fin d' après midi, mercredi

Anne Laure, Didier et Renaud ont rencontré Mr Huc et Mr Dumont à la cafétéria du Carré des Jalles. Pour parler du rugby. Mr Dumont est originaire de Gajac. Tout petit il allait sur un terrain qui servait de pacage. Il fallait enlever les bouses avant de jouer. Ils font partie de l’asso des anciens joueurs. Quand l’un d’entre eux est malade, ils vont le soutenir. Le rugby c’est l’amitié, le groupe. Tout seul sur un terrain on est rien, dans la vie c’ est pareil. Mr Huc a passé dix ans au Gabon. Ingénieur agricole. Les joueurs de rugby de St Médard, on les appelle les poudriers.Il n’y pas de féminine dans le club de Gajac.

les métiers

On a rencontré Mme Garcia qui s’occupe du patrimoine à St Médard. On a appris plein de choses sur l’histoire de St Médard en Jalles. Sur les anciens métiers exposés au musée municipal du patrimoine qu’on ira visiter dans les jours à venir. Les visites sont organisées sur rendez vous auprès de l’association du patrimoine. Les blanchisseuses, les vignerons, les résiniers  qui recueillaient la résine des arbres, les bergers (sur échasses), les agriculteurs, les poudriers composaient la majeure partie des habitants de St Médard. On faisait du vin à St Médard. Des crus bourgeois nous dit Mme Garcia. On a demandé ce que c’est qu’un cru bourgeois. C’est un vin intermédiaire, entre le vin de table et le vin distingué. Les blanchisseuses lavaient le linge des bordelais.  Mme Garcia nous a offert un petit livre sur les blanchisseuses de St Médard. Le lundi matin, sur la route empierrée de St Médard en Jalles à Bordeaux, dès l’aube s’étirait une interminable procession de charrettes de linge… Souvent travaillant individuellement, les blanchisseuses ne souscrivaient à aucune assurance et n’adhéraient à aucun syndicat pouvant les conseiller ou les aider. Lors d’un litige elles n’avaient aucune chance d’obtenir réparation du préjudice commis… On doit rencontrer dans quelques jours Simone Bernardas qui était blanchisseuse à St Médard.

le caviste

Quand ces messieurs arrivent, armés le plus souvent de poches en plastique ou de bouteilles d’eau minérale à 1,5l, parfois équipés  de cubis vieillissants, Thierry le caviste n’a pas besoin d’entendre la moindre requête de ses clients entrants. Il les connaît par cœur. On ne lui fait pas le coup de « Monsieur je voudrais » à Thierry ! Vingt-deux ans qu’il officie sous les robinetteries vaillantes de son vin livré en vrac. Lors de notre entrevue avec le caviste, pas une fois nous n’avons entendu le chaland posé sa doléance comme n’importe quel quidam le ferait en pareille circonstance. Thierry sait ce que son client veut ! Et c’est toujours la même chose. 1 litre de Merlot à 1,95€   pour Monsieur Roger, un cubi de 3 litres de Rosé pour Joseph, deux litres de VDT à 1,45€  à Simon l’ex Monsieur Entretien de la CAPE. Pendant notre entrevue qui a duré 50 minutes, une bonne dizaine de voitures se sont garées sur les passages cloutés devant la cave de Thierry… Ce dernier s’est arraché à son tabouret et à notre caméra pour distiller ses ordonnances sans préavis. Chapeau !

mercredi matin de la première semaine de Veillée de St Médard en Jalles

On est allé ce matin au centre de loisirs de l’école Montaigne pour faire des portraits vidéo des enfants. Martine a rencontré une dame qui milite à l’amicale laïque dans le quartier de Gajac. Didier et Flora ont rencontré une personne d’un syndicat de propriétaires, au Carré des Jalles. Jérémie et Flora sont repartis faire du porte à porte dans le centre ville pour les pas de portes. Didier fait le tour de cafés pour demander aux gens s’ils vont souvent au Carré des Jalles. Flora profite du porte à porte de Jérémie pour demander aux gens de lui montrer un objet qui représente leur culture, qui est important pour eux. Ce midi on retourne à la cantine municipale. On y distribuera nos tracts et nos invitations. Pour que les gens sachent ce qu’on fait à St Médard. Qu’à l’initiative du Carré des Jalles, avec la compagnie de Renaud Cojo, on réalise des interventions artistiques dans la ville. Pour faire avec les habitants de St Médard un portrait en creux de St Médard. Un prolongement de l’exposition qui a lieu au Carré des Jalles, face à face.

Asco

L’association Asco est un centre de loisir amené à devenir, sans doute très bientôt, un centre social. On a été reçu par une animatrice qui nous a parlé de l’engagement de l’Asco : construire des projets AVEC les jeunes, pas POUR eux, ne pas être seulement un lieu de consommation de loisir, ne pas donner du prêt-à-consommer, mais s’engager ensemble. Mener des actions citoyennes, solidaires.
L’Asco revendique l’héritage des mouvements d’éducation populaire et attend avec impatience l’agrément qui leur donnera les moyens d’élargir leurs actions, de s’adresser non seulement aux jeunes mais aussi à toute la population de l’ouest saint médardais.
L’animatrice nous dit : Si la CAF étudie la possibilité que nous devenions Centre Social, c’est parce que les chiffres ne mentent pas. Il y a de plus en plus de pauvreté, même si, en apparence, Saint Médard garde son image de ville aisée. Ici, la pauvreté ne se montre pas. Ici, beaucoup de travail nous attend.

A l'horizontale

Regarder à terre, à l’horizontale, le faire lentement. Arpenter la ville à pied, toute la journée, comme une personne qui a pour seul moyen de transport son corps, qui est aussi son seul moyen de compréhension, son seul moyen de vie. Le corps? Non, la personne. La centralité de la personne, point de départ de toute considération, qu’elle soit esthétique, architecturale, urbanistique, spectaculaire. Issac, hôtel de la Bruyère jusqu’au Carré des Jalles à pied pour prendre le pouls, humer la ville au matin d’une journée déjà avancée. Demander sa route à des ouvriers sur le chemin qui n’en ont aucune idée. Éprouver la ville par nos nombreux allers retours. S’éprouver soi même dans cette quête de l’impossible St médardais. Revenir au plus simple. Revenir à la conversation. Quoiqu’il arrive prendre le temps de la conversation. Entrer et sortir du Carré des Jalles à toute heure du jour et de la nuit. Glaner à chaque fois des paroles, des citations, des sensations, des impressions, des sentiments, des odeurs… C’est agréable qu’on soit là, à St Médard.

A cause de la crise (?)

On mange à la cantine municipale le midi. Pendant le repas, on a parlé de la crise. On s’est dit que c’était encore un nouveau moyen d’asservir les gens. Que la crise est un prétexte terrible pour les licenciements. La voisine d’une amie de Flora vient de perdre son travail. A cause de la crise disent ses patrons. Son travail dans une entreprise qui fait sans aucun doute un chiffre d’affaires énorme. On se dit que le pouvoir n’est certainement pas dans l’achat. Qu’avoir un pouvoir sur sa propre vie, ce n’est pas la consommation. Que c’est de la poudre aux yeux. On voit des acquis sociaux piétinés et le pouvoir d’achat ne les remplacera jamais : une éducation de qualité, une culture accessible à tous, des services publics solides.
On s’est dit qu’il fallait s’engager, vraiment, parce qu’on se prépare des lendemains qui déchantent. Et que c’est les plus pauvres qui vont trinquer. Cette crise, c’est la preuve que le système capitaliste est brutal et profondément injuste. Etre ensemble pour inventer de nouvelles manières de vivre et d’agir plus solidaires, plus égalitaires. Libertaires.