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Rien ne finit Tout commence

Le 14 et 15 octobre 08 nous avons diffusé le film de la Veillée à la Base 11/19. Le travail continue. Nous inventons de nouvelles actions. Nous écrivons des petits livres sur chacune de nos actions que nous distribuerons gratuitement. Nous demandons aux gens qui ont vu les Veillées de nous en parler. Pour approfondir. Pour aller plus loin. Pour que chacun donne son avis. L’histoire de la Veillée, c’est l’histoire du quartier. Le personnage principal de nos actions c’est le quartier.  Donc nos travaux sont basés sur la rencontre. Aller à la rencontre. Par tous les moyens, photo, vidéo, écritures… Déambuler, errer, marcher. Prendre le temps de la rencontre et du dialogue. L’œuvre est dans la démarche. Ces quelques jours de Veillée permanente précèdent trois semaines de Veillée Formation qui auront lieu début décembre. Au plaisir de vous rencontrer… Les Veillées sont réalisées par la compagnie H.V.D.Z et Culture Commune.

Martine a rencontré  Mme et Mr Depré qui ont assisté au spectacle de la Veillée

Ils nous ont dit:

Nous sommes venus à la dernière séance, j’en ai eu les larmes aux yeux de voir tout ces gens qui passaient. On a vécu avec tous les gens du coron qui travaillaient encore à la fosse. Ma femme a travaillé 20ans comme aide à domicile pour les personnes âgées, elle faisait tout à vélo, elle a entendu toutes les histoires du passé. Sa mère était lampiste au 14, et son père travaillait aux mines.
Avant ici y’avait le train qui passait, le triage, tôt le matin. Tout ça a été démonté en quelques jours, la nuit, par les belges. Ça m’a fait un coup. Plus de voies, plus de traverses, plus rien. Avant on était au 14 et là ça tournait plein pot.
On habitait route de la Bassée dans un coron, on vivait à 13  dans la maison des mines, les parents dormaient dans la cuisine, les 7 filles dans une chambre et les garçons dans l’autre. Sans salle de bain, les toilettes dehors, la cour, la buanderie. Mon père se lavait dans un chaudron, ma mère elle lavait ses cheveux avec son béguin, elle le lavait jusqu’au torse et après on devait sortir. Ils ne voulaient pas se laver à la mine.
Quand mon père rentrait on prenait dans son sac le pain d’alouette.
On allait chercher le flou avec une brouette et des seaux. On a connu les grèves. Mon père s ‘appelait Victor dit « Toto ». Quand il a été très malade, à la mine ils faisaient des quêtes quand on allait chercher la paie tous les 15 jours, y’avait une boîte marquée « Toto ». A la mine y’avait une belle solidarité.
Ici dans le quartier je sais pas si vous avez remarqué mais y’a pas beaucoup d’hommes, y’a beaucoup de veuves. J’aime bien notre cité plutôt que les longs corons comme dans la rue jules Guesde. Ici c’est tranquille. On est bien.
Pour la veillée, c’est la première fois qu’on allait à Culture commune, on recevait des prospectus mais bon. C’est ma fille qui a réservé 6 places. Elle est institutrice à Pasteur. Les danses c’étaient bien, pendant que les gens étaient sur le pas de leurs portes, on les reconnaissait, les dialogues aussi c’était bien.
On est bien là dans le quartier, on est tranquille. Bon c’est vrai il ya beaucoup de chômage et les jeunes n’ont plus de repères, plus de but. On « descend », le travail, l’argent, tout ça, c’est dur maintenant, pour tout le monde.

Troisième jour de la première série de V.P

On s’est mis du travail par dessus la tête. C’est déjà le dernier jour de le première série de Veillées Permanentes. Ce soir on devrait avoir nos quatre ou cinq petits livres qu’on va pouvoir distribuer sur le quartier sur nos différentes actions. On voudrait faire un tirage couleur pour l’un d’entre eux. ll faut que ça parte à l’imprimerie ce matin. On va distribuer ces petits livres en fin de journée et on en laissera quelques uns  à l’accueil de Culture que les gens pourront emmener en passant. Il y a plein de gens du quartier qui viennent à la base pour nous dire bonjour et prendre la photo avec Jérémie.  Cette Veillée permanente a aussi été l’occasion de penser à la Veillée du mois de décembre dans le cadre des rencontres avec les Chantiers Nomades. On a préparé un planning serré pour tous les stagiaires qui participeront à cette rencontre, stage, formation, recherche, où il est question d’imaginer comment à partir d’ action artistique et culturelle sur les quartiers,  de récoltes de paroles vraies, on peut faire et une veillée et un film de cinéma. Avec toute l’équipe HVDZ, Philippe Piazzo et Daniel Corman. Toute l’équipe est à pied d’oeuvre et les gens du quartier depuis la Veillée d’octobre sont très ouverts à nos propositions. Et nous aux leurs.

Deuxième à droite, troisième à gauche…

A 12H25 A partir de la base je prends la deuxième à droite Puis la rue du Béarn à gauche Obligé, parce que je suis au bout de la rue de Provence Et j’avance dans la rue de Béarn Au niveau de la rue du St Esprit, la chapelle St Pierre fait l’angle de la rue St Esprit. Je croise des jeunes gens à qui je raconte ce que nous faisons sur le quartier, une Veillée permanente. Je continue rue de Béarn. Gros vent. Rue totalement déserte. Affiches qui annoncent un cirque le 8 mai à 18H. Des affiches délavées. J’ai mis un tract au numéro 9 de la rue de Béarn. J’ai croisé un homme avec une trompette qui m’a dit qu’il était venu à la Veillée et qu’il vient souvent à Culture Commune.
A 12H 29 Je longe un jardin, une haie très haute d’au moins trois mètres. Gros vent. Une voiture est garée devant une maison. Une dame est montée dans la voiture. Je lui donne un programme de Culture Commune par la fenêtre de la voiture. Elle me dit que son mari a travaillé là bas, au 11/19.  Je descends la rue du Bearn.  Derrière moi je vois un terril, dans la perspective de la rue. J’arrive au bout de la rue de Béarn Je prends la rue du Limousin. Deux panneaux, rue du Limousin et rue Jules Verne. Je prends la rue du Limousin à droite. Des nouvelles maisons se construisent.
12H32 Maison grillagée qu’on rénove Quartier en pleine reconstruction Maison en bois en parpaings et en brique. J’arrive rue du Poitou. Je continue. Je descends la rue du Poitou et j’arrive le long de la ligne de chemin de fer.  Je tourne vers la gauche. J’arrive au passage à niveau en bas de la rue de la fosse, au bar le phénix où a eu lieu la  première interview des Veillées avec Kader. Passage à niveau.
12H36 Rue Léon Blum à droite. Je suis allé à droite sur le quai de la voie de chemin de fer. Arrêt Loos en Gohelle. J’ai marché le long du quai.  Je suis au bout du quai. Gros vent. Je distribue des programmes à deux personnes qui attendent le train de Lille. Des jeunes gens du collège Pierre et Marie Curie. Ils me disent, vous travaillez le 11 novembre, vous, sous la pluie et dans le vent ? Champ de mais tout au bout du quai, clocher d’une église de Liévin au loin, des nuages à toute vitesse.
12H41 Le long de la voie de chemin de fer. Des détritus. Gros vent. Beaucoup de sacs poubelle. Des fleurs en plastic.
12H45 Le long de la voie ferrée. Beaucoup de verre. Des bouts de bois cloutés.  Des abat-jour en forme de boule. Je pourrais me prendre pour un train .Je pars sur le droite et je remonte  vers le 11/19.
12H50 Je prends la direction de Loos en Gohelle je remonte vers le 11/19 sur la rue principale je croise la résidence René Dumon. Je suis à l’arrêt de bus Alsace. Je donne un programme à une dame à qui j’explique que nous faisons des Veillées . Me regarde, incrédule. Il pleut averse. Je continue cette route Je vais distribuer des programmes de Culture Commune dans les boîtes aux lettres. Un jeune homme appelle un ami en criant son prénom devant chez lui.
12H57 Rue Emilienne Moreau à gauche. On a fait la veillée ici il y a cinq ans à peu près. Les mêmes tourments. Toute petite boîte aux lettres. J’arrive à peine à glisser le programme de Culture Commune. J’arrive devant une maison où des gens on construit un arc de triomphe en arbuste devant chez eux. Je pars à droite rue St Pierre. Je continue dans cette rue et je rattrappe la rue de Le Fosse. Retour au 11/19.

on court partout

On court partout. Cette veillée permanente nous a donné beaucoup d’envies et d’idées. On arpente les rues. On fait des rencontres, on écrit des textes, on prend des photos.
Et avec tout ça on délaisse un peu le blog.
Aujourd’hui Martine est aller revoir des gens qui avaient assisté à la veillée.
Jérémie a continué les portraits. Il a aussi repris l’itinéraire que Guy avait fait hier – première à droite, deuxième à gauche, troisième à droite…- pour faire des photos. Aujourd’hui -12 novembre- le long de la voie ferrée, il y avait beaucoup plus de trains qu’hier -11 novembre- forcément.
Flora a refait tout l’itinéraire qu’elle avait fait hier avec Berthe pour photographier tous les lieux dont elle a parlé. Berthe a dit « à l’époque on faisait tout à pied ». Flora est revenue bien fatiguée d’avoir, elle aussi, tout fait à pied.

Figures de l’errance de Alexandre Laumonier

L’errance a de nombreux visages et revêt différents aspects. Elle peut relever du déplacement physique, mais aussi d’un cheminement intellectuel, ou encore d’une pathologie mentale. Errance de la pensée, de l’esprit, de l’imagination vagabonde, errance de la recherche, de la réflexion, de l’écriture. L’errance en réalité nous est à tous familière, ne serait-ce que lorsque nous nous abandonnons à nos pensées, à nos rêveries. Errance immobile. La vie peut comprendre des errances occasionnelles voire être une longue errance. Nerval, Hölderlin, Nietzsche, Genet, Kerouac et tant d’autres, eurent des années ou une vie d’errance. Le thème de l’errance, faut-il le rappeler, est souvent présent dans la littérature et au cinéma. L’errance intrigue, fascine ou au contraire, inquiète. On s’y jette, on y tombe, on y résiste ou encore on s’en préserve. Mais à quoi renvoie-t-elle ?

L'après midi du premier jour de Veillée permanente, le 11/11/08

Flora est partie avec Madame Caron qu’on avait rencontrée à l’occasion de la veillée de la Base 11/19. Qui va l’emmener d’un endroit à un autre du quartier. Des endroits qui comptent pour Mme Caron.  Et puis elle fera le tour du quartier avec Julien qui a démarré la vidéo à Culture Commune il y a bien des années et qui aujourd’hui en fait sa profession. A la Fabrique des gens du quartiers viennent se faire prendre en photo par Jérémie. Martine et Didier ont réalisé la maquette d’un petit livre qui va raconter l’action artistique qu’ils ont menée ce matin, des photos prises dos à dos à cinq minutes d’intervalle au long d’une errance d’une heure sur le quartier. Ils sont, à l’heure qu’il est partis à la rencontre des jeunes de la Place Lorraine. Arnaud va d’une maison à une autre et invite les gens à venir nous voir au 11/19. Demain après midi Martine verra le père d’une institutrice du quartier qui est venu à la Veillée, pour discuter avec lui de la Veillée dans l’idée d’en faire un autre petit livre. L’idée de cette Veillée permanente, c’est l’errance et plein de petits livres.