toujours frais

On est allé vite fait à la distribution de paniers de l’AMAP, pour prendre un rendez-vous avec M. Mellin, pour un entretien qu’on aura lundi prochain. A l’Asco Georges Brassens, il y a deux producteurs et trois membres de l’association. Des producteurs locaux, des maraîchers de Saint Médard qui amènent leurs légumes de saison. Parfois aussi, il y a du fromage, ou d’autres produits du coin. M.Mellin est là chaque semaine, avec deux autres adhérents, qui tournent à tour de rôle, pour préparer les paniers. Il y a un peu de tout dans un panier : cette semaine des carottes, des pommes de terre, une belle botte de cresson, des navets, des poireaux, des radis, deux laitues, une tranche de potiron.
Une vingtaines de familles adhérentes à l’association, qui se sont abonnées à l’année, vont venir chercher leur panier, et découvriront ce qu’il contient. Des légumes de saison toujours frais. Et ils pourront rencontrer et discuter avec le maraîcher, lui dire leur préférence, échanger ensemble des recettes. M. Mellin nous a dit qu’il ajouterait notre tract au panier, et qu’il expliquerait ce qu’on fait.
Anne Laure, qui ne connaissait pas les principes de l’Amap est sortie enthousiaste et affamée de bonne soupe de légumes.

fin de journée, jeudi de la première semaine de veillée de St Médard

Dès que Flora et Anne Laure rentrent, on arrête pour aujourd’hui. Jérémie, Didier, Camille et Dorothée sont partis au rugby. Martine prépare les montages. On a appelé l’hôtel. On a prévenu qu’on serait sept ce soir au repas. Et demain neuf. La famille s’agrandit. On a amené une petite sono portable de Loos en Gohelle qui devrait servir demain à Clarice pour chanter dehors. Il nous manque un micro et une rallonge qu’on va se procurer demain matin aux services techniques du Carré des Jalles. Jérémie a remarqué aujourd’hui une petite défaillance de sa caméra. On espère que c’est juste une panne passagère. On manque de matériel. Pour être tranquille on devrait pouvoir disposer de quatre caméras, étant donné le rythme de nos interventions. Didier rencontrera demain matin tôt la professeure de danse orientale. Flora et Anne Laure avaient ce soir un rendez vous avec l’AMAP. Elles sont revenues.

Coquette et cocotte

Aujourd’hui, on est allé voir Madame Bernadas. Elle a quatre vingt six ans. Elle était blanchisseuse, dans le temps. Blanchisseuse depuis plusieurs générations : son père, ses grands mères, sa sœur… elle nous raconte chaque étape de la lessive, la longue lessive qui durait une semaine. Le lundi, à la file, des centaines de blanchisseuses allaient jusqu’à Bordeaux avec une charrette et un cheval, parfois une mule, parfois un âne, pour prendre le linge à laver et ramener le linge propre. On disait pas client, on disait pratique. On allait voir ses pratiques.
Elle nous a raconté tout ça et puis des anecdotes. L’histoire de l’âne de sa voisine blanchisseuse qui était tombé amoureux de la jument d’une autre blanchisseuse et qui voulait la suivre partout, dans sa tournée. Ce qui fait que la maîtresse de l’âne n’a jamais pu faire sa tournée à elle.
L’histoire du blanchisseur qui s’arrêtait à chaque fois boire un café dans un bistrot en allant faire sa tournée, et un jour qu’il a été remplacé par sa femme, le cheval l’a conduite jusqu’au bistrot et refusait de repartir. Et la pauvre femme qui ne comprenait pas. Et les habitués du bistrots qui sont venus lui expliquer : Y’ a qu’à attendre, après le café, il repartira. L’histoire de la jument Coquette qui avait mangé les fleurs et cassé les pots pendant qu’elle livrait son linge. Et la fois où cette même jument avait volé une banane à une marchande des quatre saisons, et puis l’avait épluchée et mangée.
Et l’autre jument, Cocotte, qui est partie à la guerre. Quand Mme Bernadas nous a dit cette histoire-là, on a eu le cœur serré. Un soldat est venu la chercher. Moi et ma sœur on pleurait. Et cocotte se retournait et nous regardait comme si elle demandait « je pars et vous ne me retenez pas ? ». Et puis cocotte est morte à la guerre.
Après, il a fallu se débrouiller. Il y a eu des voitures et des camions, des gens qui aidaient les dernières blanchisseuses qui tenaient encore le coup. Et puis en 75, Mme Bernadas a arrêté complètement, pour partir travailler à la clinique, jusqu’à la retraite. A la retraite, elle a voyagé, avec une amicale de Saint Médard où il y avait beaucoup d’anciennes blanchisseuses : les Baléares, l’Italie, l’Espagne, la Bulgarie, la Yougoslavie, l’Angleterre, l’Irlande, et tout.

hunger à la cantine

On est allé au cinéma du Carré des Jalles avant hier soir. On a vu Hunger qui retrace le parcours des soldats de l’IRA enfermés dans les prisons anglaises au début des années 80. C’est précisément l’histoire de Boby Sands qui a mené une grève de la faim jusqu’au bout. Jusqu’à y laisser sa vie ainsi que plusieurs de ses camarades pour qu’on leur reconnaisse le statut de prisonnier politique. Le film est fascinant et terrifiant. Un film qu’on ne peut jamais oublier. Il a déclenché une discussion vive dans le groupe des veilleurs. On a dit que c’est trop violent et qu’il faudrait qu’on nous donne plus d’éléments politiques de compréhension de l’histoire pour comprendre pourquoi ça a été si violent et pourquoi  les irlandais de l’IRA n’avaient plus d’autre choix que la grève de la faim définitive. On a dit aussi d’un autre côté que le film dans sa forme et dans ce qu’il raconte est une métaphore sublime de la complexité humaine et qu’il ne faut pas le réduire à l’histoire de l’Irlande du nord. On a discuté de tout ça à la cantine municipale de St Médard qui devient jour après jour l’endroit des débats et des échanges esthétiques et politiques.

jeudi matin de la première semaine de Veillée à St Médard en Jalles

Véronique Thomas est directrice de l’école de danse. Ce matin Flora et Jérémie parcourent les rues de St Médard. Didier et Martine ont vu Véronique Thomas qui dirige l’école de danse de St Médard et la directrice de l’école de musique. Cet après midi, c’est l’arrivée des danseuses, Mathilde, Dorothée et Camille. Clarisse qui chante nous rejoint ce soir. Cet après midi on joue serré comme on dit puisqu’à 14h on est au loto des Dynamic’s seniors et à la maternelle village expo avec les danseuses, rue Théophile Gauthier. Ensuite on enchaîne trois ou quatre interviews-entretiens avant d’aller au stade pour l’entrainement de rugby, et au country danse en début de soirée. Hier on a raté Côté Pain, un des célèbres commerçants de la ville devant le collège François Mauriac. On passe ce soir de la salle polyvalente Corbiac à la salle Jacques Brel où sont exposés toutes les coupes remportées par le Réveil Gajacais au cours de ses sorties lors des différents carnavals de la région et d’ailleurs. Jérémie a prévu des interventions dans la nuit avec les danseuses et Clarisse.

Josette et Josette

En porte à porte, on a rencontré Josette et Josette. D’abord la première Josette, 81 ans, qui bêchait son jardin et donnait des directives pour la taille des fruitiers. Elle a dit Bon ! alors !qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? et puis elle a posé pour un portrait sur le pas de sa porte. Elle a raconté ensuite que ses parents étaient maraîchers à Gajac, et son mari était menuisier. Elle a dit qu’il y avait autrefois beaucoup de maraîchers, et puis des blanchisseuses. A Gajac, ça s’est beaucoup construit. Les champs se sont transformés en maisons. Elle dit encore mon village pour parler de ce qui est devenu un quartier de Saint Médard.
Elle a dit je vais vous emmener chez Josette. Elle a des moutons. Il n’y a pas si longtemps, elle avait encore des vaches.
On traverse quelques rues – ici c’était une blanchisseuse, ici, vous voyez, ils ont construit si près de la maison du voisin qu’il vont avoir du mal à faire les enduits, ici c’était le jardin de mon père – et puis on arrive chez la seconde Josette, qui accepte de poser devant sa porte. On visite le terrain, on rencontre les trois moutons et la quinzaine de poules. Un vrai coin de calme et de campagne dans la ville. Josette et Josette nous montrent leur bancs, où elles s’assoient au calme et au soleil. Elles disent On se met là, sur notre banc, et c’est le paradis, c’est Nice !