la grande illusion

C’est le 14 juillet, les repas et fêtes de villages ont commencé hier et se continuent aujourd’hui. Il y a un feu d’artifice après le spectacle de Bertrand Cocq qui est installé sous la smob pour y jouer ses spectacles. Nous sommes arrivés samedi. Il y a 5 jours, donc. Quand on passe dans les rues déjà sillonnées, on reconnaît des gens et des personnes nous reconnaissent aussi. C’est agréable. Les a t-on assez intéressées pour qu’elles viennent au portrait. Même si le moment du rendu de portrait n’est que la finalité, on se prend à rêver un peu… Rêver à vivre ce que le public de l’opéra de Rome a vécu avec le chef d’orchestre Riccardo Mutti lors de la représentation de Nabucco de Verdi. Nabucco est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l’épisode de l’esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ». Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : « Bis ! » Le public commençait à crier « Vive l’Italie ! » et « Vive Verdi ! ». Le chef d’orchestre interrompt l’opéra et dit au public :
Je n’ai plus 30 ans et j’ai vécu ma vie, mais en tant qu’Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j’ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j’acquiesce à votre demande de bis pour le « Va Pensiero »… ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait « O mon pays, beau et perdu », j’ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l’histoire de l’Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment « belle et perdue ». Depuis que règne par ici un « climat italien », moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant… nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre maison, le théâtre de la capitale, et avec un Chœur qui a magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble… J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra… Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention du monde.
Berlusconi était dans la salle…
Et si samedi, nous nous mettions tous à chanter le temps des cerises ou bella ciao

on ne savait pas

Il paraît qu’hier il y avait un monde fou à Rebreuve pour le feu d’artifice et le bal du quatorze juillet. Des milliers de gens. On a raté. On n’a pas pensé. Ben faut dire qu’on n’imaginait pas qu’on aurait dû y aller. Ce midi on va Estrée Cauchy (le village d’à côté) pour la fête au stade de foot. Un repas qui réunit des centaines de personnes. On devrait y retrouver des habitants de Fresnicourt et de Rebreuve. Et aujourd’hui encore il y a les spectacles à la Smob (le petit chapiteau d’Artois Com). Bertrand Cocq et Simon Cauliez. C’est blindé de monde, ce soir. On ira voir. Et puis on retourne en porte à porte pour redire qu’on joue samedi le portrait de villages à 14H30, 17H30 et 20H30 à Fresnicourt, sous la Smob. Et deuxième parcours dansé avec Iffra dans l’après midi, à Verdrel et Fresnicourt. Jamel nous rejoint ce soir. On dit Freniscourt le Dolmen parce que la poste dans le temps confondait Frémicourt et Fresnicourt. Donc on a appelé Fresnicourt, Fresnicourt le Dolmen pour bien faire la différence.

reste à faire

On a déjà bien avancé. La conduite est écrite. Les montages sont quasi bouclés. Reste à faire :
Finir détourage objets / préparation des textes, définition des cinq blocs / liste des objets / chercher Jamel à la gare / changer les billets de train / faire du porte à porte / Cochon Grillé d’Estrée Cauchy / liste de courses pour le labo d’août / montage technique au plateau / déménagement QG / intervention Jamel centre aéré / intervention Iffra centre aéré / appeler Singrid /  intervention Jamel smob / filage filage filage… et représentations.

la conduite du portrait de Fresnicourt-Rebreuve / juillet 2011

Portrait citations / danse Iffra / 1’ / Michel Facon / 3’20 / Jeanne Hulot / 2’50 / Pas de porte 1 / 1’ / Textes 1 / 1’30 / Marie Thérèse Baraffles / 2’53 / Christian Godin / 2’50 / Pas de porte 2 / 1’ / Centre aéré jeunes / 3’ / Textes 2 / 1’30 / Portrait chinois / 3’45 / Pas de couloir / 1’ / Séquence pétanque / 0’44 / Textes 3 / Objets / 1’30 / Francine et sa mère / 1’47 / Pas de porte 3 / 1’30 / Emeline Donnaint / 2’21 / Jeanne Hulot (2ème partie) / 1’42 / Sport travelling moissonneuse / 1’ / Textes 4 / 1’ / Godot / 1’30 / Emilienne Buissière / 2’48 / Hip hop jeunes / 2’28 / Pas de couloir 2 / 1’ / Pierre et Reine Lepilliet / 1’32 / Fleury Lion / 2’16 / Café de la Mouffe / 1’54 / Textes 5 / Danse Iffra / 1’30 / La Boucherie / 1’57 / Pas de porte 4 / 1’/ Asinerie / 2’28 / Citations / 2’36

arbeit ist sichtbar gemachte liebe, 14/7/2011

On est d’ici. On est d’ailleurs. On est d’un peu partout. On tourne dans les villages. Quelques heures à Fresnicourt. Un après midi à Rebreuve. Et dans les villes. Deux semaines plutôt on était à Hénin Beaumont.  Avant ça à Hinges et Locon. Il y a deux ans, on se préparait pour le Brésil. On tourne. On tourne. On tourne. On va mener une recherche. On va étudier notre montagne de documents et d’infos qu’on a collectés depuis tant d’années, sur les habitants, sur nous, sur le rapport de la culture au monde. Sur notre questionnement sans répit du rôle d’un artiste, d’une troupe de comédiens, danseurs, acrobates, vidéastes, plasticiens aux autres. Sur le lien des mondes au monde. On fait tous les jours un nombre d’heures très grand. Comme pour être à la hauteur de ce qu’on voudrait faire, voudrait vivre. Pour ne rien rater. Hier on a suivi Iffra dansant dans Rebreuve. Mille idées nous ont traversé l’esprit. Belle ballade dansée dans le village. On aurait pu imaginer Jacques Tati. Comme un film de Jacques Tati. Et si ça ne s’arrêtait pas. Plus. Plus jamais. Ce serait comme ça tous les jours. Un vrai métier. Ou quelque choses d’autre encore. Se donner. Arbeit ist sichtbar gemachte Liebe.