on fait quoi? -carnets de route-

Beaucoup de questions qui se posent. Deuxième jour de répétitions pour Les Atomics Phase 1. Pas eu le temps vraiment de revenir sur les deux jours passés avec Le Pavé. C’est vrai qu’on n’est plus pareil après ça. On doute de tout. Bien sûr on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé. Pour le Pavé l’art comme il existe et comme il est fabriqué ces trente ou quarante dernières année est parfaitement inutile, inefficace voire  même il est le véhicule de l’idéologie des dominants et des puissants de l’enfer capitaliste. Alors on fait quoi? Cela dit, à bien y réfléchir, au titre des doutes et des certitudes, on peut sérieusement se questionner tout de même. Qu’est ce qui nous a pris d’emprunter cette voie? Comment faire autre chose? Quand on vient du monde ouvrier, à ne penser qu’à ça, on est au delà du doute. Maintenant.  Dans la certitude de ce qui vient après le doute. On se sent ridicule. Mais on s’est engagé. Alors on va le faire. Comme on peut. Aussi bien que possible. Mais qui c’est qui a dit qu’on fait de l’art. Je me souviens qu’un responsable de théâtre disait, est ce que le travail de Hvdz fait oeuvre? Bien sûr que non. Et c’est vraiment pas de ça dont il s’agit. Encore moins maintenant… Mais on s’est engagé. On est des capables.

deux adages-carnets de route-

On s’est retrouvé hier dans les petits studios de la Fabrique du 11/19. Howard a commencé le travail sur les danses. En particulier, un adage. On pratique dans les Veillées l’adage créé pour les Sublimes, il y a huit ans. Donc hier on assisté aux premiers pas d’un nouvel adage. On a relu tous ensemble les textes en début d’après midi. On va reprendre la semaine prochaine les anecdotes de Veillées. On passera du temps à se raconter des petites histoires. Des moments vécus par les uns ou les autres sur les Veillées; ça nous a bien chamboulés le stage avec le Pavé. Hier on était tous un peu groggy. On va se raconter des anecdotes pour écrire des nouvelles scènes pour le spectacle. Hier après midi on a enregistré nos textes sur des des mini disc (ces appareils des années 90 dont nous n’avons pas encore vraiment saisi le mode d’emploi et qui sont hors d’âge) pour les avoir à l’oreille et les dire plus vite. C’est un essai. Un de plus. On évite de racheter du matériel neuf trop vite. On est nombreux. Le budget est très serré. On a déjà beaucoup de chance. On a les moyens d’être là. C’est déjà bien.  Mais on ne peut pas jeter l’argent par la fenêtre. On a repris l’adage du Pavé répété plusieurs fois par F. Lepage, la contrainte crée la liberté. On est dans la salle deux de la Fabrique. Au 11/19 à Loos en Gohelle. Hier soir on était complètement éreinté. Quelques uns. On se dit qu’on va travailler raisonnablement pour éviter la surdose. On travaille dans un petit lieu. On est nombreux. Faut qu’on arrête vers cinq heures, le soir.  Frantz et Sandrine sont partis en début d’après midi. Après que Frantz nous ait donné toutes les consignes techniques indispensables pour bien travailler. Ils sont partis après le repas. On a mangé des moules et de pommes de terre. Et des petits pains de la veille. Préparés pour la soirée Slam de vendredi. Il en restait beaucoup.

doutes et certitudes -carnets de route-

Ouh on a morflé pendant deux jours. Très intéressant mais on a morflé. On est revenu sur le sens qu’on donnait à notre engagement dans les Veillées. Le Pavé doute enfin ne croit pas à la possibilité qu’on puisse revendiquer de faire de la politique de l’art ou de l’art de la politique. Faire de la politique, c’est travailler à la transformation sociale. Pour dire, ils disent l’art contemporain, c’est l’humour des riches. On est secoué par ces deux jours de formation aux conférences gesticulées. Comment vous osez aller voir les gens pour parler de la condition ouvrière si vous ne savez pas où vous en êtes politiquement? On s’est dit qu’on allait mettre en place régulièrement des temps de formation, d’information politique pour qu’on soit un peu plus au courant, en termes de regards politiques sur le monde. Et qu’on puisse davantage développer nos discours. Bien sûr pour ceux de la compagnie qui le voudraient bien. On a vu leur conférence gesticulée jeudi soir. C’est pourtant un travail artistique, une pièce de théâtre formidable. Une mise en scène de 3h45 sans qu’on s’y ennuie une minute avec des très bons acteurs. On ressort de là grandi et intelligent. Pour le Pavé il ne s’agit pourtant pas de théâtre mais de conférence gesticulée. Tout est dans les mots. On a été mis à dure épreuve. On a fini hier après midi en racontant des anecdotes de terrain sur les veillées pour mettre en place notre propre conférence gesticulée qui s’appellerait les Imposteurs ou Incultures 11/19. C’était très émouvant. Aujourd’hui on commence les répétitions des Atomics…

c'est parti-carnets de route-

Voilà, c’est parti! Et hier soir on a vu la conférence gesticulée de Franck Le page et Gaël Tanguy sur le travail, les droits des salariés, décortiquer une fiche de paye, les syndicats, le faux problème des retraites puisque la retraite par répartition marche très bien, elle est de plus réellement solidaire et dans tous les cas de figure on doit absolument la préserver et ne rien céder aux fonds de pension qui participe du système d’appauvrissement des plus humbles et de l’enrichissement  des spéculateurs boursiers dans un système capitaliste avide de toujours plus d’inégalités et de cynisme. Et il n’y a aucune raison de changer quoique ce soit ou plutôt on peut considérer bien sûr que l’on pourrait donner beaucoup plus aux gens, aux retraités et imaginer un salaire jeune… Si les richesses profitaient à tout le monde. Puisque si on se dit qu’il y a d’une part, le travail libre (quand on bosse pour soi) et d’autre part, le travail subordonné (quand on bosse pour la collectivité), on peut considérer qu’ on bosse tout le temps puisqu’on vit.  De plus la conférence spectacle est très drôle! Aujourd’hui on va travailler avec eux, Franck et Gaël sur l’idée de monter une conférence à partir de notre travail sur les veillées. Thomas et Didier A. qui ne sont pas de la compagnie vont réfléchir à une conférence à partir de leurs propres pratiques.

9h30 à la base -carnets de route-

Aujourd’hui le Pavé. Deux jours de formation à l’éducation populaire avant d’attaquer la phase 1 des Atomics, les répétitions. On a rendez vous à 9h30 à la Base. Il est 7h32, les lillois doivent être sur la route. Au vu des conditions de circulation ils auront préféré partir plus tôt. La formation dure deux jours. Il ne s’agit pas d’en rater une miette. On va reparler de Paulo Freire, Alinski, Niconor Perlas… Et puis on va passer à la pratique. On est impatient de savoir. D’apprendre. Comment faire une conférence gesticulée. Comprendre et se l’approprier. Pour former de nouvelles équipes  pour multiplier nos interventions sur le territoire. Ce soir on assistera à leur conférence sur le travail, travailler moins pour gagner plus. Hier on a regardé avec Howard la vidéo du dernier laboratoire qu’on a fait sur le Atomics.  En décembre l’année dernière. Howard a plein d’idées de nouvelles danses. On a revu dans le détail chaque moment de la vidéo en imaginant comment on pouvait repartir de ce qui existe déjà. L’année dernière on avait présenté une heure dix de spectacle au bout des quinze jours de travail. En avril on avait repris ce travail là quelques jours. En avril on s’était concentré sur la possibilité du body art… Le rapport au Louvre et tout… L’univers des Atomics est différent de Base 11/19 et des Sublimes. On a raconte une histoire. L’histoire d’une troupe de théâtre, cique danse, vidéo qui fait des Veillées. Par le cirque, la danse, la vidéo, le théâtre. En citant ceux qui font, portent, aident, soutiennent. Les habitants rencontrés  dans les villes populaires et Alinski, Toni Négri, Ernest Maucomba, Agnes Varda. Comme dans Stanley Cavell, un ton pour la philosophie.

Curie, Jaurès, Darras -carnets de route-

Le stage avec Le Pavé démarre demain. Dans deux jours on sait tout des conférences gesticulées et tout le monde va pouvoir s’en emparer et intervenir où ça nous chante. Une corde de plus à notre arc. On a prévu de mettre sur pied des interventions de ce type au cours des Atomics. Avant la représentation. Où pourquoi pas, ce pourrait être une autre façon d’intervenir dans les écoles. Une façon possible de renouer avec notre cher collège Curie avec lequel on a beaucoup travaillé ces dernières années. A chaque fois (des dizaines de fois) qu’on a souhaité intervenir à Curie, on y a été accueilli à bras ouvert. Curie nous manque et Jaurès aussi. Au bout de la rue de Lens. Et Henri Darras, à l’autre bout de Liévin. Béhal nous manque déjà. On n’est jamais allé à Descartes. On avait mangé à Jean Moulin à Barlin quand on avait fait la Veillée de la Cité 5. A Jean Jaurès, il paraît que le directeur a changé. Inventer des petites formes d’intervention pour être plus mobile dans le quartier et ailleurs. On compte beaucoup sur cette formation. Pour accentuer, approfondir notre implantation.

Et dès samedi c’est parti pour les Atomics. On va travailler deux semaines, deux fois six jours. Au delà, ça n’est pas légal. On voit Howard aujourd’hui pour qu’il se rende compte de l’espace dans lequel on va travailler et parler du spectacle et des danses en particulier. Avec Franz qui a mille idées de scénographie et de lumière. Les matinées de répétition seront consacrées à la danse d’un côté et de l’autre le travail sur les images et les textes. Et l’après midi à l’écriture (physique) au plateau tous ensemble. Sandrine part en Norvège dans dix jours pour des Veillées en Pologne, en Norvège et en Espagne.

cat power-carnets de route-

Le mardi c’était jour de marché à Ferfay. Toujours en autobus. Comme pour aller à la mer l’été. Ma mère prenait le bus pour aller au marché. Je me souviens d’un marchand de vaisselle qui cassait la vaisselle qu’il n’arrivait pas à vendre. Un bus qui ne passait que le mardi pour emmener les gens au marché à Auchel. Pour aller au lycée on prenait un autre autobus tous les matins à la cité 3 de Ferfay. Tous les matins vers sept heures dix. En travaillant avec Hamid Ben Mahi, je me souviens d’une résidence, d’une ville près d’Angoulême, Rouillac et d’un énorme marché agricole avec des canards jaunes qui ressemblaient à des dizaines de Saturnin, notre ami Saturnin. Hamid répétait Sequel. C’était le début d’une longue collaboration avec Hamid. On logeait dans un gîte avec toute la compagnie Hors Série. Il y avait Guillaume  et Yasmin qu’on a revu à Nantes pour la Veillée au T.U. On reprenait le bus le soir à la sortie du lycée après une demie heure de permanence en salle 36. On passait par Ferfay centre avant d’arriver à la cité 3. Quand on a fait la Veillée à Hazebrouck (on a croisé Gregory Vandaele qui dirige le centre culturel Malraux à Hazebrouck, la semaine dernière quand on est allé voir Ta Zoa à la Fabrique), on était allé au lycée des Flandres et on avait diffusé des images filmées dans le lycée sur le mur du lycée  à l’heure où les lycéens attendent le bus pour rentrer chez eux. En grand sur la façade de l’administration. Sur de la musique. Cat Power, Greatest Hits (c’est vraiment comme ça que s’appelle le morceau). A la tombée de la nuit. Le moment était magique. Des images et des portraits des lycéens, des salariés de l’établissement. On est resté jusqu’à ce que tous les bus aient emmené tout le monde…

Aujourd’hui on commence la technique, la mise en place technique des Atomics dans la salle deux de la Frabique.  On aura besoin d’une seconde salle pour répéter les temps de chorégraphie avec Howard qui arrive ce soir.

compagnie idéale-carnets de route-

La compagnie idéale. On ne sait pas bien encore où on en est. On va relancer la discussion cette semaine puisqu’on va voir les gens du Pavé et que c’est avec eux qu’on s’était posé la question de la société idéale. Faudrait qu’on revienne là dessus aussi. On fait plein de choses comme des livres qu’on ouvre et ça s’empile sur une table et on ne sait pas si on les finira un jour. Mais c’est pas faute de vouloir, c’est sans doute une question de méthode. L’hiver est en avance cet hiver. Encore l’hiver. Encore un hiver. Mais ça a du charme. Quand il fait très froid c’est dur de bien chauffer la Fabrique. Dès mercredi on va passer une bonne partie du mois de décembre à la Fabrique. Howard arrive demain de Montréal. D’abord pour participer au stage avec le Pavé et puis dès samedi on reprend le travail sur les Atomics. On ne sort pas beaucoup sur le quartier du 11/19 ces derniers temps. Il faut absolument qu’on fasse ce journal qu’on avait dit qu’on ferait. On a bien distribué un questionnaire il y a quelques semaines sur la politique, la réforme des retraites.  Un questionnaire qu’on garde pour soi, pour discuter avec les autres (Les amis, la famille, les collègues, les camarades). Un questionnaire qu’on ne rend pas. On a fait un peu de porte à porte mais on n’y est jamais allé si peu depuis des années. Bien sûr on était au lycée Béhal il y a quinze jours mais quand même… Le journal, on pourrait penser que dès qu’on le met en route une première une fois, il ressorte tous les deux mois… Et bien sûr on le distribue nous même en porte à porte dans le quartier. L’idée pour ce premier numéro, c’est de reprendre des photos et des textes du blog, des précédentes veillées sur le quartier… Et il y a le groupe de paroles au Centre Pignon. On aimait tant participer à l’atelier qui fait la cuisine le mercredi après midi. On les a  tant sollicités. Pour nous le problème qui se pose aussi, c’est qu’on n’ habite pas là. Du coup on est loin de la vraie vie du quartier.

le pavé-carnets de route-

Quand on était petit, on allait à la mer à Berck ou à Merlimont. Ou a Malo. Malo, aujourd’hui, c’est devenu un quartier de Dunkerque. Depuis un moment déjà. C’est très agréable d’arriver à Dunkerque à pied en venant de Bergues. Suivre le canal bordé d’arbres qui protègent du vent. Il y a le chemin, le canal, la route et la voie ferrée. On a arrive par Coudekerque Branche. On va faire une Veillée à Coudekerque Branche ou un Portrait avec le théâtre de Dunkerque. Quand on est allé à Boulogne de Bruay La Buissière, à pied, on est arrivé à Boulogne par une colline, une colline haute comme dans les monts du boulonnais et on a vu apparaître la mer d’un seul coup. A la hauteur du centre commercial. Après le Mac Donald. Il faisait de l’orage. On s’était changé sous un abri bus. Tellement on était trempé. De pluie et de sueur. Avec ce qu’il restait de sec dans le sac. Quand on était petit, on allait à la mer en bus. C’était une expédition. Tout le village partait pour la journée à la mer. Tout le coron. On a souvent pensé qu’on aurait pu faire un autre métier que celui qu’on fait. Parce qu’on se dit que c’est important d’être reconnu dans sa famille. Le métier d’artiste, si ça en est un, dans le monde ouvrier, c’est parfois compliqué de dire ce qu’on fait. Et puis on entend et on voit tout ce qui se dit et se vit dans les entreprises, les techniques modernes de management etc. Le dumping social, la flexi-précarité, les salariés humiliés, mis en concurrence, harcelés, exploités. Faire autre chose parce qu’on veut donner du sens. Servir à quelque chose. Alors on se dit qu’on doit changer pour que la vie  change. Parce que ça n’est pas qu’une question personnelle. C’ est fondamentalement une question de société. A l’heure d’aujourd’hui où les banques font tomber les gouvernements. Faudrait qu’on refasse les porteurs de paroles comme on avait fait avec Le Pavé.

shakespeare-carnets de route-

La Fabrique du 11/19 à Loos en Gohelle existe depuis douze ans puisqu’on y a présenté Quoi? L’éternité pour l’inauguration. On avait répété Quoi? L’éternité au Prato et au Théâtre Arc en Ciel à Liévin. On avait installé nos bureaux chez notre ancienne administratrice. Avant d’intégrer la Fabrique. On a créé Quoi? L’éternité au théâtre Arc en Ciel. Hier soir à la Fabrique avait lieu la dernière de cette première série de représentations de Eva Peron de Copi par Ta Zoa. La semaine prochaine on s’installe dans la salle 2 pour travailler avec Le Pavé. Pour apprendre à faire des conférences gesticulées et on commence le travail sur les Atomics. On reprend le travail sur les Atomics. En même temps que nous, à la Fabrique, vont répéter le groupe des Colporteurs et Amalgamix.

Quand on a joué Quoi? L’Eternité à Aubervilliers, Catherine Dant venait de prendre sa fonction au centre dramatique. Elle nous avait demandé de faire un travail sur le bonheur. On avait commencé par travailler sur Oncle Vania de Tcheckov. Puis on a renoncé. Ensuite on a travaillé en improvisations. On a gardé les improvisations et un texte de Raymond Carver. On avait présenté le travail dans le même décor que Quoi? L’Eternité. Et puis on a eu des problèmes avec les éditions Gallimard parce que Quoi? L’éternité c’est le titre d’un poème de Rimbaud et d’un livre de Marguerite Yourcenar. On a du renoncer à utiliser ce titre là. Marguerite Yourcenar a vécu pendant son enfance dans le Nord, dans les Flandres. Elle raconte tout ça dans Archives du nord. Quand elle était petite son père lui lisait Shakespeare en anglais, tous les soirs. On s’en souvient; ça nous a marqués. On ne s’imagine pas que c’est possible…

Olivier s’est occupé de récupérer des magnétophones et des balladeurs pour qu’on puisse enregistrer nos textes pour les Atomics. Pour faire des tentatives. Que chacun puisse travailler son texte en s’écoutant dire le texte. Pour trouver une musique. Eviter d’être psychologique quand on raconte. On a inventé ça avec Kader sur j’m’excuse…