Tu parles d’une époque. On était les maîtres et maîtresses du monde. On était au Prato et rien ne pouvait nous résister puisque, politiquement et artistiquement, on n’avait qu’une seule idée en tête, changer le monde, pour un autre, meilleur… de toutes façons. Un monde sans hiérarchie. Egalitaire, à tous les niveaux. Un monde définitivement intelligent. Plus de forts, plus de faibles. A terme, sans argent. Un monde de la décroissance. Un monde heureux, dans tous les cas. On n’avait pas renié tout le reste pour une petite ambition. On voyait les choses en grand. L’espace public appartenait bien à tout le monde et quand nous, le Prato, on avait décidé de jouer quelque part, rien ne pouvait nous en empêcher. Même la mer, devant une vingtaine de personnes assise sur des chaises en formica, quand l’eau monte et envahit le décor au fur et à mesure que la nuit tombe. A Oye-Plage, en juillet 1981.