en silence

Hier à l’initiative de la Comédie de Béthune et de Culture Commune a eu lieu un débat consacré à la défense du service public. Les prises de parole des conférenciers ont redonné de l’espoir à tous ceux qui étaient dans la salle. L’espoir de résistance. Il est possible de changer ce gouvernement. Reprendre le pouvoir confisqué aux citoyens pour faire un monde plus solidaire, où la culture, la santé, l’énergie, l’éducation, l’université, la poste… sont au service des individus pour les aider à mieux vivre et non pas à les mettre en concurrence ou à les traiter comme ce que notre système économique ultra libéral a créé de de plus vil, des individus consommateurs… Stéphane Hessel a été cité de nombreuses fois. On a même lu plusieurs passages de son livre indispensable Indignez vous. Une belle soirée de réflexion initiée par des responsables culturels…

Quand on est sorti du théâtre  on est tombé sur un groupe de jeunes gens, des anarchistes. Ces jeunes distribuaient des tracts, en silence. Avec le sourire.

Sous quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue. Ce n’est pas la moindre de ses vertus. À ceux qui voudraient absolument espérer, il dérobe tout appui. Ceux qui prétendent détenir des solutions sont démentis dans l’heure. C’est une chose entendue que tout ne peut aller que de mal en pis. «Le futur n’a plus d’avenir» est la sagesse d’une époque qui en est arrivée, sous ses airs d’extrême normalité, au niveau de conscience des premiers punks. La sphère de la représentation politique se clôt. De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cador ou des airs de vierge, les mêmes têtes de gondole qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication. Ceux qui votent encore donnent l’impression de n’avoir plus d’autre intention que de faire sauter les urnes à force de voter en pure protestation. On commence à deviner que c’est en fait contre le vote lui-même que l’on continue de voter. Rien de ce qui se présente n’est, de loin, à la hauteur de la situation…. Et puis un peu plus loin dans leur texte Il y a un vertige à voir ainsi trôner sur un grand immeuble d’Euralille le «I AM WHAT I AM» de Reebok. L’Occident avance partout cette tuante antinomie entre le Moi et le monde, l’individu et le groupe, entre attachement et liberté. La liberté n’est pas le geste de se défaire de nos attachements, mais la capacité pratique à opérer sur eux, à s’y mouvoir, à les établir ou à les trancher. La famille n’existe comme famille, c’est-à-dire comme enfer, que pour celui qui a renoncé à en altérer les mécanismes débilitants, ou ne sait comment faire. La liberté de s’arracher a toujours été le fantôme de la liberté. On ne se débarrasse pas de ce qui nous entrave sans perdre dans le même temps ce sur quoi nos forces pourraient s’exercer. «I AM WHAT I AM», donc, non un simple mensonge,une simple campagne de publicité, mais une campagne militaire, un cri de guerre dirigé contre tout ce qu’il y a entre les êtres, contre tout ce qui circule indistinctement, tout ce qui les lie invisiblement, tout ce qui fait obstacle à la parfaite désolation, contre tout ce qui fait que nous existons et que le monde n’a pas partout l’aspect d’une auto- route, d’un parc d’attraction ou d’une ville nouvelle: ennui pur, sans passion et bien ordonné, espace vide, glacé, où ne transitent plus que des corps immatriculés, des molécules automobiles et des marchandises idéales.


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