Epidème en janvier

Du 25 au 29 janvier, on est allé faire le portrait du quartier de l’Epidème, à Tourcoing. On s’est installé à l’étage de l’Atelier Electrique. Rue de la Tossée. L’Atelier Électrique, c’est une sorte de QG ouvert au public pour les travaux qui ont lieu dans le quartier. La rue Stephenson et la rue de la Tossée sont en réhabilitation après une histoire chaotique ponctuée par des expulsions, des expropriations, des destructions, et tout.
A l’Atelier Électrique se construit, de jour en jour un quartier réhabilité avec les habitants, avec des architectes, un jardinier, des médiateurs.
Le quartier a vécu au rythme de la Tossée, cette énorme usine textile qui a maintenant fermé ses portes. Reste la cheminée, quelques bâtiments, et le quartier autour, avec ses belles maisons de briques.
Il y a des habitants militants, dans l’impasse Stephenson et la rue de la Tossée. Il y a cette association Rase pas mon quartier qui s’est battue – et a gagné – pour préserver les maisons d’origine, contre la destruction. C’est grâce à eux que ce projet de réhabilitation a vu le jour.
Au fil des rencontres et des promenades, on a rencontré de nombreux habitants, et puis on est allé à l’Espace Jeune, au restaurant de la boule d’argent, à la bourloire de la Concorde à l’épicerie Damani, où on a rencontré Madame Minion.
Au fil de nos errances rue de la Tossée, de nos allers et nos retours, on a croisé mille fois les ouvriers qui travaillent déjà à la réhabilitation de plusieurs maisons.
Aujourd’hui, elles sont nombreuses, les maisons vides, qui attendent les réhabilitations pour se louer ou se vendre à nouveau.
A l’atelier électrique, il y a une maquette du quartier, du futur quartier, sur laquelle chacun peut intervenir, pour voir, pour essayer, imaginer, rêver…

Lionderie en janvier

Du 11 au 15 janvier, on est allé à Hem, pour faire le portrait de la Lionderie. On s’est installé dans les loges du théâtre de l’Aventure. On a été reçu très chaleureusement par l’équipe qui travaille là, par Jean-Maurice Boudeulle, le directeur et fondateur du théâtre, et aussi par Rachid Bouali, comédien, et Rachid Saadi, qui travaille à l’antenne sociale de la Lionderie.
Géographie de la Liondrie : c’est tout petit. Un quartier qui fait comme une boucle. Une cité transit qui n’est plus transitoire, qui est restée telle quelle depuis quarante ans et à laquelle les habitants se sont attachés. Des maisons qui ont été construites en série pour accueillir des familles nombreuses aux revenus modestes. Maintenant, c’est moitié de locataires, moitié de propriétaires, alors il y a comme une frontière imaginaire.
La Lionderie fait une boucle, donc, qui pourrait partir du théâtre de l’Aventure, ou alors de l’antenne sociale. Une petite boucle où tout le monde se connaît. Une boucle de gens qui viennent de passer trente ans ensemble. Encore que, on entend dire qu’il y a des nouveaux habitants, mais que c’est pas pareil, qu’ils sont moins dans la vie de quartier.
Il y a une épicerie qui fait le coin, avec de beaux étalages, tous bien disposés.
On est allé à l’école Jules Ferry, juste à côté du théâtre de l’aventure, et puis au collège Elsa Triolet.
Dans le quartier, on entend parler du textile et des filature, de la fin, surtout, des filatures.
On a passé du temps à l’antenne sociale, pour rencontrer des mères de famille, des ados, des filles et des garçons, plein de monde, parce que l’antenne sociale, grâce aux actions de Rachid Saadi, est un cœur de quartier vivant et chaleureux. Il y a eu une soirée couscous pour nous rencontrer, pour nous accueillir. Délicieux couscous si généreux et joyeux !
Dans le quartier, tout le monde va au théâtre, ou fait du théâtre, ou en a fait, on a jamais vu un truc pareil, on se dit. Toute la semaine, à chaque fois qu’on parle de ce portrait qu’on est en train de faire, au fil des errances et au hasard du porte à porte, on s’étonne et on se réjouit de l’ouverture des habitants à toutes les formes de théâtre. La présence du théâtre de l’aventure et l’acharnement de l’équipe ont fait des miracles.
On a eu du monde au spectacle, on a dû jouer deux fois, sur ce joli petit plateau de cette jolie salle du théâtre de l’Aventure.

Bois blancs en janvier

Du 4 au 8 janvier, on est venu faire le portrait des Bois Blancs, ici, à Lille. On s’est installé à la salle de la concertation, juste à côté de la mairie annexe, et on a découvert le quartier peu à peu, au fil des rencontres, des interviews, des errances, avec nos appareils et nos caméras.
Géographie de Bois Blancs : Il y a d’un côté l’avenue de Dunkerque, avec le métro Bois Blancs, et de l’autre les berges de la Deûle. Il y a Euratechnologies de l’autre côté, loin. Les bois blancs sont une île. Des ponts aux deux bouts de l’avenue de Dunkerque. A côté de la salle de la concertation, il y a l’arrêt de bus, et en face, les Aviateurs, des barres d’immeubles qui longent la Deûle. Des barres d’immeubles massives. Juste à côté, il y a l’école de musique et le Chalet. Le Chalet, c’est à la fois un lieu et une association, pour et avec les jeunes du quartier. Il y a aussi la maison de quartier, à côté de la mairie annexe, entre les petites maisons de ville et en bas des immeubles. La maison de quartier est foisonnante d’activités, comme par exemple, Café crème et thé à la menthe, où tous les après midi, des habitants de réunissent pour un moment de convivialité, autour d’une partie de cartes ou de dominos. Il y a aussi des cours d’alphabétisation, une salle informatique, et tout. Un peu plus loin, il y a l’espace familles, où les habitants du quartier peuvent se réunir avec les enfants, autour d’activités et d’actions bénévoles. Il y a aussi l’espace Pignon, et puis l’école Desbordes-Valmore où il se passe plein de choses, comme cette pièce de théâtre que l’on était allé voir, un soir, un spectacle de la troupe des Saltimbanques De Fortune, SDF.
On est allé aussi au Lycée professionnel Jean Monnet, pour faire des pas-de-Couloir et des Godot.
Au fil des quartiers, on a égrainé plein d’actions : des portraits chinois, des pas-de-porte, des interviews, des travellings à la main, des citations, des portraits-citation et puis Godot, et les pas-de-couloir, donc. On a égrainé plein d’actions et rencontré tant de gens.
En janvier, à bois blancs, il neige.

des identités et des universels, partout.

Portraits de trois quartiers différents, trois histoires différentes, avec des habitants fédérés autour d’actions, d’activités, de structures associatives ou sociales différentes.
On a vécu de magnifiques moments dans chacun des quartiers, et maintenant, à l’heure de croiser les portraits, on se demande ce qui les lie ou ce qui les distingue, quelles identités pour quels universels ?
Trois mois après notre passage, comment raconter ces quartiers, comment résumer ce que l’on a reçu ? Pas de comparaison, on se dit, mais des parallèles. Décrire chacun, et qu’avec ça, les parallèles apparaissent d’eux même. Et les universels sont toujours là : envie d’être ensemble, dénoncer ce qui marche sur la tête essayer de vivre malgré tout et agir pour changer, se battre contre les injustices, partout.

Rose

Quand on est venu à Bois Blancs en janvier, bois blancs était blanc de neige. On revient et devant le Grand Bleu, tout est rose de pétales. Les pétales des cerisiers du japon, encore, ceux dont on parlait à Loos-en-Gohelle en 2007, ceux dont on parlait il y a dix jours, dans le blog, dans la promenade de Loos, ceux dont parlait Chris Marker dans Sans soleil.