Du côté des jardins familiaux

Rendez-vous sous le soleil rue Lequien avec Hervé Nottez. Entre le pont, le canal et le cimetière d’animaux, les jardins familiaux s’étendent sur 56 parcelles de terres. Depuis 30 ans, on y cultive toutes sortes de fleurs, de fruits, de légumes et de plantes aromatiques. Hervé est animateur-environnement pour les jardins familiaux de Douai depuis 2009, il explique que les parcelles de terres sont avant tout mises à disposition des gens qui n’ont pas la possibilité de jardiner chez eux. C’est une mini-société nous dit il, avec des gens de tous les milieux sociaux, des espaces individuels et collectifs, des règles et des moments de détentes aussi.
On se balade dans les parterres et dans le temps.
Les jardins familiaux étaient à l’origine des jardins ouvriers, développés dans les années d’après guerre pour lutter contre la famine et diversifier les activités de temps libre.
Depuis vingt ans, Hervé observe un développement croissant de la culture de potagers. « On peut associer cela à une prise de conscience du phénomène de mal bouffe, à la crise économique aussi. Et puis, le rapport à la terre ne se perd pas. »
Ce rapport, chacun le cultive comme il l’entend parmi ses plantes, mais depuis quelques années, Hervé propose aussi certains ateliers de sensibilisation à des gestes écologiques comme le compostage ou la construction de nichoirs.
Dans le fond du jardin, on passe devant quelques parcelles laissées à l’abandon. « Cette parcelle appartenait à une famille qui a déménagé, celle-ci appartient à un monsieur qui n’arrive plus a dégager du temps pour venir jardiner, et la nature a repris ses droits ». Juste à côté de ses petits morceaux de vie laissés en friche, André sort de terre des dizaines de patates, et comme le système d’échange lui plait, il en donnera à son voisin et récupérera quelques courgettes.

En bordure des jardins, les fleurs disparaissent derrière la voix ferrée. À Dorignies, le train ne passe jamais bien loin.

On quitte Hervé devant le canal où quelques habitués sont venus pêcher et on lui donne rendez-vous ce week-end. Malheureusement samedi il ne pourra pas venir à l’Hippodrome, il ira presser des pommes à Frais-Marais. André nous rejoint, on lui demande s’il vient souvent jardiner à Dorignies, il répond « Autant de fois que la vie me le permet! »

un esprit sain dans un corps sain

Un grand soleil et un ciel bleu flottent sur Dorignies. Les danseurs planent sur les cours de récréation des écoles et collèges du quartier. Ce matin, les enfants de l’école Saint Vincent de Paul ont eu la surprise de voir les 5 artistes donner une vie différente à leur espace extérieur. Le soleil donne envie de rester dehors mais il faut rentrer dans les classes et continuer à apprendre, tous les jours et jusqu’au à la fin.
Dans l’après-midi, on retrouve le jardin de Denis de la rue des Martyrs. Son jardin sert de pilote, de prototype. Dans ce jardin de 8m2, il y a :
des tomates
des fraises
de la menthe
du basilic
du persil
du céleri
des haricots verts
des poireaux
des courgettes
des cornichons
du thym
de la ciboulette
quelques fleurs…
Un adage vient caresser le jardin puis Fatiha continue seule et Mourad lance les percussions corporelles, Denis, batelier à la retraite, sort de sa maison. Anthony clôt ce moment ensoleillé au sens propre comme au figuré. Denis s’approche de Mourad pour le féliciter, les voisines sont surprises « il ne dit jamais rien, ça fait plaisir !».

Ce n’est pas

Ce n’est pas parce qu’on vit à Douai qu’on habite Dorignies.
Ce n’est pas parce que nous sommes en automne que le soleil s’est fait la malle.
Ce n’est pas parce qu’un train passe qu’il ne peut pas en cacher un deuxième.
Ce n’est pas parce qu’il y a un cimetière d’animaux qu’il n’y a plus d’animaux à Dorignies.
Ce n’est pas parce qu’on fait des travaux de rénovation qu’on n’a pas la main verte.
Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Camille qu’on est chanteuse.
Ce n’est pas parce qu’on est danseuse qu’on ne s’appelle pas Camille.
Ce n’est pas parce que les briques sont rouges qu’il n’y a pas de Corons Verts.
Ce n’est pas parce que les corons sont verts que les briques ne sont pas rouges.
Ce n’est pas parce qu’on est dans une cour de récréation qu’on est forcément écolier.
Ce n’est pas parce qu’on danse qu’on ne peut pas chanter.
Ce n’est pas parce qu’on chante qu’on est forcément chanteur.
Ce n’est pas parce qu’on a une chanson dans la tête qu’on doit contaminer tout le monde.
Ce n’est pas parce qu’on descendait sous terre à Dorignies qu’on ne flotte pas sur l’eau.
Ce n’est pas parce qu’il y a un pont bleu qu’il n’y a pas de pont vert.
Ce n’est pas parce que Marie fait des « parce que » que Thomas n’en fait pas.

La récré c’est sacré tabarnak !

Intervention dansée au collège Canivez pendant la récré. Il ne faut pas plus de 20 secondes après la sonnerie pour que la cour déborde d’élèves, sac à l’épaule et pause goûter. Au milieu de cette cacophonie joyeuse, Anthony, Camille, Dorothée, Fatiha et Mourad offrent une danse. Regards curieux et surprise générale, on forme un cercle, on chuchote, on applaudit.
Mourad enchaine sur une démonstration de percussions corporelles. On applaudit mais on ne chuchote plus du tout. Ca tape, ça claque entre les mains de Mourad et celles du public aussi.
Toute l’équipe est là, des dizaines de tracts dans les mains, on distribue à tout va.
« Bonjour, vous êtes qui ? Pourquoi vous êtes là ? »
On croise des visages connus qui répondent à nos sourires, des jeunes du Mille club, du centre social ou des rencontres de la rue.
La récré s ‘achève avec un duo dansé par Camille et Dorothée couronné d’applaudissements. Au milieu de la foule, Jérémie filme, une perche à la main, quelques images pour le film-spectacle.
Guy nous a rejoints cet après-midi. Sans transition, il a fait Québec-Dorignies pour être là à la récré.
Récré.
Récré-goûter.
Goûter aux senteurs d’érable.