Terrasson, Terrasson, Terrasson

Arrivés à Terrasson, pour quelques nuits avant de reprendre la route pour Capdenac. Demain montage du spectacle au centre culturel et intervention au lycée auprès des professeurs et des élèves de 1ère. Mardi, deux représentations, une pour les scolaires et une autre pour tout le monde. La dame de la maison d’hôtes (la Maison de Léopold, un lieu confortable et chaleureux) , où on est tous logés viendra voir le spectacle, sur les conseils de Jane (du centre culturel). Myriam, directrice des affaires culturelles de la ville, est venue prendre Guy à la gare, tandis que Jérémie et Pierre arrivaient pour ainsi dire à la même heure, en camion, à Terrasson. Valérie, propriétaire de la maison d’hôtes nous a préparé à dîner. On a mangé du canard et des tomates à la provençale. On n’a pas manqué une fois encore de parler de la peur de décembre, des élections régionales et de l’éventualité du pire.

to be or not to be ill on the tour in the south west of france

Mal partout comme si j’avais été roué de coups. C’est l’affaire de quelques jours. D’une ville à l’autre j’oublierai vite la douleur, j’aurai bien d’autres choses à penser. Demain c’est le départ pour la tournée du Sud Ouest de la Brique. Et s’il le faut, je trouverai bien des médecins et des pharmacies sur la route. Des généralistes, des dentistes, des médecins spécialisés… en tout. Et cette fois il faut faire sans Marie (notre chargée de production et logisticienne) qui ne fait pas partie du voyage. Lors d’une précédente tournée, elle avait passé de longues soirées, à l’hôpital, aux urgences car elle avait accompagné des artistes qui étaient malades. Pendant la tournée CCAS, cet été, elle s’était mise en quête d’un dentiste, pour moi, dès le deuxième jour de tournée. Pour le portrait de Terrasson, dès le départ, alors que nous venions de quitter Paris, il lui fallut, de nouveau, appeler Jane (la responsable de programmation du centre culturel) pour trouver et prendre un rendez vous chez un dentiste…

Demain soir, nous serons à Terrasson, j’ y arrive en train tandis que Jérémie et Pierre y vont en camion. Puis on fait la route tous ensemble pendant les quinze jours, en camion.

S.O.S Amor

On a mené une réunion de l’aube à midi et de treize à quinze heures. Avec Anne B., Marie S. ,Gilbert P. et Guy A., sur les moyens financiers de la compagnie et les finances à trouver pour tenir la route. On a épluché la liste des institutions qui pourraient nous donner un coup de main. On s’est aperçu, qu’après le renouvellement des équipes, ces dernières années, on ne connaissait pour ainsi dire plus personne. On a tenté de lancer des coups de fil S.O.S, de Strasbourg à St Nazaire. On va relancer des cartes de communication pour inciter tous les possibles partenaires financiers à venir voir la Brique au Montfort. Une carte qui laisserait la place d’écrire un petit mot personnalisé à la main pour tous ceux qu’on sait quelque peu sensible à notre démarche. Avec les années qui passent, ça va être de plus en plus dur, parce que les programmateurs s’intéressent davantage à la relève, à l’émergence, à la découverte de nouveaux talents. Quant à bifurquer maintenant, c’est too late. On va faire au mieux, et se battre comme des lions. Dimanche, on part pour quinze jours en tournée avec la Brique dans la Sud Ouest. On commence par Terrasson, qu’on connaît bien, et qu’on aura plaisir à retrouver.

Deuxième intervention à la fac d’Arras

C’était une bonne séance, à la fac, avec les masters 2, à l’université d’Arras. Il ne leur reste que six semaines de cours et puis elles partent en stage. Samuel enchaîne avec sa recherche de doctorat. Cette après-midi, on a parlé des Veillées, des réseaux de théâtre, de ce qui semble légitime au théâtre et ce qui ne l’est pas. On s’est posé la question de savoir qui décide qu’une oeuvre d’art en est une ou pas. Surtout depuis que Duchamp a révolutionné le regard et les critères artistiques. On a parlé d’art brut, du musée de Lausanne. Et en deuxième partie d’après-midi, on a fait un exercice d’autobiographie à partir de photos de famille que je leur avais demandé de ramener. On n’a pas vu passé le temps. En sortant j’ai croisé Pierre Laly (directeur adjoint de l’Hippodrome de Douai)qui intervient en Master 1 sur la construction d’un projet artistique. Et longuement discuté avec Loraine qui construit patiemment une oeuvre à la manière de Sophie Calle ou Christian Boltanski.

Une autre époque

Alex Fray travaille à Culture Commune, en résidence au 11/19, avec sa compagnie, Un Loup pour L’homme créée dans les années 2010 avec Frédéric Arsenault. Tous deux ont longuement travaillé à Hvdz sur Les Sublimes, Base 11/19 et les Veillées. On a discuté au bureau en début de semaine autour d’un café, parlé du 11/19 où tout a commencé avec F. Arsenault et Hvdz, quand Alex a remplacé Martin le porteur de Frédéric qui s’est blessé au cours des Sublimes (à Tours). Tout s’est fait grâce à Martine Cendre qui a provoqué la rencontre des deux acrobates-magiciens. Auparavant, nous avions rencontré ALex et Frédéric, chacun dans leur école, ALex à Châlons en Champagne et Frédéric à Montréal. A l’école de cirque qui se trouvait encore à l’époque dans la Vieille Ville. Aujourd’hui ce lieu superbe est le studio de danse de la compagnie québécoise Oh Vertigo. Alex et Frédéric se sont séparés ces derniers mois. Alex continue avec Un Loup pour l’Homme tandis que Frédéric est installé à Scènes Monestiers où, avec tous les danseurs et acrobates qui se sont installés dans ce petit village, il espère bien créer une dynamique artistique et culturelle qui mêle les arts de la scène, le cinéma et la population.

Un après-midi à l’université d’Arras

Christophe G. nous a une fois de plus donné un sacré coup de main. Il est venu à la fac d’Arras pour préparer tout le matériel informatique avant que ne démarre l’intervention de Guy auprès des étudiants en master 2, Arts de la Scène. On a toujours des problèmes informatiques quand il s’agit de brancher un ordinateur sur, en l’occurrence, une grosse télévision ou un quelconque vidéo-projecteur.. Cette fois, Christophe a dû solliciter l’aide d’un étudiant (Samuel) qui nous a dépannés d’un raccord spécial entre l’ordi et la télé. Je n’ai jamais connu de situation où ça marche du premier coup. Et quand on n’amène pas tout notre  matériel personnel, ça ne marche, la plupart du temps, pas du tout, parce que c’est toujours plus compliqué qu’on ne se l’imagine et que chaque matériel conserve toujours une part d’inconnu, pour qui ne s’en sert que pour la première fois.  Nous étions en avance et Samuel est très aimable et bienveillant. Christophe et Samuel ont résolu le problème rapidement. Donc, au résultat, tout a marché comme sur des roulettes.

Juste une mise au point

On va avoir du mal à joindre les deux bouts.  On a beaucoup de peine à trouver des partenaires, des théâtres qui veulent bien s’engager à nous soutenir. Comme dirait l’autre, la roue qui tourne tourne. Et…La lucidité est la blessure la plus proche du soleil. Mais on va garder les épaules sur la tête et donner le meilleur de nous-mêmes. Pourtant on a cru qu’on était reparti du bon pied. Faut encore qu’on se renforce, qu’on gagne en endurance et qu’on reste ferme sur nos fondamentaux.  Ce n’est que le début de saison, on a toutes nos chances, on va mettre les bouchées doubles même si franchement, je ne vois pas comment on peut en faire plus. Avec l’effectif qu’on a (trois avants costauds, quatre arrières invincibles), on peut tout de même penser qu’on va encore intéresser des partenaires (on va demander un coup de main à Gervais Martel). On reste confiant malgré la difficulté.

Est ce qu’il a neigé à Noël ?

C’est l’angoisse du dimanche soir. Se lever tôt demain matin. Prendre le bus pour aller au lycée. Auchel est à cinq ou sept kilomètres de Ferfay. Avec ma mère et ma tante, on est allé ce matin déposer des chrysanthèmes sur les tombes au cimetière, derrière la mairie. Il faisait un froid très vif. On aurait dit qu’il allait neiger. On avait bien rangé les fleurs dans une petite carriole. Il y avait beaucoup de monde au cimetière. Toutes les tombes étaient superbement fleuries. Quelqu’un avait mis des bougies sur une tombe. Sans doute une famille polonaise. Tout le monde semblait bien d’accord, s’il gèle cette nuit, les fleurs ne tiendront pas longtemps. On a mis tant de temps à les faire pousser, à les mettre en pot. A les arranger. Les emmener au cimetière dans la carriole, à pied, c’est aussi tout un cérémonial. Faut marcher bien droit. Ne pas faire l’idiot avec la carriole. Faudrait pas qu’un bouquet de chrysanthèmes s’écrase sur un autre. Jusqu’au bout, il faut faire bien attention. Ce soir il fait un peu moins froid. Il s’est mis à pleuvoir. La pluie est glaciale mais il ne devrait pas geler. On aimerait bien que les fleurs tiennent au moins une ou deux semaines.

demain c’est novembre

Un week end  bien mérité comme on dit. On est cuit. Marie disait l’autre jour en sortant d’un rendez pour un nouveau spectacle (ça vient de tomber) à inventer de A à Z (ce qui veut dire, pour elle, la communication,  la rédaction des prospectus, des invitations, l’organisation des journées de travail,  la répartition du travail en fonction du nombre de participants, tenir au courant les partenaires au jour le jour, visiter les salles où on va jouer…) j’ai l’impression que je me suis remis sur le dos une tonne de boulot.

Et c’est toutes les semaines comme ça. On a rythme fou. On intervient sur tous les fronts. Dans les usines, auprès des migrants, dans les quartiers populaires, un jour à Loos en Gohelle, le lendemain à Terrasson. Dans les écoles, dans la rue, on fait des spectacles dans les théâtres, on fait de spectacles dans les salles des fêtes, dans les prisons. On fait des spectacles déambulatoires avec et pour les gens. On fait des spectacles traditionnels. En France, à l’étranger. C’est exagéré pour une petite équipe comme la nôtre. Tu me diras, Hvdz reçoit des subventions, de l’argent public, ce qui vous fait vivre. Alors on a difficilement le choix, faut travailler. Pas jusqu’à n’en plus pouvoir. Mais notre mission relève du service public. Alors, on doit rendre des comptes, ne serait-ce qu’à soi-même.