Comme on dit dans le nord, j’ai le coeur qui tourne

Le vent souffle avec violence sur les collines de l’Artois. Quand on pense aux migrants dans leur bidonville, au milieu des dunes de Calais. Quelle horreur ! Dans leur mince abri de tente ou de bâche, comment peut-on laisser faire cela ?  Pourquoi ne pas reconstruire ce qui existait à Sangatte, il y a une dizaine d’années, un vaste hangar où les gens seraient protégés des intempéries. Ce hangar a existé jusqu’à ce que le ministre de l’intérieur de l’époque, N.Sarkozy ne détruise tout. Pourquoi le gouvernement actuel n’impose t il pas qu’on reconstruise des bâtiments similaires pour que les gens puissent se mettre à l’abri, se laver et se faire soigner. Aller vers l’autre, c’est avoir un peu d’égard pour soi même. Aider les gens, être à l’écoute, échanger, protéger, pour éviter que la haine ne s’installe durablement. La haine des autres et de soi. L’auto-destruction. La violence et la guerre.

l’intranquillité

Une journée calme. Pas d’intervention, pas de représentation, pas de Veillée, de Portrait, pas d’Instantanés, pas de transmission, pas de réunion, pas de porte à porte, pas de budget à rédiger ou de dossier à constituer… Cependant, on est très inquiet. Bientôt ce seront les élections régionales et on a très peur pour la région Nord-Pas de Calais-Picardie. A cause du Front National qui est donné gagnant par tous les sondages, à moins d’un sursaut populaire de dernière minute. Comment va-t-on continuer dans ces conditions, si tout tourne mal ? Ne pas s’en aller, rester là, bien sûr. Résister. Aurait-on jamais pu imaginer, dans nos rêves les plus tristes, que cela revienne un jour, que le pouvoir, fut-il régional revienne à des adeptes de la xénophobie, de l’autoritarisme, du nationalisme ?

On est tous les jours sur le gril, tous les jours

Vendredi soir. De retour de la capitale pour plusieurs d’entre nous pendant que d’autres continuent à oeuvrer intensément au bureau. Ou sur le terrain dans les environs de la Base 11/19. A Paris on se prépare pour la Cop 21 qui devait, avant les attentats de Paris, se délocaliser pour un jour ou deux à Loos en Gohelle. Mais, à cause des difficultés de sécurité, tout se déroulera à Paris. On avait prévu une intervention vidéo avec des images projetées sur les murs, le château d’eau et la tour du 19. Des images tirées des Veillées comme les Pas de Porte, ou des images d’une entreprise du nord qui respecte l’environnement à tous les niveaux de la fabrication de ses produits. A Paris, on a continué le travail avec les premières années de l’Esad autour d’impros, des écrits de Nadège P. et de son travail d’enquête et d’écriture avec les migrants à Calais. On va profiter du week-end pour dormir, avant une semaine à nouveau très chargée. A rappeler que la Brique se joue à Amiens-Nord, mardi soir, 1er décembre, au théâtre du Safran.

Troisième jour à l’Esad, à Paris

Passé un bel après midi à l’école supérieure des arts dramatiques, Place Carrée aux Halles de Paris. Avec les étudiants de première année en théâtre et mouvement. Nous sommes trois à coordonner les cours : Nadège Prugnard, écrivaine, Lucien Fradin et Guy Alloucherie. Les étudiants sont énormément sollicités. Certains de leur cours ont lieu à Rosny sous Bois, où ils pratiquent tous les mercredis du cirque. Ils ont des cours de comédie, de chant, de danse, de souffle et musculation. Et très régulièrement des intervenants, tel Hvdz, viennent pour une semaine ou deux, échanger, faire part de  leur expérience et de leur recherche . Aujourd’hui, on a beaucoup parlé de Calais et des migrants. Du travail d’écriture que Nadège P. a entamé, il y a plusieurs mois déjà, au travers de plusieurs résidences. La semaine dernière, elle était dans le camp de migrants de Calais, elle a rencontré des gens de partout et de tous horizons. Elle a engrangé des notes, des sons, des réflexions, des textes. On a mis une partie de cela sur la table aujourd’hui pour que les étudiants  s’en emparent et jouent.

Ceux qui vivent sont ceux qui luttent…

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front.
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C’est le prophète saint prosterné devant l’arche,
C’est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins (…)
V.Hugo

Pendant ce temps…

Tandis que Guy et Nadège sillonnent la France entre Calais, le sud-Ouest et La Capitale, c’est l’heure des dossiers de subvention au bureau pour notre ami Gilbert. Les dossiers sont à rendre dans 3 jours et c’est toujours un moment de plénitude, vous l’imaginez, que cette période administrative intense.

Gilbert et Marie ont également rendu à temps leur dossier de demande de subvention auprès du SPIP et de la DRAC pour la veillée à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis. Ouf!

Marie et Damien (de Culture Commune), on fait trois journées de porte-à-porte dans la cité des provinces à Lens pour le projet Ici et là qu’HVDZ, SIA habitat et Culture commune vont réaliser en mars sur cette cité. Le but était d’inviter les habitants à venir à la réunion organisée le 8 décembre pour leur expliquer les divers projets participatifs qui vont avoir lieu cette année sur ce quartier voisin de la base 11-19. Cela fait plus de 650 maisons.

Didier, Damien et Marie repartiront dès le 8 matin faire du porte-à-porte mais cette fois-ci, pour récueillir des témoignages, anecdotes sur la cité afin de créer des petites formes spéciales sur la cité pour les parcours spectaculaires organisés par Culture Commune en mars.

Concernant HVDZ, nous sommes très très heureux de retourner sur le terrain proche de notre base. La compagnie est beaucoup sur le terrain mais cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été présente sur le quartier et cela nous posait question depuis longtemps. Mais, avec le temps, tout s’arrange et nous revoilà sur Lens et Loos-en-Gohelle.
Merci Culture commune.

Cette après-midi, Anne et Marie partent en réunion à Loon-plage afin de préparer le portrait qui aura lieu tout début février là-bas.

La préparation du projet Qui Redoute la Parole Acte 2 est aussi d’actualité. La compagnie démarre dès le 14 décembre des ateliers de conversations filmées à la MPT La Martinoire à Wattrelos. Le but étant de récolter des témoignages, informations, paroles sur l’entreprise aujourd’hui, avant et après? afin d’avoir de la matière pour écrire un spectacle pour 6 salariées sur scène.

Mais, avant, moultes réunions et rendez-vous sont encore au programme car l’année est encore une fois, chargée et ce n’est pas pour nous déplaire.

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De la belle ouvrage

Plus de trois cents personnes ont vu cet après-midi le spectacle de l’association Brisons le silence, Plus jamais ça, mis en scène par Martine Cendre et Camille blanc. Un franc succès après des mois et des mois de travail. Le spectacle a été présenté dans la salle d’honneur de la mairie de Douai dans le cadre de la journée des violences faites aux femmes. Plusieurs représentations sont prévues dans la région pour les mois à venir. C’est une sacrée réussite qui part d’une envie de Martine et Camille de poursuivre la relation entamée avec l’association Brisons le silence, lors des répétitions d’ Aimer si fort à Douai. Les dames de l’association ont  assisté au spectacle. Après de nombreuses rencontres, des recherches financières et des soutiens institutionnels, le projet d’une création avec les femmes de l’asso sur les violences faites aux femmes a pu se mettre en marche. Aujourd’hui, avec la présentation de Plus Jamais ça, c’est une belle victoire sur l’adversité. C’est une victoire sur la violence et c’est la confirmation de l’engagement fort et solidaire de l’association Brisons le silence auprès des femmes qui subissent la violence des hommes. C’est aussi la force d’un lien entre des artistes, Martine cendre et Camille Blanc, une compagnie de théâtre, Hvdz et des acteurs associatifs et sociaux, dont le SIRA,  avec à sa tête, Stéphane Pinard,qui a permis que tout cela ait lieu. Depuis le début.