dieppe zeebrugge etaples

On pourrait aller à pied jusqu’à Dieppe, Zeebrugge ou Etaples. Et ramener du poisson. Mais en attendant il y a les Atomics et les Instantanés à Roubaix la semaine prochaine. On attend du monde cette semaine. Peut être y a t il un petit creux de fréquentation ce soir et demain? En tout cas, quelle bonne idée de jouer quinze jours (dans la petite salle)! Les choses vont vite! Déjà on se demande quelles questions on va poser aux lycéens de Van der Meersch la semaine prochaine au cours de nos errances dans le lycée. Pourtant il reste plein de travail à faire sur les Atomics. Cet après midi et demain, on va revoir les textes théoriques du spectacle. La façon de les dire. Même si c’est bien, on les dit un peu trop vite. Du savoir froid, comme on dit au Pavé. Franck Lepage dit qu’il a appelé sa SCOP le Pavé parce que soixante huit est la dernière révolution internationale qu’il y ait eue et que c’était la cible théorique principale de le droite française aux dernières élections présidentielles. Il dit aussi que l’égalité des chances est une grossière imposture. C’est soit l’un, dit il. Soit l’autre. Soit le système politique est basé sur l’égalité. Soit c’est un système inégalitaire et si on a de la chance on s’en sort, si on n’a pas de chance, c’est tant pis pour nous. Un système où l’homme est un loup pour l’homme. Il nous faut un peu ralentir le débit. Faut qu’on laisse un peu de temps aux spectateurs pour assimiler ce qu’on dit, mais bien sûr il n’est pas question de tout ralentir. On risque de perdre le rythme du spectacle. Aujourd’hui, c’est la sixième. On s’est donné rendez vous à trois heures. On joue à 19h. On parle tellement avec les gens après le spectacle que la journée de travail ne fait que commencer à ce moment là. Jusqu’au milieu de la nuit. Voire au delà…

nous rassurer

Henri de Bergerac nous a dit alors vous faîtes un spectacle et vous n’ envisagez de le reprendre que dans un an. Pourquoi pas avant. Pourquoi pas tout de suite. Qu’est ce qu’on peut répondre. Dire qu’on avait prévu de faire ce spectacle beaucoup plus tard. Qu’il s’agit d’un essai, d’une tentative même si ça a l’allure d’un spectacle fini. Surtout depuis qu’on a rajouté les images des habitants sur leur pas de porte, en fin de semaine. On a beaucoup transformé le spectacle en une semaine. Dire qu’on n’avait pas prévu de jouer à ce moment ci. Mais dans un an. Dire qu’on n’avait pas prévu d’organiser de tournée mais que tout compte fait, on va le tourner tout de même. Dire qu’on est un peu perdu. A force de vouloir sortir des sentiers battus et de n’être rangé dans aucune case, on ne sait plus comment on s’appelle. Dire que ça ne peut pas être toujours pareil. Que tout n’a qu’un temps. Alors qu’il faut envisager le changement. Des présentations différentes. Pour échapper à l’ordre établi. Qu’on n’est pas éternel. Qu’il faut rendre de la vie à ce qu’on fait. Ne rien figer. Ce serait illusoire. On est sorti des théâtres pour aller dans les rues. Comme une autre façon de faire de la politique. Que l’intérêt c’est ce vers quoi on tend et qu’on n’ atteindra jamais. Qu’on finira bien sûr par tout laisser en plan. C’est toujours comme ça. Mais qu’on voudrait rester intact malgré tout. Dire que c’est comme inviter des amis à une grande table-spectacle, à une discussion pour dire qu’on est là. Acteurs et spectateurs. Que la planète tourne et qu’elle est pas sensée tourner sans nous. Nous rassurer. Bien sûr parler des Veillées. Un pan de vie. Donner des nouvelles. Le spectacle, les Atomics, c’est la célébration des Veillées. Le spectacle est un rituel. Nous sommes des gens du voyage. Et les Atomics, c’est une célébration, un rendez vous, une invitation à se retrouver. Avant de reprendre la route. Avant d’aller, on l’espère,vite, à Bergerac.

henri

Les nuages des premières représentations se sont un peu dissipés. Le brouillard est un peu retombé. Pourtant aujourd’hui il pleut averse. On avait tous une grosse envie de week end. Hier on a explosé la jauge. On n’était plus assez de tous ceux qu’on est pour discuter avec tout le monde. Puisqu’on a bien dit qu’une part importante de ces représentations-ci c’est la discussion avec le public. Avec les gens. Après la représentation, on prend deux minutes pour reprendre son souffle et on part vers les gens. Hier c’était fin de semaine et les gens étaient là de partout. Nous n’avions pas assez de toutes nos bouches pour dire, raconter, essayer d’expliquer et de nos oreilles pour entendre, comprendre, s’approprier tout ce qu’on nous donne, propose, pour repenser le monde et tout ce qu’on fait. Pourquoi on le fait, comment l’améliorer, comment continuer… On se dirait sur une Veillée. On veut voir tout le monde mais on n’y arrive pas. On se dit, si on ne voit pas tout le monde, on n’aura pas fait ce qu’on devait faire. On a dit qu’on discuterait avec chacun. C’est pour ça qu’on avait décidé de jouer dans la petite salle. Pour une petite jauge. Pour ce dialogue. Cette rencontre. Cet échange. Henri Devier est venu de Bergerac. De la Gare Mondiale. Bergerac, c’est la première Veillée qu’on a faite en dehors du bassin minier.

la quatrième

La quatrième est passée. Bien passée. Bien sûr c’est très facile de dire qu’il y a du monde puisqu’on joue dans la petite salle deux de la Fabrique et la jauge est très limitée. On a de la chance de jouer beaucoup. On peut ainsi changer des moments du spectacle, revoir des textes, rajouter des images; ça correspond à ce qu’on avait imaginé. Une présentation discussion avec le public qui nous permet de réfléchir ensemble au travail qu’on fait. On avance bien. Et aussi au bout de la semaine la fatigue se fait sentir. Parfois après le spectacle on tient à peine debout. Mais les discussions sont très intéressantes. On revoit plein des gens chez qui on a fait des Veillées. Les gens sont de bon conseil. Mais ça demande de bien écouter. Les premières représentations ont été plus hards. On parle beaucoup entre nous. Tous les jours on fait un point tous ensemble. Pour qu’on puisse dire comment on a vécu la représentation de la veille. Pour laisser un peu échapper la vapeur de la cocotte minute. Et après le spectacle, après avoir beaucoup parlé avec les gens, on plaisante un peu. Hier à table on a tous parlé avec l’accent alsacien parce que Charlotte, qui joue dans le spectacle, est alsacienne.

faut assurer (2)

La troisième est passée. On n’a pas pu voir tout le monde. On a refait le spectacle. On a refait le monde. France 3, la télévision est venue filmer des répétitions et le spectacle en entier. On ne remercie jamais assez ceux qui travaillent pour faire venir les gens au spectacle. Fred, à Culture Commune qui se bat pour que les journalistes régionaux et nationaux viennent à Loos en Gohelle. Et Fred qui fait à manger avec Julien pour que tout le monde puisse rester manger à la Fabrique. Après le spectacle. Tout le monde. Tout ça demande énormément de travail. Enormèment de courage. Ce soir, c’est donc la quatrième. On avait enlevé dix minutes de spectacle la veille. Hier on n’a rien changé… Après toutes les tensions accumulées, hier on a profité un peu. Faut tenir bon. Le spectacle est particulier. En dehors des clous. C’est une forme de laboratoire avancée. On s’est dit, c’est une performance, comme on dit en arts plastiques. Une forme d’art brut. On s’est dit que ce qu’on nous dit après le spectacle doit enrichir notre réflexion. Pour avancer, chercher, travailler encore. On prend des risques. Faut assurer.

inquiétante étrangeté

Va falloir assurer! On joue tous les soirs. Oh là! ça pose dix mille questions d’avoir fait ce spectacle! Dix mille, c’est peu dire! On voulait marquer le coup des sept ans de veillées. On n’est pas déçu du voyage. On peut dire que ça questionne sacrément. Après le spectacle comme c’est toujours le cas à la Fabrique, on se retrouve au bar pour discuter avec les gens. C’est la convivialité; ça permet de discuter avec les spectateurs de ce qu’ils viennent de voir. Mais (comment dire?) le spectacle est source de nombreuses interrogations alors c’est un peu particulier. Une inquiétante étrangeté. Toute vue des choses qui n’est pas étrange est fausse.Va falloir assurer!

passer la seconde

La deuxième est passé. On a passé la seconde, reste à passer la troisième, et les autres. C’est jamais facile une seconde. Surtout qu’on a fait des petites modifs. Trois fois rien, mais pas se reposer sur les chapeaux de roue. Faut continuer d’avoir la pêche. Quand on refaisait les enregistrements, Guy avait écrit sur un papier avec la pêche, et nous le montrait. Pour nous encourager.
Aujourd’hui, c’est Dorothée qui a repris la suite de Howard pour les échauffements. Ça tournera. On a speedé un peu les anecdotes. Il n’y avait pas beaucoup de monde. Dans une si petite salle, même quinze ou vingt personnes, ça fait un public.
Il y a des regards qui se trouvent. Qui se cherchent, qui s’installent, entre nous, et entre nous et le public. Greg à repris la technique. En alternance avec Jean Pierre. Ils ne peuvent pas être là tous les soir, forcément, alors l’alternance, c’est le mieux, ça s’est très bien passé.
Jean-Maurice et le rire de Jean Maurice. Ça fait tellement plaisir. Et une partie de l’équipe de Tantôt, qui est en résidence à la Fabrique, et dont on va voir la générale demain. Il y avait aussi Grégory, et des gens qu’on avait vu quand Franck Lepage et Gaël Tanguy sont venus faire leur conférence gesticulée.
On se disait, en les voyant dans le public, qu’on doit beaucoup à ce stage avec le Pavé, dans la création de ce spectacle. Les pépites et les râteaux.
Le chœur des lectures, le chœur des danseurs. C’est ce qu’une personne du public nous a dit. Les chœurs.
Atomics J+2 à suivre.

après la première

On reprend cet après midi à seize heures. A seize heures. C’était la première d’une série de dix à Culture Commune. On regrette beaucoup que Delphine n’ait pas pu voir le spectacle avant de quitter Culture Commune. Avant de retourner travailler dans les Alpes, à Grenoble, dont elle est originaire. Les Atomics, c’est un tournant dans la vie de la compagnie. Un point d’orgue. On fait le point sur sept années de travail. Comme une manière de relancer la vie de la compagnie. Différemment. Même si le problème reste entier. Qu’est ce qu’il faut et qu’est ce qu’on peut changer pour progresser ou éviter de ne plus avancer? Pas simple! Pour l’instant, les Atomics. Puis les Instantanés et les Portraits. Et les retours sur… On a du pain sur la planche. On est des gens de terrain. Les choses se révèlent en faisant. En agissant.

première

On peut sans doute encore changer plein de choses mais comme on dit, le spectacle est là. Alors ce soir c’est la première. D’après nos camarades, on devrait remplir la salle à peu près tous les soirs. Frantz a travaillé tard encore hier soir pour terminer l’installation des gradins. Quand on joue dans une petite salle, l’espace des spectateurs est un décor. Toute la salle représente la scène. Le travail de décor inclut le public. On a trente à quarante places par soir. On utilise les petits gradins qu’on avait fabriqués pour Electre, un spectacle qu’on avait fait au Ballatum. Le dernier spectacle du Ballatum. Ces gradins ont beaucoup servi à la Fabrique depuis son ouverture. Avant que Culture Commune n’achète un beau gradin de deux cents places. Dans la petite salle, on dirait que les gradins d’Electre sont là pour toujours. Dans le décor des Atomics, il y a la table d’Ivanov, deux tables de J »m’excuse, le fauteuil des Sublimes… et les gradins d’Electre. On devrait avoir du monde ce soir. Pour le personnel de Culture Commune c’est un boulot énorme. On va manger là tous les soirs. Avec nos invités. Et aujourd’hui à Culture Commune a lieu la présentation-conférence de presse de la route du Louvre. Un marathon qui se déroule tous les ans entre Lille et Le Louvre Lens. Du travail en plus. Mais c’est une façon aussi très active de participer à la vie locale. On ne parle que de ça dans Les Atomics. Comment faire le lien entre la vie d’artiste et la vie tout court? Comment passer de cette compagnie là à une autre? A quoi renoncer pour continuer à découvrir?

générale

Aujourd’hui jour de la générale. La Générale a lieu à 18h. On va revoir la partie des anecdotes qu’on a appelées pépites et râteaux. Pour trouver le bon rythme. Frantz et Howard sont avec nous aujourd’hui et demain, puis ils partiront. Frantz doit être à son nouveau travail à Elboeuf mardi et Howard rentre à Montréal où il vit et travaille à l’école nationale de cirque. On a eu à nouveau un coup de fil de Calogero pour mettre en scène un spectacle de cirque et de chanson. On a dit qu’on n’ était pas qualifié. Qu’on ne faisait pour ainsi dire plus vraiment du cirque. Faut savoir qu’après les quinze jours de représentations, on enchaîne avec un Instantané dans un lycée à Roubaix. C’est bien, ça fait partie du jeu qu’on s’est inventé. Le monde social, le théâtre, l’art, la Fabrique. Tout fonctionne en va et vient. En écho. En résonance. L’un donne du sens à l’autre. Sinon à quoi bon? On peut toujours se demander qu’est ce qu’on va faire après? Mais n’y pensons pas! On a plein de Veillées à faire, des tournées, des portraits, d’autres Instantanés, Dunkerque, Rouen, Montréal… Alors?- Aujourd’hui, jour de générale!