Hier nous avions rendez-vous avec Nadia. Nadia est la vice présidente de bib de rue mais aussi la responsable d’une micro crèche nommée: Dessine-moi un mouton. Elle accueille chaque jour 10 enfants issus de tout Sartrouville. Nous arrivons à 18 heures, l’heure des papas et des mamans, nous sommes accueillis par Stefana, la fille de Nadia, qui, telle une véritable assistante de direction nous prie de bien vouloir patienter pour le rendez-vous. Nous retrouvons également Odile, infirmière puéricultrice pour la structure, mais aussi bénévole à bib de rue. Bib de rue encore et toujours, c’est en voulant monter sa propre crèche que Nadia à rencontré Jeanine. Jeanine l’ayant beaucoup aidé dans ses démarches, c’est tout naturellement que Nadia a décidé de l’aider à son tour quand il a fallu s’impliquer pour bib de rue. Quand nous proposons un portrait chinois à Nadia et Stefana, à la question: et si Sartrouville était un prénom? La mère et la fille, aussi lumineuse l’une que l’autre, répondent en choeur: » Jeanine! » Nadia a 39 ans et habite à Sartrouville depuis 39 ans nous dit-elle. Elle a tout ici, ses parents, ses frères et soeurs, sur sept enfants, seul deux sont partis de la ville, et encore, pour aller à Taverny, à 30 minutes de là. Elle a réussi à « délocaliser » son mari qui vient de Nanterre. Nadia nous raconte son enfance, ses souvenirs heureux au coeur de la cité des Indes, ses jeux dans les collines. On lui dit ne pas avoir remarqué de collines dans le quartier. Nadia nous gratifie de son sourire communicatif: « Les collines…c’était des collines en pierre avec un bac à sable au sommet, on avait des balançoires en pneus aussi, on se contentait de peu, mais qu’est-ce qu’on s’amusait, aujourd’hui ce n’est plus pareil, je ne retrouve pas la même ambiance pour mes enfants. » Elle adore toujours sa ville mais la trouve pauvre en activités pour les adolescents, elle dit « mais ce n’est vraiment plus pareil, nos parents nous surprotégeaient, on est peut-être un peu plus coulant maintenant, et puis la télé, l’ordinateur..chacun est replié chez soi. »Mais quand on lui demande : et si Sartrouville était une chanson? Nadia répond: « L’espoir ».
Veillée # Sartrouville
Marie B très tôt sur le marché des Indes, mercredi matin…
« Et lui le révolté, il cherche la tempête comme si dans la tempête règnait la paix »
Martine, Didier et Hervé sont au lycée Evariste Gallois de Sartrouville pour une intervention avec les classes en option théâtre. Marie B parcourt la ville a pied avec sa planche à dessin. Jérémie et Marie L font du porte à porte pour filmer des Pas de Porte. Ce matin on a rencontré au Q.G (la bib de rue) deux dames qui donnent de leur temps au quartier sans compter. Didier et Anaïs ont interviewé Didier Thibaut et Marie Noelle Lissonet dans le centre ville de Sartrouville (il est difficile de déterminer précisément où se trouve le centre ville de Sartrouville, on pourrait penser qu’il y a plusieurs centres villes dans la ville). Ils sont tous deux musiciens et ils font partie d’une compagnie de théâtre. Cet après midi Didier et Hervé commencent par une séance de citations (les élèves choisissent parmi quinze pages de citations celle qui leur parle le plus et ils la mémorisent et l’interprètent à la caméra). Puis ils feront « En attendant Godot ». Ensuite viendra le temps des rêves dansants. Chacun raconte un rêve qu’il l’a marqué et Hervé posera des gestes dansés sur les mots. Martine va enchainer avec Antigone. Elle leur racontera l’histoire d’Antigone puis elle leur demandera d’ imaginer qu’Antigone est arrivée cette année en début d’année scolaire au lycée Evariste Gallois. On dit qu’elle serait rebelle. L’avez vous rencontrée? A quoi ressemble-t-elle ?
Des hydravions à la construction de l’usine Thomson CSF
les Cendre
La Thomson CSF située à Sartrouville était un site de fabrication de radars dont les activités ont cessé en 97. Yves Bellech a travaillé 28 ans dans cette usine comme ouvrier. Et il fait aujourd’hui un travail de mémoire et collectionne les photos qui retracent l’histoire du site. Pierre Cendre (le frère de Martine Cendre (HVDZ) a aussi travaillé à la Thomson après son C.A.P, à 16 ans. Il a fait toute sa carrière à l’usine. Il appréciait énormément son travail, l’équipe avec laquelle il travaillait et la solidarité entre les ouvriers. Il regrette que l’usine ait été fermée. Cette fermeture a entrainé de nombreux licenciements et laissés bien des familles sur le carreau. L’usine a été vendue et rachetée plusieurs fois, dit -il et elle a fini par disparaître. Martine s’est promise d’aller faire un tour au musée de l’histoire à Sartrouville où sont rassemblés tous les documents de l’histoire de la Thomson à Sartrouville.
Cinquième pas-de-couloir lycéen
Quatrième pas-de-couloir lycéen
Café rencontre(3)
Au café rencontre, il y a aussi Maria. Maria commence par nous dire qu’elle est à Sartrouville depuis 1960, qu’elle y a fait sa vie: « Sartrouville c’est mon pays, c’est mon village. »Elle nous raconte sa première journée à Sartrouville, il y a 52 ans, le 4 janvier, arrivée du Portugal sur la moto de son mari. Enceinte de trois mois, son mari l’a emmené directement dans un dispensaire pour un examen. Il a dû partir sur sa moto pour déposer un dossier à la sécurité sociale en lui promettant de revenir au plus vite. Maria ne parlait pas un seul mot de français et son mari n’est pas revenu. Il avait eu un accident et était à l’hôpital. Incapable de se faire comprendre, incapable de comprendre ce qu’on lui disait, Maria se retrouva à la porte du dispensaire et attendit des heures blottie dans un escalier. Elle nous raconte son attente, son incompréhension et ses doutes, elle avait entendu dire à l’époque que les hommes, une fois arrivés en France abandonnaient leurs femmes. Vers cinq heures du matin, la police vint la chercher, son mari avait pu alerter l’hôpital de la situation. Elle crut tout d’abord que son frère, policier au Portugal, était venue la chercher. « Oui, oui j’étais naïve » nous dit-elle en riant. Les policiers l’accompagnèrent à l’adresse que son mari avait indiqué: une pièce minuscule dans la « cour des miracles », place nationale. Elle se souvient des policiers répétant » La pauvre, la pauvre… » »ça je comprenais bien, la pauvre…c’est universel! »dit-elle toujours en riant. « Mais c’est loin tout ça, maintenant je parle , maintenant je comprends, maintenant je suis chez moi. »
Troisième pas-de-couloir lycéen
Café rencontre (2)
Au café rencontre, il y a Jacques. Jacques nous dit ne pas vouloir être filmé. Handicapé de naissance, il a un défaut d’élocution et ne se sent pas à l’aise face à une caméra. Mais Jacques est à Sartrouville depuis toujours et aimerait partager quelques souvenirs, alors Marie L s’installe à côté de lui et prend des notes. Le grand-père de Jacques travaillait à la SNCF et habitait un logement de fonction près de la gare. En retraite en 1952, il acheta un terrain un peu plus loin pour y construire un petite maison et y élever Jacques. Jacques habite toujours cette maison, il se rappelle qu’il n’y avait pas de tout à l’égout et des champs tout autour, il se rappelle des coquelicots plus grands que lui et il se rappelle qu’il faisait froid. »Maintenant il ne fait plus froid, il y a eu des constructions, on se tient chaud les uns les autres. » Il aime sa ville, même si il trouve que c’est plus une ville-dortoir qu’une ville d’histoire comme Versailles ou St Germain-en-Laye. Jacques vient au café rencontre depuis sa création en 2000, il y retrouve Claude avec lequel il partage un passion pour le cinéma. Aujourd’hui, il lui a apporté une dizaine de westerns avec Randolph Scott.