Salsa connection !

Cet après-midi, on a rencontré une dame qui nous a dit: « si le quartier était une musique, ce serait la salsa ! », danse qu’elle adore et pratique avec ardeur. Or, il se trouve que dans notre vaillante équipe on avait un colombien originaire de Cali, la « capitale mondiale de… la salsa » !

Les grands esprits se rencontrent dans les cages d’escalier du quartier Bossons….

Extraits tirés du livre « Ma mère est née la bas. mon père est né la bas. moi je suis né ici… » crée l’année passée par le centre de quartier Bossons-Plaines du loup en collaboration avec Daniela Hersch et concernant de jeunes lausannois qui parlent de leurs pays d’origine.

« Ici je vous présente la différence entre la Suisse et la Bosnie. En Bosnie il y a la guerre, et en Suisse, il n’y a pas la guerre. C’est le respect qu’il y a en Suisse. En Suisse, j’aime beaucoup la fondue, le fromage et le chocolat. Ce qui me plait en Bosnie, c’est le pont de Mostar. C’est un endroit où il y a beaucoup de touristes. Je n’aime pas le pont Bessières en Suisse parce qu’il y a plein de gens qui s’y suicident, et j’aime le pont de Mostar parce qu’il est beaucoup visité. En Suisse il y a beaucoup d’argent, en Bosnie il n’y a pas beaucoup d’argent parce qu’on avait la guerre… » I. 11 ans
« J’ai l’impression que tout est un peu plus libre qu’en Suisse. Si on se fait arrêter par la police parce qu’on est en moto, on leur paie un café et ils nous laissent partir… » I. 11ans
« Lorsque je dis «famille» en Suisse, ce sont mes sœurs, mon frère, mes parents, mes cousins et mes tantes, alors que dans mon pays d’origine, c’est tout le monde. » I. 11 ans
« Mes parents me punissent ici, alors que là-bas, ma famille ne me punit jamais. J’ai beaucoup plus de liberté là-bas, je peux par exemple conduire des tracteurs ou des motos et sortir plus longtemps le soir. » A. 14 ans
« Il n’y a pas de centre de loisirs dans le village, mais les jeunes savent s’occuper tout seul. Je trouve qu’ils sont beaucoup plus créatifs que les jeunes d’ici. Ils inventent des jeux à partir de choses très simples. Même avec des simples bâtons, ils construisent des maisons ou fabriquent des épées. Ici, on ne peut pas jouer de la même manière. Si on joue aux épées et on touche un camarade, ses parents vont porter plainte. » K. 12 ans
« Nous habitons le même quartier depuis notre arrivée à Lausanne et je vois encore les mêmes personnes que j’ai connues au début. Je ne choisis pas mes amis selon leur nationalité. » A. 14 ans
« En Suisse ce n’est pas pareil. Les gens d’une même famille habitent loin les uns des autres. Donc, ils ne se voient pas tout le temps. » D. 13 ans
« Deda Perra était joueur professionnel de foot. Il a joué avec le FK Etoile Rouge de Belgrade et a gagné la ligue des champions. » S. 12 ans
« Je trouve que là-bas les gens sont beaucoup plus chaleureux et qu’ils expriment davantage leurs sentiments. Le contact est plus direct, que ce soit avec la famille ou en dehors. J’ai l’impression que tout le monde est proche, alors qu’en Suisse les gens sont beaucoup plus réservés. » R. 18 ans
« J’aime bien l’idée d’écrire un livre sur nous, sur notre famille, nos origines et nos pays. Les histoires des gens d’ici et d’ailleurs m’intéressent. Je suis venu à ce projet car j’aimerais savoir comment se passe le quotidien des autres. » D. 15 ans
En perspective, « Ma mère est née la bas, mon père est née la bas, moi je suis née ici… » s’alimente de la conviction que le rapport intense avec ses propres origines est une des conditions essentielles pour une société (d’acceuil) riche et dynamique.
De manière plus opérationnelle, le projet veut stimuler la réflexion et la confrontation entre jeunes sur les perceptions qu’ils nourrissent de leurs pays d’origine, sur leurs sentiments d’appartenance, sur leur «suissitude».

sur les chemins du quartier

Ce matin on est partis à la rencontre des gens directement dans le jardin, dans la rue, un peu partout ! Il y a eu un monsieur italien qui promenait son chien, il a parlé de la région du Piémont dont il est originaire et de ses bons vins et on a parlé aussi à son ami qui rêve du sud. Puis trois messieurs en pause qui nous ont parlé des « mille façons de cuisiner la morue au Portugal », et aussi de Nazare, une petite ville au Portugal où on trouve les vagues les plus hautes du monde, spot idéal pour le surf. On a aussi rencontré un ferroviphile (passionné de train) qui avait joué dans une série policière « Une femme d’honneur », avec Corinne Touzé nous dit-il très fier.
Ensuite, on a fait la connaissance d’une équipe d’apprentis coiffeurs à l’Académie de coiffure. On a discuté un moment, et ensuite ils nous ont coupé les cheveux, pour poursuivre la rencontre… différemment !

Le terrain et la réflexion

Départ à 10h50 de la Manuf’, le GPS indique des détours jusqu’à Bosson.
Il y a cinquante sentiers pour aller dans la rue Bosson.
La campagne puis une étendue immense de stades de foot, des enfants qui
jouent comme des footballeurs professionnels, un quartier aussi vert que
gris, un barbecue, un terrain de boule, une table de ping-pong, une
cabane de bois, au milieu des barres d’immeubles. L’envie de faire de ce
rectangle vert notre lieu de vie.
Se retrouver tous autour d’une table, au centre de quartier, comme une
conférence de rédaction.
Silvana, Bernard, Hélène, Arlsina, club de gym, Scrabble, exposition
autour du quartier, on découvre un monde.
Comment mélanger ce monde et notre monde sans nous imposer et sans
imposer notre première impression (superficielle ?) du quartier ?
On visite le quartier avec Bernard, animateur adolescents, depuis un
mois. On lui pose des questions, il essaye de nous répondre.
On le film, on essaye de le mettre à l’aise, de se mettre à l’aise.
Bernard nous parle du quartier, en haut des terrains de foot les
immeubles, en bas des terrains de foot des pavillons.
Dans les ateliers que Bernard propose : plus d’adolescents du quartier
haut que du quartier bas, plus de garçons que de filles.
On remonte vers la cabane. On découvre les magasins environnants :
Denner, une boulangerie, la Brasserie des Sauges, on mange des sandwichs
triangle, avant de répéter les chansons.
Nous en avons trois à chanter l’après-midi. On se demande si la chanson
de gospel ne fait pas trop évangéliste et si on agresse pas trop en
chantant à seize devant trois mamans.
On fait peut-être un peu peur, peut-être un peu trop groupe… Quand
même un échange assez intéressant avec les trois mamans qui nous ont
écouté chanter, même si elles refusent de se faire filmer. Sensation ou
même certitude, qu’il faut se débarrasser de nos réflexes de bons élèves
Manufacturiens.
On tente ensuite d’aller chanter au centre commercial Denner, plus
discrètement, être moins envahissant. Seulement quatre personnes
chantent et les autres distribuent des tracts et expliquent la démarche
aux personnes présentes dans le centre commercial. Et là ça marche
mieux, une grand-mère ne s’arrête plus de parler, une brésilienne
accepte de dire une citation à la caméra.
Encore une conversation dans un bric-à-brac.
Tout le monde se retrouve à la cabane. Premier debriefing de groupe,
silences et paroles.

Dans les cages d’escalier

Aujourd’hui on est allé à la rencontre des gens qui habitent dans les immeubles du chemin des bossons, juste à côté de La Cabane. Difficile d’entrer dans les cages d’escalier, car à cause d’un récent cambriolage, la gérance ne souhaite plus que les habitants ouvrent aux inconnus.

Heureusement, ça ne nous a pas empêchés de rencontrer du monde : la « Maman du quartier » qui garde précieusement chez elle des cailloux et fossiles ramassés de par le monde entier; un collectionneur passionné de bouteilles et autres objets Coca-cola (une multitude d’objets à vrai dire !); un pêcheur hors pair ; Désirée Modeste Petit, amateur de théâtre qui nous a récité la belle « Tirade des nez » de Cyrano; et on en passe et des meilleures.


Une belle après-midi en somme, passée dans les cages d’escaliers des n°33-41 du chemin des Bossons !


Une immersion Scrabbleur

Lundi soir. Après une halte de fin d’après-midi à la brasserie, nous nous rendons de nouveau à la cabane pour rencontrer les adhérents du club de Scrabble. Un club qui occupe une place importante dans le Centre du quartier, et pour cause, le club possède de véritables champions dans leurs rangs (deux champions du monde individuel entre autre), « peut-être, un club unique au monde », nous confie un des scrabbleur du club. Sylviane, la première présidente du club, nous confie à ce propos un document contenant les dates importantes du club ainsi que le palmarès complet et fournis des adhérents, déroule une affiche, expose les trophées du club. Une belle aventure. Après un premier contact avec chacun des scrabbleurs présents, place aux hostilités. Nous assistons à une partie de scrabble ultimate, le mode de jeu en vigueur dans les compétitions internationales. Épaulé par Kévin, un des champions du club (actuellement sur les antennes de france 2 dans l’émission Motus et de RTS 1 dans Télé la Question), qui nous explique les particularités des règles, nous sommes littéralement bluffés et happés par le niveau et la concentration des joueurs. « Dernier coup en blitz, il nous reste l’Egypte deux fois, la Jordanie une fois ainsi que l’Algérie une fois », le scrabble, c’est tout un vocabulaire. « Le scrabble avec les champions, c’est une sacrée leçon d’humilité » relève Sylviane en référence au niveau impressionnant des champions de leur club. Effectivement, alors que les joueurs craignaient notre ennui durant la partie, nous n’avons pas décrochés une seule seconde, voyant dans la concentration des joueurs une similitude avec la présence que l’on demande aux acteurs. Les parties se terminent. Ici, bonne ambiance et fair-play à l’annonce des résultats. Cette même atmosphère dont les joueurs nous ont parlé durant toute la soirée qui leur donne envie de continuer à jouer et de se retrouver chaque semaine dans cette bonne vieille cabane du quartier.