l’artrousseur

Il y a quelqu’un qu’on n’a pas croisé à Grand Fort Philippe, et tant mieux pour nous, mais on en a beaucoup entendu parler. C’est l’artrousseur, dépeint par Gut Finot dans une chanson qui nous reste en tête:

I paraît qu’ ein Amérique
Y’ a des bombes atomiques
Qui z’artournrôttent él terre
Si i y a cor la guerre
Mais au Fort-Phlip, c’est pire
Pus persan-ne n’ose sortir
I paraît … quel malheur !
Qu’i y a un artrousseur
Jain-mais personne il l’a vu
O’ dit bein qu’il est viux
Mais o’ n’ein saille pan d’plus

Ca s’ passe tous les soirs
Quand i commeince à faire bien noir
T’atteins dire :« Vlà l’artrousseur ! »
Les feim-mes déviennent sottes
Elles font tartous dans lu culotte
Ca c’est tellemeint qu’elles ont peur
Elles pâlissent, elles verdissent
Et j’vous assure qué c’est bien triste
Parce qu’asteur tout l’monde a peur
Ed’ l’artrousseur (Olé !)

Il y a eu

Il y a eu un fort, construit par les espagnols au XVI ème siècle qui donna son nom à la ville. Il y a eu les pêcheurs d’Islande. Il y a eu 130 bateaux. Il y a eu des centaines de tonnes de harengs échoués sur la plage. Il y a eu la bataille du « cochon noir ». Il y a eu les encerclés de Grand Fort, cinq mille réfugiés belges pris au piège par les Allemands. Il y a eu Raymond Flender, qui a introduit le basket à Grand Fort. Il y a eu le Basket club maritime avant Gravelines. Il y a eu Ernest Clercq, surnommé Lulutte, boulanger en 1900 qui inventa le cululutte: grosse brioche truffée de raisin à boire avec du rhum. Il y a eu la « petite Amérique », âge d’or de Grand Fort quand le banc de harengs s’est échoué.

Épidémie

Un méchant virus a frappé hier, et tout le monde est plus au moins malade. Mais le film spectacle a lieu demain à 17h30 puis 20h à la salle des fêtes et nous filons aujourd’hui à 18 heures. Martine et Jérémie finissent le montage, Diego, le technicien du bateau feu est arrivé pour tout installer, Didier et Maggie préparent les textes qui seront lus. Sony est en grande forme, et il nous propose de nous aider parce qu’on n’a pas l’air vaillants. Lucien nous rejoint, il travaillait ce matin à Super U, mais il n’y avait pas grand monde. D’ordinaire, le magasin est très fréquenté, certains clients viennent même dès 8 heures, alors que le magasin ouvre à 8h30, mais depuis quelques jours, c’est le calme plat, avec toute cette neige, on vit sur ses réserves.

Patois, pas moi

À l’atelier peinture, Hervé, Maggie, Didier et Céline rencontrent Myriam, Denise, Marianne, Marcelle et Lisa. D’habitude elles sont plus nombreuses, 11 ou 12 en règle générale, la plupart viennent ici depuis 30 ans. Aujourd’hui elles réalisent des collages. Lisa est la femme du cuisinier du restaurant l’Univers, elle vient d’Afrique du Sud et a rencontré son mari en Angleterre. Ils ont vécu cinq ans en Angleterre, puis six ans en Afrique du Sud avant d’arriver ici, à Grand Fort: « ça fait un choc tout de même », nous déclare Lisa. Mais elle apprécie vivre ici où les gens sont très ouverts, dit-elle. Elle aime balader son chien, un caniche sud-africain, le long du chenal. Elle  a trouvé beaucoup de solidarité auprès des mamans de l’école, et est impressionnée  par toutes les activités gratuites proposées aux enfants, contrairement à l’Afrique du sud ou l’Angleterre. Denise nous raconte qu’elle aime chanter en patois  à ses petits-enfants, dans « son parler » dit-elle. Un jour un de ses petit-fils lui a demandé dans quelle langue elle parlait. Elle lui a répondu: »Mamie parle en patois ». Et lui de rétorquer: « Et pourquoi tu parles pas moi? »

Ce n’est pas parce que

Ce n’est pas parce qu’on vit près d’un calvaire que la vie est dure
Ce n’est pas parce qu’il y a un mur d’expression qu’on a quelque chose à dire
Ce n’est pas parce qu’il y a des cabines de plages qu’il y a du sable
Ce n’est pas parce qu’on fume qu’on est un hareng

Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Sony qu’on aime Boney M
Ce n’est pas parce qu’on danse la valse qu’on trompe son mari
Ce n’est pas parce qu’on trompe son mari qu’on danse la valse
Ce n’est pas parce qu’on pose qu’on doit être pris en photo
Ce n’est pas parce qu’on n’est pas pris en photo qu’on ne peut pas poser
Ce n’est pas parce qu’on pose que la photo est réussie

Ce n’est pas parce qu’on est adolescent qu’on n’aime rien
Ce n’est pas parce qu’on n’aime rien qu’on est adolescent
Ce n’est pas parce qu’on ne fait rien qu’on ne travaille pas
Ce n’est pas parce qu’on fait trop de bruit qu’on doit se taire
Ce n’est pas parce qu’on est triste qu’on ne doit pas rire
Ce n’est pas parce qu’on rit qu’on n’est pas triste

Ce n’est pas parce qu’on marche qu’on suit
Ce n’est pas parce qu’il neige qu’on ne peut pas marcher
Ce n’est pas parce qu’on vit au bord de la mer qu’on n’est pas chasseur
Ce n’est pas parce qu’on est pêcheur qu’on a commis une faute
Ce n’est pas parce qu’on joue au basket qu’on ne peut pas jouer au foot
Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de bateaux qu’il n’y a plus de poissons
Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de poissons qu’il n’y a plus de bateaux
Ce n’est pas parce qu’on vit face à la mer qu’on s’y baigne
Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Philippe qu’on vit à Grand Fort
Ce n’est pas parce qu’on vit à Grand Fort qu’on s’appelle Philippe