Tout le monde prend sa carte

À la bibliothèque Stendhal, les danseurs et acrobates interviennent à la sortie de l’heure du conte. Les enfants sortent agités mais le silence s’impose vite  remarque une maman présente. On reste longtemps dans le hall, bien après avoir fini de danser, Matthieu porte plusieurs enfants: « ça fait trop peur mais c’est trop bien! » Marie B s’est installée à la place des bibliothécaires, on s’y croirait. Elle dessine ce qu’elle voit, plusieurs enfants se postent devant elle. Il veulent tous repartir avec leur portrait alors Marie découpe sa feuille. Dans le hall, trônent les DVD, Martine examine les rayons. On est là trois semaines, elle demande si elle peut prendre sa carte, pas de problème du côté de la bibliothèque. Martine s’inscrit donc, suivie de Camille et d’Anaïs qui travaille pour le CDN et qui nous suit dans tous nos déplacements. Martine choisit l’Aventura, un film qu’elle a vu alors qu’elle avait 10 ans auquel elle n’avait rien compris, tandis que Camille opte pour The Party.

le Psg vainqueur à Sartrouville

Hier après-midi on est allé voir des jeunes sur le city stade devant la salle Marcel Cerdan. L’Omef organise un petit tournoi, équipe représentées: PSG, Real et Manchester. Le PSG a dominé…ça joue bien, peut-être un peu trop offensif, l’animateur prévient un joueur: « N’utilise pas ta force, tu seras meilleur ». Il pleut beaucoup, on se réfugie tous sous un barnum et on leur explique ce qu’on vient faire ici, on leur donne rendez-vous samedi à Bib de Rue pour venir nous parler. Leur animateur leur lance « Vous avez intérêt à y aller, le film qu’ils font là, vous en êtes les acteurs principaux. » On les quitte, toujours sous la pluie, le PSG est à 14 points…irrattrapable .

Réseau des mamans, Chabab et Salima

Aujourd’hui c’est la fête des associations dans le quartier des Indes. L’occasion de croiser des visages connus et d’en rencontrer de nouveaux. Camille, Dorothée, Matthieu, Joris et Hervé nous ont rejoint, nous arrivons en nombre. Jérémie installe un stand de citations à un endroit stratégique : à côté du manège. Plusieurs enfants maquillés et déguisés se prêtent volontiers à l’exercice. Rachida, que nous avons rencontré hier, est venue en famille, elle et son mari posent face à l’objectif. Nous flânons parmi les stands: arrêt obligatoire devant les bons gâteaux de Sekoura et Sadia du cours d’alphabétisation. Nous rencontrons l’association Chabab, qui, avertie de notre visite, nous prévient que nous aurons des frites à midi. Chabab est implantée depuis plusieurs années sur le quartier, elle encadre plus de 90 enfants le soir en soutien scolaire, rendez-vous est pris la semaine prochaine avec Danièle, la responsable pour qu’elle nous parle de leurs actions. Chabab veut dire jeunesse. Didier et Marie L rencontrent Natalia, bénévole dans le réseau des mamans. L’association regroupe des femmes de toute la ville, c’est un lieu d’échange et de partage autour des questions liées à la maternité. Les mamans sont rassurées quand elles observent que les soucis sont les mêmes que l’on vienne du centre ville ou du quartier des Indes. Salima, qui se promène entre les stands, intervient dans la discussion: elle n’a jamais eu de problèmes avec ses enfants. Elle vit ici depuis toujours et ne partirait pour rien au monde. Ce n’est pas forcément le lieu nous dit-elle mais ce sont les gens. En compagnie de son amie Samia elle aimerait elle aussi créer une association pour accompagner les personnes en fin de vie. C’est ce qu’elle préfère ici:la solidarité, l’entraide, elle voudrait rendre ce qu’on lui a donné. « Ici, on ne se sent jamais seuls. »

Maintenant mon pays c’est Sartrouville

Ce n’est pas qu’on ne veut pas raconter mais on ne peut pas…pas de wifi au QG, alors il faut attendre le soir pour se repasser le film de la journée…journée remplie et riche de rencontres. Ce matin, Didier et Marie ont rendez-vous 1 avenue de l’Europe, cité des Indes, pour un cours d’alphabétisation encadré par Bernadette Guérin. Une autre Marie les rejoint, elle est plasticienne et participe pour la première fois à une veillée. On dira Marie L et Marie B… Marie B tombe bien, certaines femmes présentes ne souhaitent pas être filmées et elle se propose de les dessiner pendant qu’elles nous parlent. Didier filme alors par dessus l’épaule de Marie B, pendant que la discussion se poursuit. Un nouveau protocole est peut-être en train de naître. Quand Marie B termine son dessin, elle l’offre à son modèle, du coup certaines décident subitement qu’elles ne veulent plus être filmées elles non plus…On parle de leur arrivée en France, de leur arrivée à Sartrouville, de leur arrivée quartier des Indes. Rachida se plaît beaucoup ici, elle ne s’attendait pas en arrivant à trouver tant d’espaces verts. Elle est là depuis dix ans et parle très bien français, on lui demande pourquoi elle vient au cours. Pour les papiers nous dit-elle, elle a besoin d’un certificat attestant de sa bonne maîtrise de la langue française, c’est une nouvelle loi, qui retarde encore un peu sa demande de nationalité. Samia, qui vient d’Égypte nous dit que ce certificat c’est une excuse de plus, sa copine, qui parle moins bien français a eu ses papiers alors que sa demande à elle a été refusée. Mais sa copine, nous dit-elle, ne porte pas le foulard. La discussion s’engage, Bernadette arrive avec du café et de bons gâteaux fait par Samia pour reprendre des forces. Elles sont plusieurs à porter le foulard, par choix, par foi…C’est de plus en plus dur nous dit Rachida, elle ne comprend pas les polémiques, elle pensait être dans le pays de la liberté. Le niqab, la burka,c’est autre chose…  Shama vient du Pakistan et dès ses quinze ans elle a porté le niqab, mais en arrivant en France il y a dix ans pour se marier, son mari lui a demandé de l’enlever. Ces femmes, d’origines diverses se sentent toutes à l’aise au quartier des Indes, où maintenant il y a même des Indiens nous disent-elle. Le quartier change positivement d’après Sadia qui est là depuis des années: « J’ai passé plus de temps dans ma vie ici que chez moi, maintenant mon pays c’est Sartrouville. »