Club de la rigolade

Cet après-midi, on a travaillé les abdos et les zygomatiques avec le club de cuisine. On retrouve une dizaine de femmes dans une ambiance survoltée. Le décor est tout de suite planté, quelques femmes sont en cuisine en train de préparer une carbonnade, mais une carbonnade au poulet. Les autres sont assises, boivent du café, mangent des gaufres, parlent et rigolent très fort. « Il y a deux clubs en fait à la cuisine, le club des travailleuses et le club des feignasses, c’est Christine la chef qui nous a appelé comme ça! » déclare une dame et l’éclat de rire est général. Éliane renchérit:  » Il y a le club des popottes et et le club des papottes! » Et les rires reprennent de plus belle. On demande si des hommes viennent parfois: « Ah non! Interdits! Ils ne sont pas les bienvenus, ce n’est pas la même ambiance quand ils sont là! » Elles se retrouvent ici tous les jeudis, et attendent ce jour avec impatience, elle viennent ici pour cuisiner mais avant tout pour se retrouver, échanger, parler et rire, surtout rire. « On devrait faire le club de la rigolade » déclare Éliane, « les gens ne rigolent plus assez, même les enfants et les petits-enfants, ils ont honte quand on sort, tu cries trop fort ils me disent! » Toute acquiescent: « C’est vrai, ils aiment pas ça les jeunes, qu’on se fasse remarquer! Faut dire quand on est toutes ensembles qu’est-ce qu’on fait du bruit! » On continue à rire avec elles, puis on danse, puis on déguste les délicieuses gaufres, quand il nous faut partir, Éliane s’attriste: « Oh bah c’est dommage, on pensais que vous alliez rester rigoler avec nous. » On ne peut pas, mais on prend volontiers notre carte au club de la rigolade.

Il y a

À Grand Fort Philippe, il y a la mer. Il y a des marins. Il y a la mouette. Il y a Céline et Roméo. Il y a de la neige, de la neige, de la neige, de la neige. Il y a un camping avec des mobils homes. Il y a des chasseurs mais plus trop de pêcheurs. Il y a Lucien. Il y a Sony. Il y a Mathieu. Il y a Jean-Claude. Il y a Didier qui raconte Oedipe à Lucien. Il y a Michelle du Dundee. Il y a un calvaire. Il y a plus de bateaux. Il y a les bombes du quai. Il y a le doudou de Roméo déposé sur les marches. Il y a deux phoques dans le chenal. Il y a des aînés qui dansent la valse. Il y a des bureaux qui déménagent. Il y a un parc qui est une ancienne décharge. Il y a GFP. Il y a PFP. Il y a Philippe du méridien qui habite à Grand Fort Philippe. Il y a des camions qui se couchent dans la neige, pour se faire caresser les roues arrières. Il y a le MINCK. Il y a la cabane des minteux. Il y a le loto quasiment tous les dimanches. Il y a la petite pompe. Il y a Martine à la buvette du foot. Il y a des cabines de plages dans la cour du centre. Il y a les cululuttes. Il y a Sam le pirate qui va être cramé. Il y a Jean Louis, un des derniers vannier de France. Il y a Gut Finot. Il y a l’auberge du cheval blanc qui est fermée. Il y a Pimpren’ailes. Il y a opération TCHANG.  Il y a une centenaire. Il y a plus de harengs. Il y a Michelle qui n’a pas gagné au loto dimanche. Il y a Lulu qui travaille au super U, au rayon liquide.  Il y a Jean-Philippe qui ne vient pas. Il y a Sunny.

Girls Power

Ce matin au centre socio culturel, toujours en compagnie de Sony (one so true…) on rencontre Maxime et Marion. Tous deux effectuent leur service civique au centre. Ils travaillent 26 heures par semaine mais ne doivent pas remplir les mêmes missions que les salariés. Ils doivent être là en complément de l’équipe, à eux donc d’être force de proposition. Ce matin très tôt ils étaient au collège Jean Monnet pour informer les élèves des actions proposées, en fin de matinée ils enchaînaient avec le collège Saint-Joseph à Gravelines, où de nombreux jeunes de Grand Fort étudient. »C’est comme ça, il faut aller partout avec son bâton pèlerin, prêcher la bonne parole. Il faut aller trouver les jeunes là où  ils sont », nous dit Sony. Marion effectue son service civique, avant d’entamer un Bac Pro Esthétique à la rentrée prochaine, elle a donc naturellement proposé un atelier esthétique baptisé »Girl Power ». Le premier rendez-vous a eu lieu hier, et treize jeunes filles ont répondu présentes. Au programme: manucure, maquillage, mais aussi confection de son propre masque de beauté en fonction de la nature de sa peau. « Les activités pour les adolescentes sont rares et il est difficile de les mobiliser, elles sont très heureuses, on a même prévu une journée soldes et une journée Sauna, ça change des jeux vidéos! » nous déclare Marion. D’après Sony, Marion et Maxime, la journée soldes risque de remporter un vif succès, et d’après ce qu’on a entendu au collège lundi, nous aussi on en est sûrs. Le prochain atelier a lieu demain, et Maggie, Marie et Céline ne manqueront pas d’aller y faire un tour!

Active-toi

Ce matin, au centre socio-culturel, c’est le grand déménagement. L’espace accueil et l’espace jeunesse échangent leurs bureaux, mais les activités continuent. Le RAM accueille une dizaine d’assistantes maternelles et les enfants dont elles ont la garde, on demande à Cathy la responsable du RAM et de la halte garderie si il y a beaucoup d’enfants en bas-âge sur Grand Fort. Elle ne sait pas exactement car sur la ville nombre d’enfants sont gardés par leur  famille, chose rare, toutes les places de garde ne sont pas demandées. Il n’y a pas besoin du réseau d’assistantes maternelles quand il y a le réseau familial. Le groupe de marche revient vers 11 heures, ils n’étaient que trois ce matin à braver la neige. Le groupe compte 25 membres, de 17 à 83 ans, Paul Dollet est le doyen. Ce matin, Giselle, Mauricette et Francis reviennent après cinq kilomètres de marche, il ne sont pas de Grand Fort mais viennent ici parce que les gens sont moins « pincés »: « C’est dommage, on n’est pas nombreux ce matin, pourtant ça fait un bien fou, même par ce temps, ça remet tout en place. » Dans ce groupe de marche nommé » Active-toi », insiste Sony, il y a un effet magique pour les gens qui ne vont pas bien, il existe une entraide fabuleuse. « Si ça ne va pas, hop, va au club de marche et tu vas voir, on va te prendre en main, tu vas marcher, tu vas rien comprendre au truc mais ça va marcher! »