très tranquille

Mme et Mr Shepereel habitent le quartier depuis trente cinq ou quarante ans. Ils ont acheté le jardin d’une maison de maître et ont tout construit. Une maison et un atelier de menuiserie. Ils ne sont pas au courant de la réhabilitation du quartier. Il dit: ils ont commencé par murer les maisons. Je ne sais pas ce qu’ils vont faire, il y a des gens qui sont plus au courant dans la rue Stephenson… Il y aura des maisons et des petits jardins… je ne sais pas… Lui, il ne fait pas d’activité sur le quartier. Elle, elle va au centre social pour la gym, pour la marche  et fait partie du bureau du centre social. Finalement elle dit, j’espère que je finirai mes jours ici. Je suis plus attachée à la maison qu’au quartier qui est pour moi un quartier très tranquille.

bourloire, la suite de l'histoire

Il y en avait partout, autrefois, des bourloires, nous disent les habitués. Il en reste quelques une, pas beaucoup mais quelques unes, et quand même quelque chose comme six cents joueurs.
Autrefois, c’était un jeu de bistrot. C’est le jeu auquel les hommes jouaient en sortant de la messe. Après la messe, un saut au bistrot, à la bourloire. C’était comme ça. Il n’y avait pas de femme dans les bourloire. Maintenant, il y en a. Depuis les années soixante. On a assisté à une partie, et les femmes ont montré qu’elles étaient capables de lancer une bourle avec autant de justesse qu’un homme.
C’est un jeu qui a peut-être sept siècles. C’est un patrimoine.
Et puis la bourloire de la Concorde, c’est aussi un lieu convivial où tout le monde se retrouve avec plaisir pour y jouer, et puis au billard aussi, et aux cartes, aux dames, et tout.
Un lieu où il fait bon se détendre et où les habitués viennent régulièrement depuis des dizaines d’années, et où les jeunes, quand ils le peuvent, prennent la relève.

bourloire

Premier rendez-vous de l’après midi à la Bourloire de la Concorde, à l’angle de la rue des cinq voies et de la rue Seclin.
Sur la bourloire – une piste longue et incurvée – on lance une bourle – un lourd morceau de bois, un disque épais, alourdi sur un côté – le fort – par un disque de métal. Les règles sont assez proches de la pétanque mais la technique n’a rien à voir, et c’est étonnant et beau d’assister à une partie.
La bourle est lancée, tantôt très vivement, pour déquiller les bourles qui sont sur le terrain, tantôt très doucement, en dansant dans un léger, voire dans un très fort zigzag, pour aller se coucher sur le côté, si possible au cœur de la cible. Pas besoin de cochonnet. Ça ressemble aussi au bowling, à cause de la rigole du fond, tout au bout de la bourloire, où on récolte après la partie les bourles déquillées.

tendre l'oreille

Réhabiliter plutôt que raser et reconstruire en neuf.
Se dire qu’on ne s’assoit pas comme ça sur l’histoire d’un quartier, parce que c’est l’histoire et les histoires des gens, et que plutôt que raser et expulser, on peut tendre l’oreille et écouter. Ecouter les voix des habitants, mais aussi ce que racontent les vieilles briques, et le carrelage, et la tapisserie, et tout. Les maisons sont parlantes, dans le quartier. Réhabiliter, comme ré-imaginer le passé pour le mettre au futur.
Réorchestrer les vieilles briques pour les remettre à jour. Une nouvelle jeunesse ?

The future will only contain what you put into it now !

le temps de l'épidème

On a repris notre publication, Le Temps de… Ici le temps de l’Epidème. Nouvelle version. C’est Antoine qui s’en charge. Il récolte dans le blog, notre carnet de bord de la résidence à l’Epidème, des textes qu’il recompose et imprime. Et ce soir il est parti distribuer Le Temps de l’Epidème sur tout le quartier. On s’est dit qu’on sortirait une petite feuille tous les jours pour dire aux gens où on en est. En plus du blog et des tracts… On s’est rendu compte que les gens du quartier ont déjà été beaucoup sollicités et que la lutte qu’ils ont menée pour garder leur maison a fait grand bruit. Les habitants se sont faits entendre. Et c’est pour ça qu’ils ont pu rester chez eux.