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manifeste

On a parlé des élections européennes. On est allé à Télé Gohelle. On a parlé des Veillées et des élections européennes. On s’est inquiété du score du Front National dans le Pas de Calais. On nous a dit, mais si quelqu’un vous dit qu’il vote pour le Front National. On a dit qu’on répondrait qu’on n’a rien à faire des idées du Front National et que si on fait des Veillées c’est pour mettre en valeur les quartiers populaires et pas pour faire circuler les pensées haineuses du Front National. Que de toute façon on n’en parlerait pas dans la Veillée. Que si on en parle c’est de manière générale. Qu’on resituerait tout ça dans un contexte plus global. Dans un contexte de mondialisation, de crise économique capitaliste et de casse sociale. Que bien sûr que non qu’on ne fait pas mystère de nos opinions politiques. On a dit aussi qu’on ne peut pas faire ce qu’on fait sans prendre parti. Qu’on le dit dans les textes politiques qui sont lus le soir de la veillée. Que ces textes sont importants parce qu’ils permettent de savoir à quel endroit on se situe politiquement et que ça donne du sens à ce qu’on fait. Parce qu’à Télé Gohelle on nous a dit vous faîtes tout ça pour quoi, c’est le folklore qui vous intéresse?- Non, c’est parce qu’on se dit que le monde ne tourne pas rond et qu’à notre petite échelle de compagnie d’artistes vidéastes, plasticiens, comédiens, danseurs, on peut faire quelque chose pour qu’aient lieu des rencontres ou des rassemblements comme le soir de la veillée qui questionnent le monde pour plus de justice sociale, d’égalité et de partage des richesses. On s’est dit qu’on ferait un texte là dessus, tous ensemble. Comme un manifeste.

on dirait Vegas

Depuis le Centre de formation où on mange le midi, on marche par la voie ferrée pour rejoindre le bas de la cité des cheminots, le nouveau quartier tout neuf .
Le long de la voie ferrée il y a quelques wagons-école. Il y a des fleurs de ballast, des restes de pétards – qui servent de signal stop et qui ressemblent à des pelotes à épingles de couturières – et puis il y a les deux terrils, au loin.
Dans le quartier tout neuf, il y a des ouvriers qui nettoient les trottoirs. Jérémie les filme. Ça fait un nuage de poussière. La rue est bientôt finie, mais il y a encore des tas de gravats, avec des chardons. Il y a un contraste étrange entre cet aspect de terrain vague, et les maisons éclatantes. Jérémie aime cet endroit, et aussi les colonnes grecques devant la porte d’entrée d’une des maisons. On dirait Las Vegas.

elle est encore là

On a rencontré monsieur Lempicki, qui tient, avec sa femme, le débit de tabac, le commerce résistant de la cité des cheminots.
C’était une agréable rencontre. On se dit, en sortant, que Monsieur Lempicki fait partie de ces gens qui rendent les a-priori impossibles. Un homme-surprises : flic à la retraite, gauchiste convaincu, qui tient un bureau de tabac, qui peint – ou plutôt barbouille, comme il dit lui-même – et joue dans un groupe de rock-blues-boogie.
On a parlé du quartier, de la disparition des syndicats, de la lourdeur du poids du passé dans la région, et en même temps de l’attachement qu’on peut avoir à un territoire qui a autant d’histoire. On a parlé de la TV et puis de la grande distribution, de la pub, qui tuent la vie collective, la solidarité. On se dit que c’est aussi un choix d’en haut, de tuer la solidarité entre les travailleurs, de faire disparaître la classe ouvrière alors qu’elle est encore là… Elle a changé de nom, elle a été morcelée, divisée, mais elle est encore là.

profiter du dimanche

Profiter du dimanche pour arpenter Méricourt, voir ce qu’il y a autour de la cité des cheminots. La cité du Maroc, redescendre jusqu’à la voie ferrée puis le chemin cyclable et de randonnée qui serpente dans les broussailles. La place de la Mairie, la salle Jean Vilar, tourner encore, autour de l’église, et puis plus loin dans les rues. Remonter vers la fosse 4, en passant par le rond point des droits des enfants, la mini-mine décorative, la locomotive, le bossu, puis vers le 3 en remontant la rue Pierre Simon. Il y a du monde dans les rues. Des jeunes qui discutent, qui attendent Godot. Visiter la halte Sncf Corons de Méricourt. Marché aux puces à la cité du 3, autour de l’église. Il y a plein plein plein d’enfants à vélo. Retour par la rue Pierre Simon. Maison des jeunes. Étrange place Germinal. Cité du Maroc. Résidence Henri Hotte.