Café rencontre(3)

Au café rencontre, il y a aussi Maria. Maria commence par nous dire qu’elle est à Sartrouville depuis 1960, qu’elle y a fait sa vie: « Sartrouville c’est mon pays, c’est mon village. »Elle nous raconte sa première journée à Sartrouville, il y a 52 ans, le 4 janvier, arrivée du Portugal sur la moto de son mari. Enceinte de trois mois, son mari l’a emmené directement dans un dispensaire pour un examen. Il a dû partir sur sa moto pour déposer un dossier à la sécurité sociale en lui promettant de revenir au plus vite. Maria ne parlait pas un seul mot de français et son mari n’est pas revenu. Il avait eu un accident et était à l’hôpital. Incapable de se faire comprendre, incapable de comprendre ce qu’on lui disait, Maria se retrouva à la porte du dispensaire et attendit des heures  blottie dans un escalier. Elle nous raconte son attente, son incompréhension et ses doutes, elle avait entendu dire à l’époque que les hommes, une fois arrivés en France abandonnaient leurs femmes. Vers cinq heures du matin, la police vint la chercher, son mari avait pu alerter l’hôpital de la situation. Elle crut tout d’abord que son frère, policier au Portugal, était venue la chercher. « Oui, oui j’étais naïve » nous dit-elle en riant. Les policiers l’accompagnèrent à l’adresse que son mari avait indiqué: une pièce minuscule dans la « cour des miracles », place nationale. Elle se souvient des policiers répétant  » La pauvre, la pauvre… » »ça je comprenais bien, la pauvre…c’est universel! »dit-elle toujours en riant. « Mais c’est loin tout ça, maintenant je parle , maintenant je comprends, maintenant je suis chez moi. »

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