Hier, grande partie de la journée à Valenciennes. Le temps est toujours aussi maussade. Il faut s’armer de courage pour se mettre en route. Nos routes du nord sont en permanence saturées. Aujourd’hui, on passe la journée à Loos en Gohelle. De Lille, faut compter une heure, de Fresnicourt le Dolmen, une vingtaine de minutes. Par un temps aussi brumeux, on ne voit pas le haut des terrils du 11/19. Ni la tour d’extraction du 19. Allez ! tout le monde al’ fosse ! Enfin mi, Gilbert et Marie.
Carnets de route
C’était où ?
Bonne rentrée
Tous à Fives, c’est la première réunion de l’année ! Tout le monde sera là. Les cahiers, les ordinateurs, les crayons, les stylos, les gommes sorties des sacs à dos et des sacs à main. Et direct au but, comment mettre en place une nouvelle et importante action sur tout la région des Hauts de France avec des adolescent-e-s, sur le thème de l’altérité ? Ceci devant déboucher sur un spectacle nécessairement co-construit.
Désespérer Billancourt
Le travail reprend. Réunion à Lille demain au petit matin. Autour de notre intervention au Grand Bleu. Et on dévide la bobine et tout ce qui s’en suit… C’est une année chargée, mine de rien. Tout comme le sera la saison prochaine. Pour ne pas être pris de court, pas de temps à perdre.
C’est le cinquantenaire de la révolution de 1968, faudra penser à faire quelque chose tout de même. On tient des propos anticapitalistes à tout bout de champ. On a participé à des mouvements de gauche radicale. On a manifesté sur des centaines de kilomètres. On s’est raconté comme émigré de l’intérieur (formule empruntée à Annie Ernaux), quand EriK Noulette ajoutait, l’intégration, ça se fait dans les deux sens. On peut dire qu’on a fait ce qu’on a pu de notre côté, essayer de comprendre comment fonctionne, comment s’adapter à la culture française légitime et légitimement bourgeoise et capitaliste… Ça n’a été que dans un sens, on est resté en dehors du coup. On est resté cantonné de l’autre côté de la barrière. C’est pure illusion et mensonge de penser qu’il peut en être autrement. Alors on pourrait organiser pour le cinquantenaire de la révolution de 1968 un festival de cinéma qui nous a toujours inspirés, gravé dans nos mémoires.
Godard et la Chinoise, Mourir à trente ans de Romain Goupil (qui aujourd’hui soutient Emmanuel Macron (faut de tout pour faire un monde ! ), Vive la Sociale…, Allemagne, Mère Blafarde de Helma Sanders… Fassbinder… Pasolini… Electre en Afrique…
Einmal hat Hans Jonas gesagt…
Hans Jonas disait dans la cosmologie grecque les fins (les buts moraux) sont situées dans la nature. Pour Kant, les fins ne sont pas domiciliées dans la nature. Il ne s’agit plus d’imiter la nature, de trouver son lieu naturel pour s’y ajuster car la nature a changé de sens. La nature n’est plus un ordre, c’est un chaos. La nature, ça n’est plus l’harmonie cosmique, c’est l’égoïsme des pulsions, hors de nous comme en nous, c’est une monde de force, c’est le monde de Newton, un monde de forces centrifuges et centripètes qui traversent l’univers de gravitation universelle. En nous, la nature c’est les penchants égoïstes, c’est ce qui nous pousse à dévorer les autres et pas tellement à limiter notre liberté pour laisser aux autres de l’espace vital. La nature, c’est l’égoïsme fondamentalement. La nature est suspecte. La nature est un repoussoir, ce contre quoi la morale va devoir lutter pour se réaliser. L’accord qui sera visé, dans la morale, ce sera l’accord avec l’humanité et non plus avec l’ordre cosmique ; l’accord entre nous. L’idéal deviendra une seconde nature, une nature humaine. S’accorder entre nous et non plus s’accorder à l’ordre cosmique. Et c’est ça, les droits de l’homme. On ne sera plus dans la perspective d’Ulysse, qui veut retrouver son lieu naturel mais dans la perspective moderne d’un accord intersubjectif, un accord entre les sujets qui supposera une limitation de notre volonté de pouvoir, de nos penchants expansionnistes, de notre volonté de dévorer les autres, de prendre leur place et de leur faire du mal.
we were beautiful like diamonds in the sky
Tu parles d’une époque. On était les maîtres et maîtresses du monde. On était au Prato et rien ne pouvait nous résister puisque, politiquement et artistiquement, on n’avait qu’une seule idée en tête, changer le monde, pour un autre, meilleur… de toutes façons. Un monde sans hiérarchie. Egalitaire, à tous les niveaux. Un monde définitivement intelligent. Plus de forts, plus de faibles. A terme, sans argent. Un monde de la décroissance. Un monde heureux, dans tous les cas. On n’avait pas renié tout le reste pour une petite ambition. On voyait les choses en grand. L’espace public appartenait bien à tout le monde et quand nous, le Prato, on avait décidé de jouer quelque part, rien ne pouvait nous en empêcher. Même la mer, devant une vingtaine de personnes assise sur des chaises en formica, quand l’eau monte et envahit le décor au fur et à mesure que la nuit tombe. A Oye-Plage, en juillet 1981.
Ça bout là dedans !
Au compte de tout ce qu’on a fait depuis toujours, l’expérience Nickel à Valenciennes est à marquer d’une pierre blanche. Un « climax » comme on dit au théâtre ou encore un moment d’acmé dans l’histoire de Hvdz. Tout comme le travail avec l’EPSM Barthélémy Durand ou Freury Mérogis. Ou encore notre portrait de Capdenac Gare… On se souvient plus facilement de ce qui est récent mais notre histoire recèle des pépites d’humanité. Qu’on aimerait partager. Alors on a décidé d’en faire un livre. Tu sais, c’est comme quand tu te dis, je me sens impuissant, je sais pas quoi faire d’autre, on a accumulé, des histoires, des bouts d’humanité, d’un amour fou et d’une tendresse inconditionnelle et qu’est ce qu’on fait de tout ça ?. Alors bon, avec les amies, tu veux rassembler ces aventures pour ne pas oublier que ça a existé, pour l’équilibre de la paix, en faire quelque chose, les matérialiser, les objectiver, les partager pour peu qu’on veuille bien s’y intéresser (je crois qu’on meurt de ne pas pas entendre ce qu’on nous dit au creux l’oreille). Un livre.
Super Nickel au Phénix Une aventure extra ordinaire (juin 2017)
ça ira en allant
Culture Commune est en travaux. On installe un nouveau grill dans la salle de spectacle et on a récupéré l’ancien pour le mettre dans la Nef, du côté du bar. C’est la classe. Les salles un et deux ont été rénovées. Des chauffages moins bruyants ont été installés. Les conditions sont idéales pour faire du bon travail. Une nouvelle année s’annonce qui verra aussi la construction d’un estaminet dans le bâtiment face à la Nef et au chevalement. D’ici quelques années sûrement on construira une grande salle de spectacle dans l’ancienne salle des machines ; on en parle depuis si longtemps. Tout finit par arriver. Faut être patient. Quitte à se dire que ce seront les générations futures qui en profiteront. L’essentiel est de mettre en route les idées, elles finissent toujours par aboutir. Et depuis les années 90, personne n’a chômé, ça a phosphoré intensément sur le site du 11/19.



