de l’Epidème. Ici c’est un espace équipé pour tous types de démarches administratives, du logement à la recherche d’emploi ou de formation. Les éducateurs sont là pour conseiller, guider, aider, discuter, accompagner, et tout.
Interview autour d’un café. Changer le monde, changer le quartier.
– Qu’est-ce que vous feriez pour changer le quartier, d’un coup de baguette magique, là maintenant, qu’est-ce que vous changeriez ?
– Rouvrir la MJC. Il n’y a plus aucun espace de loisir pour les jeunes.
– Et dans le monde, qu’est-ce que vous changeriez ?
– La pauvreté. Ce serait bien de réduire l’écart entre ceux qui ont tout, et ceux qui n’ont rien, entre la misère et la richesse.

Et puis on fait les prénoms, et les citations.
L’air est rouge comme s’il criait !

fin de première journée

Fin de première journée de notre résidence au quartier de l’Epidème. Peut être que les gens ont déjà vu beaucoup de monde de partout s’intéresser à la transformation du quartier. Et puis c’est une période transitoire. Peut être même que ce n’est encore que le début de quelque chose. Alors les gens ne savent pas bien encore ce que ça va devenir. Ce qu’ils vont devenir. Et les gens sont très attachés à leur quartier. Un quartier ouvrier qui a connu les grands moments de l’histoire ouvrière de ces cent dernières années. Peut être qu’ils ont envie que ça aille vite pour retrouver un peu de sérénité?