n’importe quel parfum

On est allé voir Mme Thuilliez ce matin. On a longuement parlé de la ferme et des glaces à la ferme. Et des vaches et des cochons. Et des chats. On est allé visiter les nouvelles étables à vaches, en construction à une centaine de mètres de la ferme. On a pu voir le robot qui va s’occuper tout seul de traire les vaches, trois fois par jour. Mme Thuilliez sillonnent la région pour vendre ses glaces qu’elle confectionne elle-même. Hier elle était à Merville. Samedi elle était à Estrée Cauchy, pour le lancement de la Smob. Elle livre aussi beaucoup de restaurants. Elle fait des glaces sur commande. Les gens peuvent ramener leurs fruits et elle en parfume les glaces. Quand elle ne sait pas comment faire, elle téléphone en Hollande chez ces gens qui lui ont donné l’envie de fabriquer des glaces avec le lait des vaches. Elle a plus d’une cinquantaine de vaches. Quand on lui demande ce qu’elle fait pendant ses loisirs, elle nous dit, Vous ne trouvez pas que j’en fais déjà beaucoup? Et qu’est ce que vous voulez, tout mon temps est consacré à la ferme et aux glaces !

De portes en portes

Ce matin, avec Hervé caméra au point, il est 10h, bonjour HERMIN.
Rencontre à la mairie avec Mme Brillois, elle nous raconte son arrivée en tant que secrétaire de mairie au village en 1983. Elle raconte, c’étaient les élections, et personne ne se présentait … Au premier tour j’accouchais dit-elle, au deuxième tour j’étais là, et c’est un professeur fraichement arrivé qui a pris la place du maire. On a essayé de faire avancer les choses, dit – elle. On a récupéré une école à Labuissière. On nous a donné une école, mais il fallait la démonter et la remonter, ça a pris du temps mais on y est arrivé. L’école était en préfabriqué. Aujourd’hui il reste dans chaque commune une école, elle dit que sans école, le village meurt. Ils ont chacun un cycle dans leur commune, à Hermin c’est le 3eme cycle (CE2, CM1,CM2).
Ensuite plus haut dans le village on rentre dans une fermette, on y voit une dame et sa fille en pyjama. A peine installées depuis 6 mois, elles viennent de Paris; mais avant, elles vivaient à Ohlain. Elles nous disent qu’elles ne peuvent pas faire le portrait chinois parce qu’elles ne connaissent pas assez Hermin. La dame part à 7h du matin et rentre à 19h, elle ne voit pas grand chose du village mais elle est ravie d’être ici, dans le jardin. Il y a un trampoline et une balançoire. Un petit chat gris traverse en courant. Au fond il y a des vaches, blanches, noires, crèmes…

Je ne retournerai pas à Versailles

Vivre les yeux dans le paysage, sur les hauteurs d’Hermin, face à la colline d’Ohlain, dans la nature et le silence. Vivre au rythme des chemins même si dit-il, « la voiture est malheureusement indispensable, le pays s’appréhende à pied, le vélo même me semble trop rapide. Ici c’est par le sol qu’on s’accorde au lieu. » Thierry a grandi près de Paris, son métier d’enseignant l’a mené dans le Nord, une promenade en vélo lui a fait découvrir Hermin où il y a vingt ans, sa femme et lui construisirent leur maison. L’arbre de Noël de la commune, l’engagement de sa compagne au sein du conseil municipal et de la paroisse, leur participation aux fêtes du village, à la vie de l’école et leur goût pour la rencontre et le dialogue leur ont permis de trouver leur place. « Les gens d’ici ont un rapport à l’autre sans doute unique en France. »
Chaque matin, il passe de l’autre côté de la colline, descend dans la plaine pour y exercer « le plus beau métier du monde ». Faire découvrir la littérature aux jeunes gens de Noeux les Mines, les accompagner dans leur cheminement vers l’âge adulte, la construction d’une vie qui soit pleinement la leur. Il parle d’enseignement avec une passion rare. « Nous sommes un peu comme les remorqueurs dans un port. Nous aidons chacun à entrer puis à repartir, à choisir un cap, nous les préparons pour la haute mer et à chaque rentrée, nous nous attelons à un nouveau navire.»
Quand on évoque avec lui le sentiment qu’ont certains de voir les communes vertes devenir des villages dortoirs, il évoque le bruit des enfants jouant dans la cour de l’école qui s’entend même au bout du village.
« Je ne retournerai pas à Versailles, même pour un poste dans un lycée prestigieux. La bascule s’est faite, ma vie est ici »

troisième jour

On est installé à la mairie d’ Estrée. Bien installé. De là on rayonne sur les communes vertes. La communauté de communes des communes vertes. Aujourd’hui c’est Hermin et Gauchin le Gal. Et le temps file. On se dit déjà qu’on n’a pas assez de temps. On sait bien qu’on ne pourra jamais voir tout le monde et que de toute façon, ça n’est pas possible. Mais on ne peut pas s’y résoudre, alors on multiplie les rendez vous et les porte à porte, sûr qu’un jour on rencontrera tous les habitants. Tous.

Dans Culture et Développement durable, de Jean Michel Lucas

… Pour prétendre devenir un pilier fiable et solide du monde, la culture doit évidemment porter en elle les valeurs du développement durable humain. Ou, pour le dire autrement, la priorité collective doit être que la société déploie en son sein une culture partagée du développement durable. L’enjeu politique est donc que les individus défendent cette culture collective de l’attention au futur pour « garantir que les ressources disponibles soient utilisées pour le bien de l’humanité », selon la formule de l’accord de Rio … Dans cet esprit, l’idée de culture est associée à la participation des individus à des associations … Les valeurs culturelles partagées ne sauraient être imposées, chacun doit pouvoir les construire en devenant partie prenante de la négociation sur le futur commun dans tous les espaces et temps sociaux auxquels il participe…