renaud cojo(2)

On termine la mise en place du film le retour sur pour le Grand Bleu à Lille. On fait un essai cet après midi. Tandis que Maggie et Didier vont à Dunkerque ce matin, rencontrer les responsables des centres sociaux avec qui on va travailler l’année prochaine dans le cadre des Veillées à Dunkerque. Martine termine ses montages. Olivier et Anne Charlotte sont au bureau. Sandrine est rentrée en Normandie. Flora à Saint Agil, dans le Loir et Cher. Jérémie a préparé la salle deux de la Fabrique pour la projection du film ce soir. Et à la Fabrique ce soir on ira voir Renaud Cojo et son fabuleux spectacle. J’aime bien les matchs de football à la télé parce qu’on peut faire autre chose en même temps sans être capté par ce qu’on regarde. Tout ce qu’on veut. Par exemple faire des listes de décisions à prendre rapidement pour avancer dans son travail et dans sa vie. Et s’endormir en voulant apprendre la Distinction de Pierre Bourdieu par coeur. Se réveiller pendant les Experts à Manhattan.

renaud cojo

Reprendre l’histoire petit à petit. Se remettre à flot. Tout doucement. Comme reprendre pied. Comme un besoin de dire encore. N’en avoir pas vraiment fini. Pas encore. Aujourd’hui c’est le deuxième jour des répétitions du Retour sur … qu’on fait au Grand Bleu dans deux semaines. Les 12, 13 et 14 avril. On s’active dans tous les sens au 11/19 pour faire ça bien. Et puis aujourd’hui il y a Renaud Cojo à la Fabrique qui présente son spectacle Ziggy Stardust. On a fait une mise en scène ensemble avec les Metallovoice, le spectacle Do it, le premier spectacle des Métallos et puis on a fait une Veillée ensemble il y a deux ans à St Médard en Jalles. Et puis un spectacle d’un jour au C.D.N de Caen. On est très heureux de le revoir à la Fabrique. On s’était rencontré la première fois au théâtre de la Cité Internationale à Paris alors que Didier Cousin et Paul Tison y jouaient Chez Panique, d’après Topor.

c'est pas fini

Une belle journée qui s’annonce; ça taffe dur au bureau pour faire tourner la boutique. Hier matin on est allé à Douai. Que du bonheur! Hier midi on s’est vu chez Paulo et Sandy, au café du Chevalement en face du 11/19. L’ancien café des mineurs. On a mangé des endives au gratin avec des frites et des fraises au vin… Paulo nous a offert le café. Paulo et Sandy ont repris le café à la suite de Claude et Colette qui ont tenu le bistrot à l’époque où les mines étaient encore en activité. Ils ont connu le démantèlement du site et l’installation de Culture Commune sur le site et ils ont vu le site se transformer année après année. Et l’installation de nouvelles entreprises qui travaillent pour le développement durable. Et la compagnie HVDZ. Nous étions d’abord dans les locaux de Culture Commune et  depuis quelques  années on loue sur le site, un local, des bureaux. On paye six cents euros par mois de loyer à la communauté d’agglomération. Heureusement qu’on a une grosse activité sinon on ne tiendrait pas le coup. Financièrement, je veux dire. Au début du Ballatum on avait nos bureaux chez Eric Lacascade et puis ensuite on a squatté dans le centre de Lille, place Philippe Lebon, à l’endroit de l’ancien conservatoire. Et puis on est allé en résidence à la Rose des Vents dont on ne voulait plus partir. A l’époque c’était Patricia Michel qui faisait le travail administratif et puis ensuite c’était Fabienne Caillerez. Pour nous déloger on nous a proposé de nous installer à Liévin. Loos en Gohelle, la Base 11/19 est à quelques kilomètres du théâtre Arc en Ciel de Liévin. C’est pas fini! Y a de la route encore!

Aujourd’hui, c’est la première de Vestiges, le spectacle mis en scène par Didier Cousin avec la compagnie de Sandrine, la Rouge, à Lille, au Grand Bleu. Martine Cendre a vu le spectacle. Elle dit que c’est un régal. Que du bonheur!

douai

Aujourd’hui on va à Douai, au théâtre de l’Hippodrome. A la scène nationale. A Douai on avait fait un stage de danse avec Karine Saporta. A l’époque du stage de Karine Saporta Roland Poquet dirigeait l’Hippodrome et puis il y a eu une autre directrice, Agnès Sevestre. On y a joué Les Sublimes. Et puis, bien avant encore, avec le Ballatum, on y avait répété les Trois Soeurs de Tcheckov. Avec K.Saporta, c’était la dernière tentative des rêves de danse. On avait multiplié les stages et les formations de danse. A Lille, à Danse à Lille, avec Eliane Deager et Catherine Marçais de Segonzac et plein d’intervenants. Mais on n’a jamais su vraiment dansé. Maintenant on a un peu renoncé à une grande carrière de danseur. On ne devient pas danseur à cinquante trois ans. Danseur, dans le sens des pas qu’on mémorise et qu’on arrive à reproduire à l’infini. On peut toujours danser le djerk sur des musiques planantes. C’est toujours possible. On a tenté sa chance, quoi! On a tenté beaucoup de choses. Comme Bouvard et Pécuchet. D’ailleurs à l’époque j’étais tout le temps avec Eric Lacascade. A Douai, Il y avait eu ce stage aussi avec Jean François Duroure. On avait mangé un couscous dans le restaurant qui fait le coin. C’est pas faute d’avoir essayé. La danse. Pourtant la danse est importante dans les spectacles qu’on fait. On travaille en permanence avec des danseurs et des acrobates… Il faudrait créer un atelier de recherche permanent de danse dérisoire. Des petites danses toute simples qui laissent libre cours à l’impro. Ce serait possible, ça. Faudrait creuser de ce côté là. A Douai on va parler de la saison prochaine. Des projets. Imaginer ce qu’on pourrait faire ensemble.

en silence

Hier à l’initiative de la Comédie de Béthune et de Culture Commune a eu lieu un débat consacré à la défense du service public. Les prises de parole des conférenciers ont redonné de l’espoir à tous ceux qui étaient dans la salle. L’espoir de résistance. Il est possible de changer ce gouvernement. Reprendre le pouvoir confisqué aux citoyens pour faire un monde plus solidaire, où la culture, la santé, l’énergie, l’éducation, l’université, la poste… sont au service des individus pour les aider à mieux vivre et non pas à les mettre en concurrence ou à les traiter comme ce que notre système économique ultra libéral a créé de de plus vil, des individus consommateurs… Stéphane Hessel a été cité de nombreuses fois. On a même lu plusieurs passages de son livre indispensable Indignez vous. Une belle soirée de réflexion initiée par des responsables culturels…

Quand on est sorti du théâtre  on est tombé sur un groupe de jeunes gens, des anarchistes. Ces jeunes distribuaient des tracts, en silence. Avec le sourire.

Sous quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue. Ce n’est pas la moindre de ses vertus. À ceux qui voudraient absolument espérer, il dérobe tout appui. Ceux qui prétendent détenir des solutions sont démentis dans l’heure. C’est une chose entendue que tout ne peut aller que de mal en pis. «Le futur n’a plus d’avenir» est la sagesse d’une époque qui en est arrivée, sous ses airs d’extrême normalité, au niveau de conscience des premiers punks. La sphère de la représentation politique se clôt. De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cador ou des airs de vierge, les mêmes têtes de gondole qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication. Ceux qui votent encore donnent l’impression de n’avoir plus d’autre intention que de faire sauter les urnes à force de voter en pure protestation. On commence à deviner que c’est en fait contre le vote lui-même que l’on continue de voter. Rien de ce qui se présente n’est, de loin, à la hauteur de la situation…. Et puis un peu plus loin dans leur texte Il y a un vertige à voir ainsi trôner sur un grand immeuble d’Euralille le «I AM WHAT I AM» de Reebok. L’Occident avance partout cette tuante antinomie entre le Moi et le monde, l’individu et le groupe, entre attachement et liberté. La liberté n’est pas le geste de se défaire de nos attachements, mais la capacité pratique à opérer sur eux, à s’y mouvoir, à les établir ou à les trancher. La famille n’existe comme famille, c’est-à-dire comme enfer, que pour celui qui a renoncé à en altérer les mécanismes débilitants, ou ne sait comment faire. La liberté de s’arracher a toujours été le fantôme de la liberté. On ne se débarrasse pas de ce qui nous entrave sans perdre dans le même temps ce sur quoi nos forces pourraient s’exercer. «I AM WHAT I AM», donc, non un simple mensonge,une simple campagne de publicité, mais une campagne militaire, un cri de guerre dirigé contre tout ce qu’il y a entre les êtres, contre tout ce qui circule indistinctement, tout ce qui les lie invisiblement, tout ce qui fait obstacle à la parfaite désolation, contre tout ce qui fait que nous existons et que le monde n’a pas partout l’aspect d’une auto- route, d’un parc d’attraction ou d’une ville nouvelle: ennui pur, sans passion et bien ordonné, espace vide, glacé, où ne transitent plus que des corps immatriculés, des molécules automobiles et des marchandises idéales.


à pied

On a donc décidé d’aller se promener plusieurs jours. Aller de Bruay à St Pol sur Ternoise. Puis de St Pol jusque Hesdin. Et jusque Montreuil. En marchant. Pour prendre l’air. De jeudi à samedi. Lundi prochain on est à Wattrelos au lycée Emile Zola. Je me souviens de cette phrase en allemand, le titre d’une nouvelle de Fafka, es muss etwas geshehen. Il faut qu’il se passe quelque chose. Quand on a ce pressentiment il faut partir. Marcher. Quelques heures. Quelques jours. Jusqu’à Montreuil sur mer. La dernière fois, ça ne s’invente pas, on était allé à Dunkerque. En passant par Haillicourt, Fouquereuil, Choques, Gonehem, St Venant, Cassel, Quaëdypres, Bergues et Coudekerque Branche. Entre Bergues et Dunkerque, on avait suivi un canal, un chemin entre une ligne de chemin de fer, une route nationale et un golf qui ‘en finissait plus (Je me souviens d’un graffiti sur un mur du golf d’Olhain dans le Pas de Calais qui disait, on n’a pas voté pour les socialistes pour qu’ils nous construisent des golfs). Les arbres au bord du chemin me protégeait du vent. Olivier, notre administrateur rentre de congé en milieu de semaine. Il aura tout juste repris le travail quand on va s’en aller. Trois jours. A pied.

une bicoque à montréal

Il fait dimanche. C’était le titre du spectacle de Shanon C. à l’école de cirque de Montréal en juin dernier. L’école de cirque de Montréal présente tous les ans en fin d’année deux spectacles de cirque avec le élèves de l’école et en particulier les finissants de l’école; ça veut dire que le ou la (ou les) metteuse en piste du spectacle doit mettre en valeur principalement les numéros des élèves qui vont quitter l’école.  Deux spectacles avec une vingtaine d’acrobates chacun. Et en plus des spectacles d’ouverture qui cette année était réalisés par Lucas Joly et Peter James. Des gens qu’on connaît bien puisque Peter James a joué dans les Sublimes (qu’on a crée début 2003). Lucas Joly  avant d’aller vivre à Montréal vivait à Lille. Il a participé aux ateliers du Ballatum à Liévin, à l’époque où Philippe L. qui aujourd’hui travaille à l’ONDA (organisme national de diffusion artistique) et nous, faisions des ateliers de théâtre une fois par semaine au théâtre Arc en Ciel de Liévin. Martine Cendre en a fait aussi très régulièrement. Eric Lacascade n’en faisait jamais. Jamais avec les artistes amateurs. Philippe L. était très apprécié par les gens et il avait créé un groupe très soudé et fait une très belle adaptation d’un texte de Xavier Duringer. Peter James a fait un spectacle l’année dernière à Dunkerque avec Mélissa Von Vepy (qui jouait aussi dans les Sublimes). Il fait dimanche a eu un énorme succès. Les deux spectacles étaient joués tous les jours. Celui de Shanon et le nôtre, Journal de Bord. Il fait Dimanche avait été donné pour la soirée des bénéfices de l’école. C’est une soirée consacrée aux sponsors, aux entreprises, aux banques… C’est une soirée privée où les billets sont achetés à l’avance par les bienfaiteurs de l’école à des tarifs très élevés et réservés aux invités du monde des affaires. Shanon Caroll fait partie d’un collectif, les sept doigts de la main qui crée des spectacles de cirque qui ont acquis en peu d’années une renommée mondiale. On avait vu Psy le dernier spectacle de la compagnie à la Tohu à Montréal quelques mois auparavant, quand on était venu pour les premières répétitions de Journal de bord. On avait retrouvé  Thomas et Mohamed qu’on a connus comme élèves au CNAC (centre national des Arts du Cirque de Chalons sur Marne). Ils jouaient tous les deux dans Psy. On adorait l’appartement dans lequel on a logé pendant  deux mois. En mai et juin. Rue Sainte Famille. Au 25 ème étage. Près de la Place de Arts. On a quitté Montréal quand commençaient les Francopholies de Montréal. Le lendemain du concert inaugural de Fabienne Thibault( Donnez moi, donnez moi de l’oxygèèèèèène…). On y a croisé Fred Barette. Fred est acrobate et porteur à la barre russe. Fred a joué dans Base 11/19, l’avant dernier spectacle de cirque de la compagnie. Là, il travaillait  pour les Francopholies. On a discuté derrière la scène, en arrière. C’est Howard Richard qui nous a fait venir à Montréal. Howard est directeur de la création à l’école de cirque de Montréal et il fait toutes les chorégraphies des spectacles d’HVDZ.

une petite bicoque à dunkerque

Pendant les travaux le théâtre de Dunkerque, le Bateau Feu prend ses quartiers au bord de la mer. Dans une ancienne auberge de jeunesse. Au milieu des dunes. Face à la mer. On est bien allé à Dunkerque. Comme c’était prévu. On y a passé la journée. Grosse réunion le matin jusqu’à l’heure du déjeuner. On a passé en revue toutes nos actions de la saison prochaine à Dunkerque. La Veillée (avec le théâtre) en octobre en collaboration avec les centres sociaux de Rosendaël et de Malo, la maison pour tous de Lefrincouck et la Tente Verte. On diffusera la représentation de la Veillée (à priori) à La Poudrière de Lefrincouck. Les Instantanés (résidences de création avec et pour les lycéens) auront lieu dans trois lycées différents avec Un retour sur (les Instantanés), comme au Grand Bleu cette année. Ce qui veut dire création d’un film spectacle inspiré de nos différentes interventions dans les lycées et des actions de création et de réflexion avec les lycéens des différents établissements regroupés au théâtre (euh non pas au théâtre puisqu’il sera en travaux…) pendant trois jours. Une Veillée formation de cinq ou six jours  avec le centre social de Mardick (plus au sud de Dunkerque). Et on a parlé aussi des Portraits de village de la saison 2012/2013. On a déjeuné. Puis on est allé faire le tour des quartiers concernés. Visité des salles. On est sûr d’avoir joué à la salle du Mériden à Malo. Avec le Ballatum. Chez Panique et le fameux Beaux Draps, peut être? On a rencontré la directrice du centre social de Rosendaël mais qui part dans une quinzaine de jours dans un autre centre social de Dunkerque. Il y a quinze centres sociaux à Dunkerque. Pour la Veillée, on va travailler sur un territoire très étendu. Notre quartier général des Veillées se situera sans doute dans un ou deux centres sociaux. Au début on avait prévu la salle de répétition du Théâtre. Un espace idéal mais trop loin, trop isolé des quartiers où on interviendra. On avait fait un stage dans cette salle avec Frédéric Arsenault. Juste après Base 11/19. Un week end. On avait passé un beau, bon moment. Je me souviens, le stage s’est terminé un dimanche midi et je suis allé faire un tour ensuite à Calais. Pour revoir le quartier de la Veillée à Calais. Hier on a fini au bord de la mer dans un bistrot très accueillant, avec une gaufre ronde au chocolat. A Dunkerque c’est la folie ces jours ci. C’est le carnaval. Lundi au Théâtre ils font chapelle. Ils servent à boire à volonté aux carnavaleux. Trois cents personnes vont venir fêter carnaval au théâtre et tout le monde se déguise. C’est l’effervescence, la fébrilité, l’émotion et la fierté qui ressortaient de ce qu’on nous racontait du carnaval. Il y aura Peter Pan, Wonder Woman, mais aussi les hommes en femme, il y aura la reine de la moule, la reine du carnaval avec sa robe de poissons. Faire chapelle, les bandes, les avant bandes, les après bandes, les chahuts, les rigodons, les bals. Tout est célébré. Cette année un rendez vous est donné à ceux qui vont fêter le vingtième anniversaire du carnaval annulé en 1991. A cause de la guerre du Golfe. Tout compris le carnaval dure trois mois sur toute l’agglomération dunkerquoise. Il y a des gens qui font des crédits pour préparer leur carnaval. On nous a raconté des anecdotes succulentes sur le carnaval. Délicieuses comme les gaufres au chocolat. Le centre d’art contemporain prépare avec des artistes plasticiens et musiciens une chorale des plaintes. Sur internet et dans toute la ville les habitants sont invités à se plaindre. Tout cela sera mis en musique, orchestré et chanté… On a déposé deux plaintes dans l’urne du centre social de Rosendaël, arrêter la casse du service public et trop de priorité à droite. Avec l’air de la mer on est rentré dans notre bassin minier un peu sâoul, un peu sonné, apaisé et puis cerise sur le gâteau sur la route on est passé par Hazebrouck. Le centre socio culturel. Le centre Malraux. La gare d’Hazebrouck. La Veillée d’Hazebrouck en nov 2009. On ramasse de bouts de soi un peu partout.