le mouvement du groupe

Jérémie est un chef d’orchestre. Il a préparé et allumé sa caméra, face à un banc, dans la cour. Il invite les enfants à s’installer. Installez-vous comme vous voulez. Un peu plus serrés, à droite, pareil à gauche. Voilà, attention, une minute, on sourit, cinq secondes. Non, on compte dans sa tête. Voilà, bravo. Merci
Et pendant ce temps là, ça filme, ça enregistre, depuis l’arrivée, jusqu’au départ. C’est de belles images, un peu comme les portraits sur les pas-de-porte, figer le temps qui continue. Le vide et le silence du début et de la fin, et entre temps, le temps et le mouvement. Laisser faire le mouvement du groupe, son architecture, son organisation. Et chaque enfant dans le groupe, son parcours, sa place, son image.

l’heure qui s’étire juste pour le plaisir

On a passé une bonne partie de la matinée à l’école Jules Ferry. C’était bien. On a fait jouer En attendant Godot à des CM1 et des CM2, et puis Jérémie les a filmé le temps d’une photo de classe mouvante. Il a aussi fait des portraits et pour finir, il a fait les followings : il les a suivi avec la caméra à l’épaule, pendant qu’ils marchaient dans les couloirs, montaient les escaliers, parcouraient les chemins de leur école.
Dans la classe de CM2, il y a de vrais comédiens en herbe, qui fréquentent le théâtre de l’Aventure et qui se mettent vraiment en colère quand Vladimir les titille.
A la fin de l’heure – l’heure qui s’étire juste pour le plaisir – les enfants ont posé des questions, plein de questions, sur tout autour de ce qu’on fait, sur le choix du texte, sur le Vaucluse et Roussillon (Le Vaucluse, mais qui te parle du Vaucluse ? demande Gogo/Estragon) et pourquoi tout est rouge, sur comment fonctionne une caméra, ou un appareil photo, sur les champs-contre-champs, sur la lumière, sur les mouvements de caméra et le montage. Les questions sont incroyablement pertinentes et c’est un vrai plaisir d’y répondre.
Un beau moment.

le couscous était délicieux

Rachid Saadi connaît tout le quartier et il est d’un dynamisme détonnant. La soirée couscous qu’il a organisée, avec le Grand Bleu, et avec – à la cuisine – Nora et Kadidja, était très chaleureuse et généreuse. La salle de l’antenne sociale était toute belle, avec des tables de couleurs. Il y avait un monde fou. Toutes générations confondues. Des grands-mères et des petits enfants, des mamans et des ados. Plein de monde. Et le couscous était délicieux. Et les petits beignets à la noix de coco, et le thé à la menthe.
C’était vraiment une bonne soirée aussi parce que ça nous a permis de rencontrer plein de gens. En une semaine dans le quartier, on a peu de temps et on court partout. Grâce à cette soirée, on aura rencontré encore plus de gens, dans une ambiance très conviviale.
Merci.

Errance

On a fait du porte-à-porte toute la journée de lundi. Et on a passé une journée étonnante. On a commencé par aller sonner dans une rue où deux personnes ont accroché des rétroviseurs à leurs façades de telle manière à voir qui sonne à leur porte depuis leur cuisine. Et puis il faisait tellement froid qu’on avait un peu de scrupules à demander aux habitants de sortir de chez eux pour poser devant leurs portes. Et puis on a rencontré une dame qui nous a dit que c’était l’heure du match de l’Algérie dans la CAN, et donc de revenir deux heures après. Des personnes en voiture se sont arrêtées pour nous demander ce que nous faisions. Une dame nous a parlé de ses voisins en nous expliquant qu’on était dans la partie du quartier qui comportait surtout des personnes âgées parce que ce sont des maisons de plain-pied. On nous a montré un ancien chemin barré par des barrières et du fil de fer barbelé parce qu’il y avait eu des problèmes de voisinage. On était beaucoup et chacun allait sonner à une porte, ça faisait comme une étoile. On a rencontré énormément de gens qui connaissent le théâtre de l’aventure et Jean-Maurice. On a croisé une autre partie de l’équipe qui faisait aussi du porte-à-porte et on s’est refilé les bons filons des gens les plus accueillants. Et on a marché. Et on a sonné. Si bien qu’on a fait beaucoup de portraits d’habitants sur le pas de leurs portes. Et c’est toujours une aventure incroyable. L’aventure n’est finalement peut-être qu’un état d’esprit.

on est nombreux

En porte à porte, l’équipe qui fait la récolte des photos d’objets a croisé l’équipe qui fait les portraits sur les pas de porte. Même rue, à quelques dizaines de minutes d’écart. Puis ils ont croisé encore l’équipe qui fait des interviews. On est nombreux et le quartier est petit.