Je ne retournerai pas à Versailles

Vivre les yeux dans le paysage, sur les hauteurs d’Hermin, face à la colline d’Ohlain, dans la nature et le silence. Vivre au rythme des chemins même si dit-il, « la voiture est malheureusement indispensable, le pays s’appréhende à pied, le vélo même me semble trop rapide. Ici c’est par le sol qu’on s’accorde au lieu. » Thierry a grandi près de Paris, son métier d’enseignant l’a mené dans le Nord, une promenade en vélo lui a fait découvrir Hermin où il y a vingt ans, sa femme et lui construisirent leur maison. L’arbre de Noël de la commune, l’engagement de sa compagne au sein du conseil municipal et de la paroisse, leur participation aux fêtes du village, à la vie de l’école et leur goût pour la rencontre et le dialogue leur ont permis de trouver leur place. « Les gens d’ici ont un rapport à l’autre sans doute unique en France. »
Chaque matin, il passe de l’autre côté de la colline, descend dans la plaine pour y exercer « le plus beau métier du monde ». Faire découvrir la littérature aux jeunes gens de Noeux les Mines, les accompagner dans leur cheminement vers l’âge adulte, la construction d’une vie qui soit pleinement la leur. Il parle d’enseignement avec une passion rare. « Nous sommes un peu comme les remorqueurs dans un port. Nous aidons chacun à entrer puis à repartir, à choisir un cap, nous les préparons pour la haute mer et à chaque rentrée, nous nous attelons à un nouveau navire.»
Quand on évoque avec lui le sentiment qu’ont certains de voir les communes vertes devenir des villages dortoirs, il évoque le bruit des enfants jouant dans la cour de l’école qui s’entend même au bout du village.
« Je ne retournerai pas à Versailles, même pour un poste dans un lycée prestigieux. La bascule s’est faite, ma vie est ici »

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