tnt

Jour de repos avant d’enfiler les cinq prochaines représentations de la semaine. Avec la représentation générale demain soir. On avance. On avance. Il y a encore des longueurs mais on devrait en venir à bout. Bientôt. Hier midi on s’est pris un peu la tête. On est invité à un forum national de la culture organisé par le ministère de la Culture. On dit qu’on doit y aller pour dire ce qu’on fait puisqu’il s’agit de la culture pour tous et de la culture pour chacun. C’ est un des thèmes, le rapport des gens  la culture, à toutes les cultures qu’on aborde au quotidien. Qui est au centre des Atomics. Et des Veillées. Pourquoi on fait ce métier là? De cette façon là?  Comment on en est arrivé là? Quel est le rôle de l’artiste dans son quartier, dans la ville? L’artiste fournit la boîte à outils d’une culture commune. Toutes ces questions sont au coeur de notre projet. C’est notre vie. Alors? Allez! On a toute sa place à ce forum. On en connaît un rayon. On ne pourra pas nous dire n’importe quoi. Ce qu’il faut, c’est dire qu’au TNT à Bordeaux Eric Chevance qui fait le même travail que nous avec les habitants voit ses subsides de l’état amputés de quarante mille euros et qu’au titre de la culture pour chacun on lui redonne vint mille euros. C’est cette incohérence et le manque de moyens qu’il faut mettre en cause. Et participer à la discussion. Dialoguer. Dire ce qu’on fait. Et qu’on a choisi de faire ça parce qu’on veut se questionner sur le monde, avec le peuple pour que la vie aille mieux et qu’on envisage ensemble des sociétés meilleures. A tous les niveaux plus égalitaires. Ne pas y aller, sur un thème comme celui là, ce serait se défiler.

fourmi

Hier il a fallu tout revoir. Très vite. Puisqu’on a fait un filage dans l’après midi. Dans les conditions quasi réelles du spectacle. Jean Pierre, Greg et Frantz ont fait le son et la lumière. On s’est mis d’accord sur les tops de textes, de musique, de lumière et de déplacement. On a revu les danses. On n’a pas chômé de toute la journée. Du boulot par dessus la tête. On a encore dix mille réglages à faire aujourd’hui. Et les costumes? On dit que chacun devait ramener aujourd’hui des habits. Pour essayage. On en est à plus de deux cents réservations. Maggie nous dit tous les jours la progression des réservations. On est donc dans la salle deux. La petite salle deux. On est dix sur scène. Et les techniciens et Howard. On est les uns sur les autres. On se tient chaud. Mais ça demande d’être vigilant. Entre les danseurs, les acrobates, les textes, la vidéo, la technique… Que chacun puisse travailler. C’est une fourmillière. Pas le mulot dans la roue, la fourmillère. Quand on sort de là le soir, c’est un peu comme avoir passé une journée dans une fourmillère. Et une fourmi, c’est bruyant. Et agitée.

1983

Tout le monde est à peu près arrivé. Il y a eu des galères de voiture. RV vient ce matin en train. De Tremblay en France. Hier on s’est vu avec Howard pour organiser le travail des répétitions. Pour aujourd’hui et demain. On fait un filage à 15H30. Delphine faisait hier soir ses adieux à Culture Commune. Elle s’en va travailler à Grenoble. Ce matin on démarre à dix heures. Les techniciens de Culture Commune et Frantz ont transformé la salle deux en une magnifique petite salle de spectacle. Les techniciens sont des magiciens. David le directeur technique disait hier, on la gardera comme ça cette salle, elle resservira, à vous et à d’autres… La Fabrique va tourner à plein dans les semaines à venir. Les Atomics, dans la salle deux et puis des réunions, des colloques, des séminaires… Et la compagnie Amalgamix qui va répéter là et jouer dans les rues de Loos en Gohelle. Et installer son bus spectacle sur la place du 11/19. Les spectacles qu’on crée en rappellent d’autres. On s’est souvenu du premier spectacle du Ballatum Théâtre. Chez Panique sur des textes de Topor. Topor avait fait l’affiche du spectacle. Si on calcule bien, si on y arrive, les neurones pas trop embuées malgré la grippe, c’était en 1983. Et Chez Panique a tourné vingt et un ans. Jusqu’en 2004. Maintenant Delphine s’en va. Et il faut que Les Atomics soient prêts dans trois jours. On répète aujourd’hui et demain. Et dimanche. Delphine aura peut être l’occasion de voir un filage avant de plonger vers les Alpes.

d'une traite

La plupart de l’équipe arrive ce soir. Howard est à Lille depuis quelques jours. Demain on reprend les répétitions des Atomics. On a la chance de jouer dix fois le spectacle à Loos en Gohelle la semaine prochaine et la semaine suivante. On joue dans la salle deux. Salle HVDZ. On commence à remplir petit à petit; ça demande une bonne organisation entre Culture Commune et nous pour bien répartir les spectateurs sur les dix représentations. Mais tout se passe bien. On rappelle tous les habitants qu’on a rencontrés pendant les veillées qu’on a faites tout autour du 11/19. Et au delà. Dans Les Atomics on revient sur tout ce travail d’actions culturelles et d’actions artistiques qu’on mène dans les quartiers depuis des années, dans le bassin minier et dans plein d’autres villes en France et à l’étranger. On a fait plein d’essais, de tentatives. On s’est interviewé les uns, les autres par rapport aux Veillées. On s’est demandé pourquoi on faisait ça comme ça, comment on s’y retrouvait, comment on en était arrivé là. On s’est interviewé comme au théâtre on fait l’interview des personnages. Martine a comparé les Veillées avec ce qu’elle faisait quand elle était au parti communiste et qu’elle vendait Pif en porte à porte avec L’Humanité. On a fait la distribution du Journal du 11/19 Place Lorraine et rue Léon Blum à Loos en Gohelle. Notre journal est bien reçu. On y reprend des textes écrits pendant les Veillées autour du 11/19. On l’a relu hier. D’une traite. On en a mis partout sur la plateforme du 11/19. Et au café, chez Paulo et Sandy. Au café du Chevalement. Et à l’Espace Pignon. Et à l’amicale des médaillés du 11/19.

pour les atomics

Pour les Atomics, on a cherché une série d’anecdotes dans tous les textes qu’on a écrits pendant les Veillées. Faut savoir qu’à chaque Veillée on écrit un journal de bord qui est lu en partie le soir de la représentation de la Veillée. On a retourné tous les textes dans tous les sens pour en extraire des petites histoires au jour le jour de nos rencontres dans les quartiers. On s’est dit forcément qu’on arriverait jamais à tout dire comme quand on est sur une veillée, dans un quartier, on se dit tout le temps qu’on arrivera pas à tout dire. Et on a relu Cacodémon Roi. On s’est souvenu, on a revu Kader qui jouait Richard III à la fabrique en écoutant Patricia Kaas. On a fait plein d’essais sur la disposition des écrans et du mobilier. Les écrans sont disposés différemment. Dans les Veillées on a deux grands écrans en fond de scène. La forme, c’est toujours la même mais c’est à chaque fois différent. Le contenu est complètement différent. Mais il s’agit toujours de culture populaire. Et puis on a regardé Godard, le film Passion et le film, le scénario du film Passion. Et puis on s’est souvenu aussi des textes qu’on avait dits dans le spectacle qu’on avait fait pour la soirée des salariés licenciés à Culture Commune en novembre 2005. On disait, on est installé au 11/19, associé à Culture Commune. On licencie ici sur un ancien site minier. Qu’est ce qui se passe? Neuf personnes vont se retrouver sans travail. C’est humainement, politiquement, socialement insupportable. Qu’est ce qu’on attend? Pas se dire qu’on est militant au quotidien dans sa vie de tous les jours. Un geste fort! Comment après tout ce qu’on a dit, on peut continuer à faire du théâtre, après tout ça, après tout ce qui se passe là!

forme avancée de laboratoire

Pas de temps à perdre. C’est bientôt Les Atomics. S’assurer qu’il y aura du monde dans la salle. Faire de la diffusion. Les journaux. Les tracts. Passer des coups de fil. Si les réservations augmentaient d’une dizaine par jour, on serait content. On a pensé qu’on pourrait faire une carte de voeux avec le journal du 11/19 et on rajouterait un petit mot de bonne année. On a commencé le travail sur les Atomics en décembre 2009. On avait fait une présentation au bout des quinze jours de recherche. On peut voir très souvent des work in progress à la Fabrique de Culture Commune. On en a présenté énormément depuis qu’on y est installé. Il y avait aussi les cartes blanches. Je me souviens de la carte blanche de Colette qui tenait le café en face de la mine quand la mine était encore en activité et au début de la Fabrique. Elle avait fait un spectacle avec tous les clients de son café. Elle nous avait demandé un coup de main. On s’en souvient bien. C’était en 2000. Son grand regret, c’est qu’on n’ait pas mis au nord c’était les corons de Pierre Bachelet. Elle en parle aujourd’hui encore. On n’avait pas voulu. Et pourquoi on n’avait pas voulu?  Pendant les premières répétitions de Atomics on a passé un après midi complet à lire le scénario de Passion de J.L Godard. Je me souviens de la sortie du film. J’étais en filmologie avec Louisette Fareignaux et Jacques Henri Michot (qui a écrit ce livre qu’on aime beaucoup, Comme un fracas). Je voulais comprendre et aimer Passion mais ça m’avait complètement échappé. Tout le monde trouvait ça génial. J’étais largué. J’avais quinze trains de retard. J’ai persévéré. On a assisté à Caen à l’avant première de For ever Mozart avec J. L Godard, en personne, venu débattre à la fin du film. Et puis il y a eu Histoires du cinéma. On a repris un extrait de La Chinoise dans les Atomics. Comme dans Les Sublimes On a trouvé un nouveau terme pour Les Atomics Phase 1. Forme avancée de Laboratoire. Il y a Jamal dans les Atomics. On a rencontré Jamal à Tremblay et il est graffeur professionnel. Il y a aussi Erik de Bourges qui dirige Emmetrop. Et Veridiane qu’on a rencontrée à Belo Horizonte. Le plus bel horizon du monde.

peau de chagrin

Les Atomics, c’est dans huit jours. On va mettre les bouchées doubles cette semaine pour bien accueillir le public dès dimanche soir. Dimanche prochain on fera une petite générale. Cette semaine semaine on va rappeler les gens dans les quartiers du bassin minier où on a fait des Veillées et les professionnels de partout. Mettre toutes les chances de notre côté pour que le travail qu’on a fait soit vu. Les Atomics, Phase 1. Forme de laboratoire avancée. Des comédiens, des acrobates, des danseurs, des plasticiens. Tout ça a démarré a l’initiative de Culture Commune. Et puis maintenant il va y avoir le Louvre à Lens. Au milieu des cités ouvrières. Dans les cités, dans les corons, on n’allait jamais au musée. On a toujours cru qu’on n’y comprendrait jamais rien et que de toute façon ça n’était pas fait pour nous intéresser. Parfois ma mère me disait attention, l’école ça pourrait te mettre des idées dans la tête qui ne sont pas pour toi. C’est ce que je dis en introduction au spectacle. Quand je viens pour la première fois au micro. Si on garde les choses en l’état. Si on ne décide pas dans les quelques jours de répétition qu’il nous reste de tout changer. Howard, le chorégraphe revient dès mercredi. Et tout l’équipe sera à pied d’oeuvre  jeudi matin. On répète jeudi, vendredi et dimanche. Pas samedi parce qu’on n’a pas le droit de travailler plus de six jours de suite. C’est la loi. Parce qu’on joue du lundi au vendredi. Cinq jours plus dimanche la répétition et la générale. On n’a pas le droit de faire travailler davantage les salariés. Quand on pense aux droits des travailleurs qu’on réduit comme peau de chagrin, on peut respecter ça tout de même. Sinon c’est indécent. C’est pas parce qu’on fait de l’art qu’on peut se croire tout permis. Sous prétexte qu’on fait de l’art. On vit dans un système où tous les prétextes, tous les chantages, toutes les culpabilités sont utilisés pour exploiter les travailleurs. On n’a plus peur de rien. Les manifestations énormes de cet automne n’ont rien changer à la réforme des retraites. Dès lors, tout est possible. Les gens ne sont pas entendus. Et se sentent méprisé et impuissants. On leur dit que tout est de leur faute. Ou que c’est la fatalité, la mondialisation ou les trente cinq heures… C’est à se demander quel tour ça va prendre. Tout ça. Avant hier la veillée d’Hénin Beaumont a été confirmée.

débordé

On faisait tous les jours de répétitions de l’entraînement physique. On a pratiqué pleins de méthodes différentes. Alexander, Feldenkreis, Grotowski… On s’inspirait aussi de Karine Saporta. Pour les spectacles notre inspiration majeure était Pina Bausch et Eric Da Silva. Et puis G. Lavaudant et puis Antoine Vitez. Pour Les Sublimes et Base 11/19, G.Lavaudant et Yan Fabre. Pour les Veillées, Komplex Kapharnaum. Pour Les Atomics, un mélange de Lavaudant et Komplex Kapharnaum. Et du Pavé. Les Atomics durent une heure trente. C’est un long spectacle par rapport aux précédents. Il y a beaucoup de textes. Et dès qu’il y a du texte, c’est plus long. Le texte au plateau demande du temps. Plus que la danse ou la chorégraphie. On est dix sur le plateau dans les Atomics et tout le monde parle. La parole est nettement partagée. A la différence des Sublimes et de Base 11/19. C’était très important, ça. Oui, très important. Le partage. On reprend les répétitions jeudi prochain et la première aura lieu le lundi suivant. On joue deux semaines. Du lundi au vendredi. On est débordé par le travail de préparation. Comme on s’est rajouté à la programmation de Culture Commune, c’est doublement difficile de faire passer l’information. Au théâtre les gens s’abonnent en début de saison. On apparaît comme un rajout et ça demande un travail fou aux gens du bureau et de Culture Commune pour réussir à tout bien préparer. Et après les Atomics, on enchaîne avec un Instantané à Roubaix au lycée Van der Mersch.

On va changer le nom de la compagnie. Et qu’est ce qu’on pourrait changer d’autre? On enchaîne beaucoup les Veillées, les Instantanés… HVDZ c’est imprononçable. On pourrait s’appeler la compagnie du mulot dans la roue.

diffusion du journal du 11/19

Hier on est allé dans le quartier distribuer le journal du 11/19 qu’on a réalisé  avec les articles qu’on a écrits sur le blog pour les trois dernières Veillées qu’on a faites autour du 11/19. Je suis allé déposer des journaux à la médiathèque de Loos en Gohelle et à la mairie. Ensuite au centre social Edouard Pignon à Liévin. Et au foyer Louis Albert, au club des médaillés du 11/19 à Lens. Hier midi on s’est réuni avec l’équipe de Culture Commune pour se répartir le travail. Pour la publicité des Atomics. La Veille on avait fait un point d’information. On avait raconté le spectacle à toute l’équipe de Culture Commune. On s’en veut de ne pas avoir invité l’équipe au dernier filage qu’on a fait en décembre, le dernier jour de répétition. C’était la tempête de neige. Et c’était juste avant Noël… Au bureau, on a reparlé de la réunion qu’on a eue à la DRAC,  il y a deux jours. C’est difficile de rentrer dans les détails mais c’est un peu déboussolant. Mais c’est un peu normal aussi; ça fait longtemps qu’on est là. On est conventionné depuis une dizaine d’années. Le Ballatum l’avait été aussi pendant six ou sept ans. A ce moment là, on disait compagnie hors commissions. On a beaucoup parlé de légitimité. Où, quand, comment le travail d’une compagnie de théâtre est légitime, quand elle travaille principalement sur le rapport aux populations et qu’elle revendique sa valeur artistique dans sa démarche autant que dans ses spectacles. Est ce que ça correspond aux règles, au cahier des charges définies par l’administration?… On va s’enlever ça de la tête, à quelques jours des Atomics. Mais faut dire ce qui est, ça fait réfléchir tout de même.  Et puis on se pose plein de questions depuis ce début de saison. La rencontre avec Le Pavé et qu’est que serait une compagnie  idéale, faut il devenir une SCOP etc… La question est ontologique d’une certaine façon puisque on peut définitivement se demander ce qu’on ferait si on ne faisait plus les Veillées. On aurait dû comme Christophe Piret à Aulnoyes Aymerie ou Complex Kapharnaüm à Villeurbanne ou la Gare Mondiale à Bergerac construire un lieu, un atelier de fabrique. De spectacles et de rencontres, de croisements, d’expression des publics. Aujourd’hui nous irons faire de la diffusion des petits tracts sur Les Atomics et du Journal. On rédige ces jours ci le texte d’une conférence gesticulée, un petit spectacle qu’on ira jouer dans les écoles sur le thème de l’art, de la culture et des populations.

2014-carnets de route-

Mourad et Hassan présentent leur spectacle à Culture Commune ces jours ci, On va pas lâcher. On a beaucoup travaillé avec Hassan. Et c’est pas fini. On espère aussi un jour travailler avec Mourad. On a rencontré Mourad à Avignon lors des répétitions de On va pas lâcher. J’étais allé trois jours à Avignon répéter avec eux.. On connaissait Hassan depuis longtemps puisqu’on avait travaillé ensemble sur le spectacle d’Hamid Ben Mahi, Faut qu’on parle aux Aubiers à Bordeaux qu’on a joué à Avignon ensuite et qui tourne toujours, quatre ans plus tard. En avril Hamid part en Scandinavie. Et Hassan a participé à beaucoup de Veillées. Hier on est allé à la DRAC. On est resté deux heures. Pour préparer le renouvellement de la convention. On est conventionné depuis une dizaine d’années. On a soixante mille euros par an de l’état. On devrait avoir la même chose l’année prochaine si l’état lève le gel budgétaire de cinq pour cent qui est prévu sur le prochain budget de la culture. Sinon… On a beaucoup parlé de la place de la culture dans le monde et du sens du travail en compagnie. De toutes nos activités artistiques et culturelles. Des spectacles et des Portraits de quartier et de village, des Veillées bien sûr, des Instantanés aussi. Du Journal, des conférences gesticulées, des Atomics, forcément. Des groupes de paroles qu’on met en place autour du 11/19. On a dit tout ce qu’on allait faire à Dunkerque et à Rouen… On a parlé de l’accompagnement des jeunes compagnies. On a parlé de notre propre histoire de compagnie. On s’est demandé ce qu’on allait faire ces prochaines années, à part ça. La prochaine convention devrait nous emmener jusqu’en 2014. Allez on file voir Hassan et Mourad! Ils ont joué hier. Ils ont fait un carton.