Nadia et Nathalie et Coucou

CMP – Les Quatre Cents Coups. Rencontre avec Nadia et Nathalie. La discussion avec Nadia était particulièrement éclairante et éclairée. Nathalie est arrivée après-coup et nous a offert la lecture d’un texte-poème sur le métier de thérapeute familiale qu’elle a écrit dernièrement. Nathalie est écrivaine, elle est passionnée par les mots comme par son travail. Ses mots traduisent ce qu’elle vit au travail. Ses mots travaillent ce qu’elle vit. Ses mots viennent la travailler tous les jours. Et prendre du sens avec sa vie et son travail. Elle est attachée aux mots. Des mots pour dire. Nathalie précise « des mots à dire ». Nathalie est clown. Son clown s’appelle Coucou. Il est là. Quand l’occasion se présente, il prend la parole quand la personne ne suffit plus. Nadia nous a expliqué la situation des jeunes adolescents par ces temps d’incertitude et de covid. Nadia a toujours su qu’elle voulait faire un métier de soin. Quand elle a eu la possibilité de travailler à l’EPSM des Flandres, elle s’est porté candidate. Elle a été engagée parce qu’elle a fait comprendre au concours que l’EPSM ne pouvait pas se passer d’elle. Depuis toutes ces années, elle est en harmonie avec ce qu’elle fait. Aujourd’hui, elle est thérapeute familiale mais n’en finit pas d’apprendre dans ce domaine et de rester à l’écoute utile des familles et des jeunes gens qui la consultent. C’est un échange. Et dans cet échange, les gens ont la possibilité de retrouver le bien-être et l’envie.

GEM, c’est atout Cœur

« Le GEM, c’est le meilleur médicament. »
Dans cette maison  On partage  On est heureux  On papote  On rêve  On joue  On fait des erreurs  On se pardonne  On s’écoute  On est une famille  On aime recevoir   On cuisine On dit merci  On s’aime  On se détend  On se chamaille  On boit du café  On rit  On profite de chaque instant.
« L’amour, ça m’a guéri. »

* GEM : Groupe d’Entraide Mutuelle !

Lundi au collège Lucie Aubrac et sur le Banc Vert

Une chaude journée d’été à Dunkerque. A la maison de quartier du Banc Vert, on multiplie les rendez-vous. De la vice-présidente et élue au conseil des parents d’élèves du collège à Géraldine Vanmeenen, assistante sociale ou encore Alexis Leclercq, directeur de l’école élémentaire. On a revu Abdel au city-park qui jouait au basket-ball. On fait le tour des questions avec les un.e.s et les autres, sur la famille. Qu’est-ce qui fait lien ? La relation des parents aux écoles. Comment se construisent les collaborations ? Qu’est-ce qui a changé dans les familles des temps modernes ?  Comment vit-on au Banc Vert ? Tout le monde nous parle de l’entraide et de la solidarité des habitants. La vice-présidente de la maison de quartier explique qu’une bénévole du quartier tient une permanence pour les dons. Les gens apportent ce dont ils et elles n’ont plus besoin qui est transmis à celui ou celle qui en fait la demande à la permanente des donations.

Au Banc Vert, On nous a montré. Objets #1

Au Banc Vert, on propose aux habitants du quartier, pour une séquence du film-spectacle, de nous montrer un objet qui leur tient à cœur. On nous a montré :

. Une main dessinée. (Lors du porte-à-porte, dimanche, dans l’immeuble Dordogne.) « C’est la main d’mon petit, il a 4 ans. On a fait le contour de ses mains sur une feuille et il a colorié. On est séparé depuis 2 ou 3 ans avec sa maman. Elle est un peu abîmée la main, parce que j’ai un chat, il est jeune, il joue avec tout ce qu’il trouve. Il a joué avec les mains, elles se sont déchirées. Ce chat, il a même fait tomber les rideaux… »

. Une boite à bijoux. « C’est une boite qui me vient de ma maman. C’est une boîte qu’elle avait et que je voyais déjà quand j’étais petite. C’est un souvenir de ma maman, décédée du covid en même temps que mon papa en février dernier. »

. Un agenda et un téléphone. (Lundi, dans l’immeuble Limousin, c’est Béatrice, retraitée – et très active -, qui nous montre ça.) « L’agenda, important, en tant que présidente de la maison de quartier du Banc Vert, j’ai plein de réunions, je me dois de me tenir à jour ! J’anime l’atelier neuro-fitness, on a des réunions « Choudoudou », il faut que je sache tout. Et mon téléphone – ne riez pas les jeunes  !- il est devenu très précieux pour moi. J’ai tout dessus : mon alarme, toutes mes photos, c’était la cata. Je l’avais perdu, mais la générosité et l’honnêteté existe, on me l’a ramené, merci monsieur encore ! Puis y’a messenger et whatsapp pour envoyer des photos à mes filles. »

. Une tablette. (Lundi, dans l’immeuble Limousin également, Christine, retraitée aussi.)  » Moi c’est ma tablette, parce que j’adore le scrabble, et comme ça j’apprends des mots. Pour le neuro-fitness ou alors quand on joue au scrabble, à la maison de quartier : grâce à ma tablette, j’ai tous les mots dans ma tête ! On n’est jamais trop vieux pour apprendre. Tous les jours on apprend des nouveaux mots. »

L’équipe du parking

Hier, lorsqu’on a visité le quartier, Nathalie nous a présenté une bande de copains, qui se donnent souvent rendez-vous au pied des Cévennes, sur le petit parking entre la rue du Marais et la rue Raymond Aubrac.  On avait, d’emblée, parlé un bon moment avec certains d’entre eux.  (Où on peut nous retrouver ? Ici. on est là, sur ce muret, de midi à minuit.)
Ce matin, on est repassées (Zelda et Isabelle) en allant à la Dordogne, on a revu quelques visages de la veille, Reda, Tarik et Mayo entre autres. On a proposé de filmer avec eux des portraits chinois pour une des séquences du film-spectacle (.. Et si votre quartier était un plat, ce serait quoi ? … Et si votre quartier était une chanson, ce serait quoi ?), on a proposé de s’approprier des citations que nous avons avec nous, et les dire devant la caméra, mais ça n’a pas pris. Avec tout ça, on rit, beaucoup, mais personne n’a voulu être filmé.
. Ils nous disaient : « Plus tard, plus tard, on verra… Non, pas moi… Lui, ou lui… »
. Mais lui aussi disait : « Non, pas moi… Lui plutôt. »
. On répondait : « D’accord ! Super ! On reviendra, on est là, toute la semaine, en résidence. Notre QG, c’est dans le collège. Appelez-nous. »
Cette après-midi, Reda, notre rédacteur en chef, nous a rappelées ! À 16h, il y a un message sur le répondeur : « Oui, bonjour… vous êtes passées tout à l’heure près du collège Lucie Aubrac, au quartier, rue de la Ferme, rue du Marais. En fait, c’est parce qu’il y avait des jeunes qui voulaient parler. Si vous pouvez repasser… Vous avez dit que vous repassiez. Mais si vous repassez, ce serait bien. Et donc voilà, quoi. Donc, on vous attend. Merci ! »
Retour sur le parking : on rencontre entre autres Bader, Mourad et Mourad, Anis, Ahmed, Miradi, Louisa, Anafi et Mohamed. On leur raconte ce qu’on fait et d’où on vient, ils nous parlent d’eux. Tarik rape ses compos. Beaucoup sont très créatifs. Les discussions sont riches. C’est déjà la troisième fois qu’on se voit en deux jours. On passe beaucoup de temps, on  parle de la vie, du sens des choses.
Pour ce qui est de filmer… Personne n’est encore convaincu et ça dure. À un moment, un premier se lance… mais ce n’est pas pour ça que ça continue. Pas si facile ! Reda nous aide : il interpelle chacun, au fur et à mesure des allers et venues sur le parking : « Allez viens, tu vas voir c’est bien. » Et parfois : hop ! c’est dans la boîte. Mais en vrai, beaucoup de choses se passent hors caméra. Mais, parfois, oui, c’est d’accord pour qu’on filme des petits moments qui entreront dans film-spectacle : « Le Portrait du quartier du Banc Vert ». Cette après-midi, on n’a pas réussi à filmer Reda, mais en tant qu’assistant, c’était de qualité ! Et puis la semaine n’est pas encore finie !  On se quitte en ce disant à demain.

 

« Dis-lui que tu l’aimes. »

« L’Envol »  (L’Envol Dunkerquois de l’UNAFAM)  est une association d’aide aux aidants qui s’occupent de leur proche atteint d’une maladie psychique. Comprendre ce que vit leur enfant, savoir comment les accompagner au quotidien.
Christine, Josette et Chantal nous ont raconté, chacune, leur histoire, avec leur fils schizophrène. Un moment à la fois tendre et émouvant pour les récits de vie de mères qui font face, souvent seules. « L’Envol » réduit cet isolement. C’est un lieu de partage d’une situation familiale que peu de gens comprennent, parfois par refus, souvent par déni. Ces combats sont le déclencheur même de tout ce qu’est capable de faire un être humain par amour.
Josette exprime : « Que dire quand un enfant souffre ? Dis-lui que tu l’aimes. »

Avance sur ta route (sur le quartier du Banc Vert), elle existe parce que tu marches

Alexandre et Mourad sont tout juste rentrés de leur travail dans le quartier. Ils y ont passé toute la matinée et cette après-midi. Mourad a eu très froid hier dans les rues du Banc Vert à cause des courants d’air et le vent de la mer du nord. Faut savoir que Mourad est avignonnais, qu’il vient d’arriver à Dunkerque et qu’à Avignon, il y fait en ce moment très chaud. Mourad était gelé, ne portant qu’un maigre tee-shirt. Aujourd’hui, à l’inverse, il est cassé par la fatigue et la chaleur, il a passé des heures à n’en plus finir à danser partout dans le quartier. Alexandre a accumulé beaucoup d’images de Mourad qui swingue sur tout le Banc vert. Alexandre dit, « on a beaucoup marché et encore moi, je ne danse pas. Nous sommes connus dans le quartier, depuis toutes nos déambulations depuis hier ». Et n’oublions pas que nous avons été présentés par Rania et Nathalie, les fées du Banc Vert. Qui sont très aimées par les habitants. Alexandre poursuit, « on est allé jusqu’à l’église, l’endroit qu’on appelle Louis XIV où a lieu le fameux marché du jeudi qui est un espace de rassemblement pour les gens d’ici. On a parcouru un bout de la piste cyclable. Mourad a fait des percussions corporelles  au ralenti tandis que les cyclistes passaient à toute vitesse en maillot moulant et coloré ». Il ajoute « au city-stade, des enfants ont suivi Mourad en faisant du step à leur tour. On a revu Abdel et les familles roumaines qu’on a croisées hier. Elles étaient installées au pied de leur appartement. Assises sur des chaises, les dames et leurs enfants prennent le soleil en discutant ». Mourad dit qu’il y a un gros « hic », « c’est qu’on demande aux gens un pass-sanitaire pour pouvoir assister au spectacle du Portrait, samedi 11. Peut-on imaginer le samedi soir jouer dehors ? » En tous cas, dit Alexandre, « les gens sont très sympas et très courtois. Et souriants. On a inventé des nouveaux protocoles, des Pas de Fenêtre et des Pas de Porte avec objet. Les gens pausent devant leur porte avec un objet qu’ils chérissent pour ce qu’il est ou représente ». Mourad est un ami de Ludivine Sagnier. Alexandre est « dégoûté ».

La mixité prolifique

Mourad a dansé autour d’une dame, pour elle toute seule. Alexandre a filmé du haut d’un immeuble de plus de dix étages. Il a pris de la hauteur pour avoir un autre point de vue. Comme on travaille sur la transformation, ça tombe bien. Voir tout le quartier de là-haut, ça permet de mieux se rendre compte du périmètre des choses. De l’évolution, de l’élévation des mentalités. On devrait installer des terrasses sur le toit des immeubles, en faire des terrains pour cultiver toutes les graines que le vent y déposerait. Un chantier d’études pour les gens du quartier et des spécialistes des graines. A Roubaix sur le toit de la Condition Publique poussent des plantes venues d’Asie et d’Australie. Ces graines ont été transportées de toits en toits dans les airs. Grâce au coton. Le coton qui transportait toutes sortes de petites graines, qui ne demandaient qu’à germer, était la matière première qui faisait marcher l’industrie textile omniprésente à Roubaix et Tourcoing jusque dans les années 70-80. On imagine qu’ici à quelques centaines de mètre d’un des plus grands ports industriels d’Europe, à Dunkerque, plein de plantes du bout du monde attendent qu’on s’occupe d’elles sur les toits du quartiers et en particulier ici au Banc Vert. C’est comme ça qu’on recompose des familles de plantes. On voyage, on croise des paysages, des populations. On prend racine ou on continue sur le chemin.

i want to be sedated *

Anecdote. Le tour des clefs. On est revenu pour le repas de midi au collège et on a trouvé porte close. Guy était missionné pour garder les clefs puisqu’il a passé sa matinée à écrire au Q.G, la salle culture du collège. On l’a appelé au téléphone. Il a plaisanté au téléphone (comme d’hab) et puis il est descendu quatre à quatre pour nous ouvrir la grille. Mais il a oublié les clefs dans notre salle. Il s’est retrouvé coincé entre la porte du collège qui s’est refermée toute seule et la grille tandis qu’il nous était impossible de pénétrer dans l’établissement. Faim et soif. On a appelé Mehdi, l’intendant du collège qui nous a sauvés. Il est arrivé en dix minutes à vélo avec un double des clefs.

* »i want to be sedated » est une chanson d’un célèbre groupe punk, Les Ramones.