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En attendant Godot on écrit sur le bitume

Un grand merci aux élèves de la 5eme D ! On est retourné cet après-midi au Collège Pierre et Marie Curie, retrouver la classe de 5eme rencontrée la semaine dernière. Didier a d’abord commencé par proposer une scène de Godot filmée dans laquelle il donnait la réplique à un des élèves et lui soufflait son texte. La scène est une dispute entre Vladimir et Estragon. Une scène où il est question du Vaucluse, du départ et d’un souvenir flou. Certains élèves ont sorti une bonne colère de cette dispute…surtout les filles…Ensuite on est sorti dans la cour pour qu’ils dessinent sur le sol les calligrammes des poèmes qu’ils avaient  préparés. Ils ont envahis la cour. C’était intéressant de voir leur concentration, leur application, le choix déterminé du lieu où ils allaient poser leur forme.

–    « J’ai tenté seul un soir d’aller dans un pays où je n’ai pas accès. De villes bleues aux orgues du rivage ».
–    « La Montagne- La montagne qui parle à la neige. La neige qui parle à la montagne. La montagne qui trouve que la neige est belle ».
–    « Je suis coiffeur. Je suis heureux. Tous les jours je raconte des…
–    « Regarde-moi et pars loin d’ici pour que malheur soit fini. Une dernière fois si seulement je pouvais t’aider et arrêter de pleurer toute cette souffrance pour toi ».
–    « [ …], plus jolie que des violoncelles vous attendent au pont ».
–    « pour toi mon amour. Mon amour tu es tout pour moi. Désormais tu m’appartiens. Je t’aime plus que tout. Personne ne te remplacera. Tu seras toujours là pour moi ».
–    « […], tu seras pompier… »
–    « Je mentirais si je te disais que je te désire comme je t’ai toujours désiré ».

Sicile / 11/19 / Maroc

Dans la maison toute fleurie habite un monsieur qui nous a dit qu’il était sicilien, arrivé il y a quarante ans. Il a raconté qu’il a fait comme tout le monde, que tout le monde, à l’époque quittait la Sicile à cause de la mafia. Arrivé ici, il a eu la chance de ne jamais descendre au fond, mais il a travaillé aux mines longtemps, même après la fermeture. Il était au rail. Il a dû démonter tout ça quand ça a fermé. Il nous a raconté les connexions du bassin minier, sa carte à lui, qui dépend du réseau ferré.
Un voisin à lui est arrivé, un marocain, avec son fils, et ils ont fait semblant d’être racistes pour se moquer l’un de l’autre. Ça donnait l’impression que c’était une fausse querelle pour beaucoup de plaisir, cette discussion entre voisins, sous le soleil de la fin de journée, un jeu de répartie où tout compte pour du beurre.
J’ai proposé que les danseurs aillent dans la famille marocaine. Il m’a dit, c’est madame qui décide. On verra demain.
Et puis il a dit à une autre voisine qui passait par là que des danseuses allaient danser chez lui. Elle l’a pas cru, alors quand Dorothée et Mathilde sont passées par hasard, et qu’on les a présentés, elle a été toute surprise. Il était bien, ce dernier rayon de soleil entre voisins du 11/19.

Tremblay

Hervé vient de Tremblay-en-France, dans le 93. On y avait fait une veillée. C’est là qu’on l’a rencontré. On y a rencontré plein de gens. On y a été si bien accueilli, au théâtre Aragon, et dans les rues aussi, et dans les associations, qu’on parle de Tremblay avec le sentiment d’y avoir un peu vécu et avec l’envie d’y revenir le plus souvent possible.

un nuage de rien du tout

Hervé a dansé sur le plateau entre les deux grands terrils. Il y a une légende qui dit que de là haut, on voit la Belgique. Où commence la Belgique dans le paysage ?
Jérémie était quelque part entre le rond point de l’autoroute et la route de Bethune, pour filmer Hervé qui dansait là-haut. Hervé à dansé et c’était comme s’il dansait dans le ciel. On a fait une photo où il attrape un nuage. C’était un nuage de rien du tout tellement il fait beau aujourd’hui.
Hervé dansait en sachant que quelque part dans ce paysage, il y avait Jérémie et sa caméra. Étrange sensation, il a dit.

Les danseurs sont à la Base

Les danseurs son arrivés. On s’est retrouvé au collège Pierre et Marie Curie pour la récréation de dix heures.  Dès que les élèves sont sortis aussitôt un cercle s’est formé autour de la danse. Camille, Dorothée et Mathilde ont commencé par un adage et puis une danse  du spectacle Base 11/19. Ensuite Herve a dansé seul au milieu des élèves. Après la danse il a invité un élève à prendre sa place au milieu du cercle qui à son tour nous a fait une démonstration. Tout le collège était réuni dans la cour. Cet après midi on y retourne pour travailler avec  eux sur des textes qu’ils ont préparés avec leur professeur de français. Avant de partir on a bu le café dans le bureau de M. Fresko.

Rencontre avec Monsieur le Recteur de la mosquée de Lens

Trouver un universel qui est sur terre et pas dans les nuages On part chez le recteur de la Mosquée de Lens à la Cité 9. Pour lui, le travail est sur le terrain, dans des actions sociales concrètes. Son rôle c’est de faire le lien entre le cultuel et le social, de sortir du communautarisme pour trouver le culturel, le vivre ensemble. Et pour cela il nous dit qu’il faut être prêt à s’ouvrir et s’ouvrir c’est sortir de ses peurs et c’est surtout accepter de vivre ici, de s’emparer de la vie, de la réalité et de l’histoire. Pour lui si on casse une cabine téléphonique c’est parce qu’on se dit qu’elle ne nous appartient pas. Il faut que ça nous appartienne. Pour cela il prône des actions concrètes sur le terrain. Tout ce qu’on ne voit jamais dans les médias. Il ne négocie pas avec le spectaculaire, il négocie avec le temps, son meilleur allié nous dit-il. Pour cela ils organisent des rapprochements avec l’Eglise du quartier, avec l’Abbé Bécart, ils rompent le jeûne ensemble pour le Ramadan, ils ouvrent les lieux de cultes aux différentes communautés.  Les lieux de culte nous dit-il sont avant tout des architectures fraternelles, les murs ce n’est rien…Pour lui la religion ne doit pas être une revendication identitaire, ce n’est pas ce qui doit lier une communauté et surtout l’isoler. Il nous dit qu’ici, dans l’ancien bassin minier du Nord pas de Calais, le dénominateur commun c’est sans aucun doute la mine. La mine a ramené les différentes cultures à une culture commune, et c’est sur ce dénominateur commun que l’on doit se retrouver, dans notre histoire commune, nos réalités quotidiennes. Et même s’il reconnaît que les manifestations de violence ou de revendications identitaires ont un lien avec les pages qu’il manque à l’histoire, avec le mal qui a été fait aux pères, il revient sur le fait que c’est par l’éducation et le respect de l’autre que l’on s’approprie les choses.