Ecole

 New york city, étoiles, gratte-ciel, route 66…Dé-zoom. Murs verts où que le regard se tourne, soleil tapant fort à travers les fenêtres, on est au cyber-centre à la maison du village, notre QG éphémère. Le bâtiment a vu passer bien des âmes avant nous, recèle sans  doute mille histoires et souvenirs. A l’entrée de la cour, à droite de la grille, lettres noires sur fond gris, légèrement abîmée sur le haut, une plaque témoigne de l’origine du lieu: l’école catholique Ste Anne, construite en 1897 – école devenue publique au tournant des années 90. Les noms des directeurs et enseignants de l’école se mêlent ainsi à ceux des enfants qui ont peint et signé la cour en 2012. Camille, Louise, Adrienne, Lauraine, Marie-José, Alain, Josette ont ainsi précédé, voire croisé Emilie, Lucas, Thomas, Dylan, Angélique, Noémie, Julie, Geoffrey, Loïc, Mandy. Aujourd’hui, Martine, Guy, Didier, Marie, Hervé, Jérémie, Maggie, Louise, Sabine, on monte les images des interviews et on continue de raconter nos rencontres. Un silence tout de concentration plane sur la pièce…l’horloge s’est arrêtée.

Le temps, lui continue sa ronde. Mais c’est bien possible qu’il se soit arrêté réellement le jour où l’école a fermé, il y a deux ans.  L’école dans un village, ça crée des rencontres, ça entretient le lien entre les familles, nous rappelaient hier encore aussi bien Nicole Pynthe que Brigitte Blanchard et Martine Biehler-Ochem. Il y a bien des années, il y avait deux écoles à Mardyck – la publique habitant des préfabriqués de circonstance aux abords de l’église. Cette deuxième école aussi n’est plus, mais, écho discret, un nouveau préfabriqué siège, qui accueille les cours de danse. Ici à Félix Boschat, le lieu est toujours debout. Pascaline, ancienne ATSEM, désormais agent d’entretien pour le village, accueille les enfants qui souhaitent accéder à la bibliothèque. La maison propose au quotidien des activités périscolaires savamment équilibrées entre aide aux devoirs (1 jour/2) et défoulement (sport en salle et piscine). S’y ajoutent des virées diverses et autre concours de soupe annuel avec les maisons de quartier du dunkerquois – cette année, les enfants de Mardyck sont grimpés sur le podium…avec une soupe qui sonne : coco-carotte. Un diplôme orne l’entrée de la maison du village et il faut voir le sourire de fierté de Brigitte, l’animatrice, pour s’assurer définitivement de ce succès. Hier Didier a joué une scène de « En attendant Godot » avec les enfants qui passaient par là. Le petit Emrick n’a pas eu besoin de se faire prier pour jouer la colère, regard déterminé planté dans celui de Didier.

« Oh!Oh! Vous avez oublié les bancs ! » s’exclament Pascaline et Dorothée à l’attention des gars du service technique venus embarquer une partie du mobilier pour laisser place au marché de noël. Le marché va doucement mais sûrement s’installer dans la pièce voisine – la pièce violette. Les gars reviennent en râlant contre les petits chefs « Y’a que des femmes ici! On est obligé d’obéir, elles ont la majorité! » Chaque matin à 8h20 et chaque soir à 16h30, Pascaline accompagne dans le bus les petits de Mardyck qui s’en vont désormais à l’école Dessinguez de Petite Synthe. En ce moment, c’est chants de noël à tout va sur la route. Pascaline soupire puis rigole, les chants elle finit par les connaître par coeur. Une petite ritournelle pour continuer de regarder grandir 14 gamins.

Quand on est revenu de chez Anita après la pose déjeuner, l’horloge tic-tacait de nouveau, affichant un léger retard de 2h. Il y a des choses, on croit qu’elles s’arrêtent, en fait elles reprennent juste leur respiration.

Une réflexion sur « Ecole »

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