Chez Tintin

Hier, nous étions à l’auberge du cheval blanc. Le cheval blanc est fermé depuis dix jours et ce définitivement, la communauté urbaine a exercé sont droit de préemption, et l’établissement sera détruit pour construire de nouveaux logements. C’était donc la toute dernière fois que Luce et Michel « Tintin » ouvraient leur bar. Pour l’occasion de nombreux habitués sont venus pour parler de leurs souvenirs, et pour un dernier adieu. Luce et Michel prennent leur retraite après 36 ans d’activité. Luce n’a jamais pris un seul jour de congé, elle a ouvert 365 jours sur 365 pendant 36 ans nous dit-elle, « ça n’a pas été si dur, et puis heureusement, on n’habite pas au dessus, alors tous les soirs je pouvais rentrer à la maison, et faire une coupure. » Avant elle, ses parents tenaient l’auberge, elle est ici depuis ses quatre ans. Son père était connu par tout le monde sous le nom de Tintin et reste une figure incontournable de Grand Fort, alors tout naturellement l’Auberge est devenue pour tout le monde « chez Tintin ». Luce est Luce Tintin, et Michel, le gendre, est aussi Michel Tintin! On nous apprend qu’à Grand Fort, on donne énormément de surnoms.

Une dizaine d’habitués sont venus au rendez-vous, mais ils nous reprennent tout de suite: « Non, il ne faut pas parler d’habitués, ici c’est plus une famille, c’était notre maison et aujourd’hui on est tous orphelin. » L’émotion est palpable, on parle de Grand Fort Philippe, de son histoire, des marins, des bateaux de pêche, mais surtout des souvenirs, des anecdotes liées à l’Auberge. Christian et Jean-Louis se sont rencontrés ici et se sont baptisés l’équipe de 18 heures: les Vendredi et Samedi  pendant des années ils se sont retrouvés pour l’apéritif. Ils avaient l’habitude d’emmener leurs enfants, surtout pendant les périodes de carnaval. Leurs enfants ont grandi et se sont marié. Aujourd’hui Christian et Jean-Louis ont deux petits enfants en commun.

Jean Jacques Wadoux

Beaucoup de peintres et de musiciens ont vécu et vivent à Grand Fort Philippe. Seurat et puis André Derain qui a réalisé quelques tableaux sur Gravelines. Et bien sûr Arthur Van Hecke qui a eu un de ses premiers ateliers à Grand Fort Philippe. Son ateliers étant dans une ancienne école de Grand Fort Philippe, pour éviter de devoir remplacer les carreaux de fenêtres il y mettait certaines de ses toiles. Par la suite tout a été détruit et les toiles ont disparu. Et il y a Nees van Steelant qui faisait partie du groupe de la monnaie à Lille qui après un séjour à Grand Fort Philippe dans ses jeunes années avait décidé de devenir Grand Fort Philippois. Il s’était peint sur le mur de sa maison. Souriant derrière les arbres. Tout le monde l’a connu. Il avait une vieille Volkswagen avec tout son matériel de peinture en désordre dans sa voiture. On le voyait souvent arrêté devant quelques cafés du village où on lui donnait à manger en échange de quelques peintures. C’est sans doute la raison pour laquelle beaucoup de Grand  Fort Philippois ont un Nees van Steelant chez eux. Et il y a aussi Raymond Picque qui a fait beaucoup de dessins à la plume. Il s’est inspiré des ateliers de construction maritime. Il peignait par ailleurs de façon très expressionniste. Il a croqué des gens qu’il rencontrait sur un carnet, à main levé. Des gens qu’ils rencontrait dans Grand Fort Philippe. Il a peint des gens qu’il voyait de son atelier. Lors d’un carnaval il a peint  » tit baptiste  » qui avait un enfant sur les jambes et Matou, un figure de la ville. Jean Jacques Wadoux est lui même peintre et photographe. Il peint des harengs fumés dans leur papier d’emballage qu’il vient d’acheter chez le poissonnier.

samedi entrainement des majorettes à la salle de tennis

Hier, nous sommes allés voir les majorettes de Grand Fort Philippe. Nous avons rencontré Stéphanie qui est la capitaine. Les différents club de majorettes se rencontrent lors de nombreuses compétitions et sont notés par un jury en fonction de la danse, de la musique, des mouvements du groupe, de leurs costumes, mais aussi de leurs sourires. Une maman nous a confié que les costumes étaient faits par les mamans des majorettes. Puis nous avons pu voir l’entrainement de chaque groupe de majorettes. C’était impressionnant. Les filles enchainaient leurs mouvements très rapidement et toutes en même temps.