au delà de soi

Ce matin, réveil avant le soleil. On a rendez vous au collège à 8h30, rencontre du proviseur.
Le lieu est superbe, on ira faire des images demain. On parle presque une heure, de l’éducation, des jeunes de Bourganeuf des débouchées après le collège. Il y a le lycée technique à Bourganeuf, il y a le lycée général à Guéret, et si on prend chinois en LV3 on peut partir au lycée de Limoges.
Partis comme on était dans la discussion, on s’est mis en retard pour l’interview à la boutique.
On a rencontré la patronne de la Brulerie Saint Georges. On a passé une heure très agréable avec Didier.
Elle nous a parlé de la torréfaction, des thés, de l’échange. On a parlé de ces enfants, de sa passion, du mélange des cultures, et combien ça enrichit.
En rentrant au QG on a revu M Dugay, il nous a apporté un nouveau livre sur Bourganeuf. On lui a dit que l’on était intervenu auprès des personnes âgées que l’on voulait danser la valse avec eux, mais quand on est arrivé ils avaient déjà commencé à jouer aux cartes et ça, on ne peut pas lutter contre les cartes. M Dugay m’a donc demandé si je savais valser, il nous a dit que lui il était né dans une salle de bal, qu’a 5 ans il a appris à danser. Il nous a raconté que ses parents tenaient une salle de bal et qu’il sortait le samedi danser, il dit : « les garçons qui ne savaient pas danser ils restaient assis toute la soirée. » Il a gagné beaucoup de concours de valse, tango … Il danse encore avec sa dame parfois, il dit que c’est moins souvent maintenant qu’il a 81 ans.

Ballade en voiture dans Bourganeuf avec Philippe

 » On commence, là, c’est la salle de sports, Jeremie, tout à l’heure, tu pourras passer par la petite porte pour rentrer. On est à 385 mètres. On arrive au quartier Jean Jaurès, là, ce sont des logements vacants. La population globale décline depuis 20 ans, on est passé sous les 3000 habitants. Il y a un vieillissement de la population et il n’y a pas de nouveaux.

Voilà le quartier du petit bois, on peut y entrer, c’est un cul de sac. La population qui habite ici? -Ici, on est dans la moyenne de la Creuse: la Creuse, c’est l’un des départements Français où il y a le moins de personnes assujettis à l’impôt sur le revenu. C’est à lier à l’agriculture, je veux dire les revenus et les faibles retraites agricoles et c’est lié au bois. Les bûcherons sont payés à la tâche, donc ça fait des bas salaires.On est un peu au-dessus du seuil de pauvreté dans la moyenne des revenus, et en dessous de la moyenne nationale.

Là, c’est petit bois, 80 pour cent de famille Turques. Tous les mômes connaissent l’Agora, tous les étés, on vient faire des animations de rue. Descendre à l’Agora, c’est pas toujours facile pour eux.

Là c’est le stade, là l’école Martin Nadaud, il est d’ici Martin Nadaud, il y a sa maison à la Martinèche, à 10km. Derrière c’est la maison de l’enfance et l’accueil de loisirs.

Là, c’est le tribunal. Il reste quelques entreprises de bois. Il y a la grande scierie historique.

Dans le centre ville, les maisons ne sont pas forcément bien entretenues, les gens n’ont pas toujours les moyens.

Dans les immeubles HLM, il y a beaucoup de logements vides.
À gauche, le collège, c’est une ancienne caserne napoléonienne. Le lycée professionnel , le centre hospitalier. La mairie et l’hôpital sont les plus gros employeurs.

Si les jeunes ne veulent pas bouger d’ici, ils vont au bois. Chez les jeunes d’origine Turque, il y a transmission pour aller au bois avec les parents. »

Il y a nous

Ça va vite, très vite à Bourganeuf. Pendant le café, l’équipe dynamique de l’Agora nous a donné plein d’informations. Vincent, Philippe, Flora, Caroline, Yunus et Aliette ont beaucoup d’idées et de propositions d’interventions. Didier et Marie ont rendez vous avec Monsieur Roy, 91 ans, ancien maire de Bourganeuf. Juste avant de partir, ils ont le temps d’interviewer Koray et Erdanay qu’ils rencontrent dans le bureau des animateurs.Koray et Erdanay ont 18 et 21 ans,ils sont Français d’origine Turque, de la troisième génération. Il y a une importante communauté turque à Bourganeuf, leurs grands-parents sont arrivés dans les années 80 pour travailler dans les nombreuses scieries présentes dans les environs.Il n’a pas été facile pour leur grand-parents de s’adapter, principalement à cause de la langue,mais ils ont réussi, ils ont beaucoup travaillé et fondé leurs familles. »Aujourd’hui, pour nous, il n’y pas tous ces soucis, on est Français, on a l’avantage de la double culture, on est bilingue, on s’exprime très bien dans les deux langues.Nos parents ont beaucoup insisté pour qu’on maîtrise le Français, et parallèlement, on a appris le Turc à la maison bien sûr, mais aussi au collège, où l’on a eu la chance d’avoir un prof de Turc. C’est comme en Français, il y a la langue de tous les jours, la langue orale et puis le langage soutenu. On a pu apprendre le langage soutenu de nos deux langues. » On leur demande comment c’est d’être un jeune à Bourganeuf?  » C’est bien! C’est chez nous! On se retrouve entre collègues, on est très soudés. Il y a l’Agora qui fait beaucoup de choses pour les jeunes, il y a le cinéma, il y a nos points de rencontres, derrière la tour Zizim. Le gros problème c’est l’emploi, on est souvent obligé de partir pour travailler, et c’est dur parce qu’on est bien ici. Quand on s’en va, même en vacances, on est toujours content de revenir. Tous les étés on va en Turquie, on aime ça, mais Bourganeuf nous manque. Ça peut paraître bizarre, parce qu’il n’y a pas grand chose à faire, mais il y a nous! »