des valses au théâtre du monde

Jeudi soir. Demain à 17h nous jouerons notre premier enchaînement du Portrait de Mardyck. Les techniciens-magiciens du Bateau Feu sont déjà à pied d’oeuvre à la salle des fêtes de Mardyck. Ils y installent une scène. Pour les représentations de samedi à 14h et à 19h. On a dansé au pub mardyckois et sur la place du village. Des valses de Strauss. Et à la maison du village pendant l’installation du marché de noël. Sur la place du village, on a sorti les gens de leur voiture pour un tour de valse sous les décorations de noël et les fontaines de lumière. On a continué à distribuer des tracts-invitations et expliquer notre présence et le film spectacle qu’on réalise pour la fin de semaine. On a croisé nos camarades qui vont lire d’une maison à une autre des extraits du blog. On les a rencontrés au pub. Ils parcourent tout le village et racontent notre résidence. On a publié quelques pages du blog qui sont clamées dans Mardyck, théâtre du monde. Hervé offre des danses.

poèsie Mardyckoise

Il y a a des moments de folies douces, de poèsies folles, des moments suspendus. Pendant quelques minutes, quelques minutes seulement…. avoir la tête qui tourne a tout remettre en ordre, a tout désordonner. Avoir la tête à l’envers. Avoir la tête là. Etre là, être à Mardyck et danser la valse sur la place du village, dans le froid glacial, et tourner, tourner sous les illuminations, et respirer Mardyck, et rire. Offrir aux habitants de danser avec nous. Louise est une pro, elle danse la valse parfaitement, elle ramène tout le monde, et Sabine apprend la valse en deux en trois mouvements, Guy a un style indéniable. Oublier un moment, ensemble, toutes les noirceurs, valser, coeur léger…

Conduite du Portrait de Mardyck

Aurélie
Portraits citations Danse Hervé 3’00
M. Delattre Gilles
M.Fatis
M.Top
Textes 1 Danse Hervé 1’30
M. Debril
M. le Maire
Pas de Porte 1
M.Rotier Emile
Pas de Porte 2
Textes 2 Danse Hervé 1’30
Mme Pynthe
Pas de Porte 3
Les frères Pynthe
Textes 3 Objets 1’30
Portraits Chinois
Pas de Couloir
Les nageuses
Calèche
Maureen
Le jeune rencontré dans la rue, Mehdi

Texte 4 Danse Hervé 1’30
Anita et Jean Claude
Zumba
M. Delattre Gérard
M. Delattre Geoffret
Godot
Mme Raymonde Roguet
Natation synchronisée
Martine et Brigitte
Mme Blanchard
Texte 5 Danse Hervé 1’30
M.Duforet (1 ère partie)
Pas de Porte 4
M. Duforet ( les chevaux)
Citations 1 1’00
Le club des anciens
Les enfants
Citations 2 et fin

Y’en a qui disent

– Si ça pète, on est aux premières loges, c’est sûr!

– Si ça pète, y’aura pas que nous!

– Nous ce qu’on voudrais savoir, c’est si on peut rester ou si on doit partir!

– Dangereux… Dangereux…mais prendre sa voiture c’est dangereux, prendre l’avion c’est dangereux…

– Pollué…pollué…ici c’est pas plus pollué qu’ailleurs, c’est même plus pollué à Fort-Mardyck, ils peuvent pas manger dehors à cause des poussières, et puis faut savoir ce qu’on veut, c’est grâce aux usines qu’il y a du travail.

– Par exemple, moi je suis en zone jaune, et bah je dois protéger mon toit, mais c’est qui qui va payer?

– Y’a des organismes qui vérifient, la DRIR tout ça, si on veut des informations, on peut en avoir.

– Une fois j’ai conduit mon fils à Arcelor, et à l’entrée de l’usine, j’ai été bloquée par les gendarmes qui m’ont interdit de revenir sur mes pas, j’ai du faire un énorme détour pour revenir au village, et je me suis rendu compte qu’il était cerné par la gendarmerie et interdit d’accès, y’avait une alerte sérieuse et on nous avait enfermés, alors qu’on nous dise pas qu’ils disent tout le temps toute la vérité…

– Mardyck était là avant après tout!

Ecole

 New york city, étoiles, gratte-ciel, route 66…Dé-zoom. Murs verts où que le regard se tourne, soleil tapant fort à travers les fenêtres, on est au cyber-centre à la maison du village, notre QG éphémère. Le bâtiment a vu passer bien des âmes avant nous, recèle sans  doute mille histoires et souvenirs. A l’entrée de la cour, à droite de la grille, lettres noires sur fond gris, légèrement abîmée sur le haut, une plaque témoigne de l’origine du lieu: l’école catholique Ste Anne, construite en 1897 – école devenue publique au tournant des années 90. Les noms des directeurs et enseignants de l’école se mêlent ainsi à ceux des enfants qui ont peint et signé la cour en 2012. Camille, Louise, Adrienne, Lauraine, Marie-José, Alain, Josette ont ainsi précédé, voire croisé Emilie, Lucas, Thomas, Dylan, Angélique, Noémie, Julie, Geoffrey, Loïc, Mandy. Aujourd’hui, Martine, Guy, Didier, Marie, Hervé, Jérémie, Maggie, Louise, Sabine, on monte les images des interviews et on continue de raconter nos rencontres. Un silence tout de concentration plane sur la pièce…l’horloge s’est arrêtée.

Le temps, lui continue sa ronde. Mais c’est bien possible qu’il se soit arrêté réellement le jour où l’école a fermé, il y a deux ans.  L’école dans un village, ça crée des rencontres, ça entretient le lien entre les familles, nous rappelaient hier encore aussi bien Nicole Pynthe que Brigitte Blanchard et Martine Biehler-Ochem. Il y a bien des années, il y avait deux écoles à Mardyck – la publique habitant des préfabriqués de circonstance aux abords de l’église. Cette deuxième école aussi n’est plus, mais, écho discret, un nouveau préfabriqué siège, qui accueille les cours de danse. Ici à Félix Boschat, le lieu est toujours debout. Pascaline, ancienne ATSEM, désormais agent d’entretien pour le village, accueille les enfants qui souhaitent accéder à la bibliothèque. La maison propose au quotidien des activités périscolaires savamment équilibrées entre aide aux devoirs (1 jour/2) et défoulement (sport en salle et piscine). S’y ajoutent des virées diverses et autre concours de soupe annuel avec les maisons de quartier du dunkerquois – cette année, les enfants de Mardyck sont grimpés sur le podium…avec une soupe qui sonne : coco-carotte. Un diplôme orne l’entrée de la maison du village et il faut voir le sourire de fierté de Brigitte, l’animatrice, pour s’assurer définitivement de ce succès. Hier Didier a joué une scène de « En attendant Godot » avec les enfants qui passaient par là. Le petit Emrick n’a pas eu besoin de se faire prier pour jouer la colère, regard déterminé planté dans celui de Didier.

« Oh!Oh! Vous avez oublié les bancs ! » s’exclament Pascaline et Dorothée à l’attention des gars du service technique venus embarquer une partie du mobilier pour laisser place au marché de noël. Le marché va doucement mais sûrement s’installer dans la pièce voisine – la pièce violette. Les gars reviennent en râlant contre les petits chefs « Y’a que des femmes ici! On est obligé d’obéir, elles ont la majorité! » Chaque matin à 8h20 et chaque soir à 16h30, Pascaline accompagne dans le bus les petits de Mardyck qui s’en vont désormais à l’école Dessinguez de Petite Synthe. En ce moment, c’est chants de noël à tout va sur la route. Pascaline soupire puis rigole, les chants elle finit par les connaître par coeur. Une petite ritournelle pour continuer de regarder grandir 14 gamins.

Quand on est revenu de chez Anita après la pose déjeuner, l’horloge tic-tacait de nouveau, affichant un léger retard de 2h. Il y a des choses, on croit qu’elles s’arrêtent, en fait elles reprennent juste leur respiration.