Veillée # Université d’Artois

On a rencontré le directeur du Staps, l’université des sports de Liévin. On a parlé de l’histoire (récente) de l’université d’Artois. On a parlé des cours, des étudiants, de la recherche. De football. Du stade Bollaert. De la rivalité entre Lille et Lens. Les deux clubs ont été fondés par les bourgeoisies locales respectives mais le club de Lens a été vite pris en main par les houillères du Pas de Calais. Et il a fonctionné de la même manière. Selon les principes paternalistes des patrons des mines du bassin minier. Olivier Chovaux nous explique qu’il faut jour après jour lutter contre les déterminismes sociaux pour mettre en confiance les étudiants. Lutter contre le fatalisme. Dire aux étudiants qu’ils peuvent ici comme ailleurs faire des études longues. Faire reconnaître la culture ouvrière qui a autant d’intérêt que n’importe quelle autre culture considérée comme plus légitime. On s’est dit combien le film bienvenue chez les ch’tis avait causé du tord à la région. On a passé des années à lutter contre les idées toutes faites sur le bassin minier et à travailler sur l’estime de soi de chacun de nos étudiants et en un tour de bobine, le film nous ridiculise dans le monde entier. La présence d’une université à Liévin est le signe fort d’une volonté de changer les mentalités et d’aller de l’avant.

Vendredi. Dernier après midi de présence de la compagnie HVDZ à Liévin, à la faculté des sports. On a inventé une nouvelle intervention physique dans les couloirs et sur le gazon de l’université: le porté d’étudiants. Il y a le porté baudet de la fin du monde, le porté sac-à-patate de la fin du monde. Et le porté sacré, le porté en procession. On sort et ressort de notre salle de TD au fond du couloir avec milles idées d’interventions. Les acrobates et danseurs parcourent les étages de la fac, avec Jérémie pour parsemer de pas de danse tout l’établissement. A 16 heures Camille, Dorothée, Mathieu, Hassan et Mourad se retrouveront en salle de danse pour mettre au point des nouvelles chorégraphies. Pour la semaine prochaine à Arras. Nous interviewons le directeur de la fac de Liévin dans un quart d’heure. Laurence (du service culturel de l’université d’Artois) nous a ramené un article paru dans la Voix du Nord qui dit qu’à Liévin les études en Staps (sciences et activités physiques et sportives) ne conduisent pas exclusivement au professorat d’éducation physique. Le master Prévention, rééducation, santé de la filière activités physiques adaptées en est un exemplaire.

Ce matin, on a fait trois groupes et on est tous partis avec une caméra. On a posé trois questions aux étudiants et au personnel: si la fac était une oeuvre d’art ça serait quoi? Si c’était une chanson ou une musique ça serait quoi? Et si c’était une recette ou un plat ça serait quoi?
Michel nous dit que si le staps était un monument ça serait le paradis. Une dame voulait qu’on la filme dans la vraie vie. Si la fac était une oeuvre d’art à Liévin, ça serait un Picasso avec plein de tâches, l’Arc de Triomphe, le Penseur ou le dernier repas de Jésus…Une caméra ça fait plus peur qu’un appareil photo. Quand on demande des recettes, on nous dit des pâtes, du chocolat et puis aussi une omelette aux cèpes et un magret de canard. Il y a aussi un étudiant qui pense au chili con carne à cause des briques rouges.

On  a eu la visite du journal La Scène qui fait un portrait Culture Commune, scène nationale du bassin minier. Ils sont venus à la fac de Liévin. Avec le service culturel de l’université d’Artois, Emilie, Delphine, Pascal et Laurence, nous leur avons ouvert les portes des gymnases, des salles de classes et des amphis. Tous ces endroits où nous sommes intervenus ces trois derniers jours. Ce matin Jérémie, Martine, Maggie et Camille sont allés à la piscine de Liévin pour demander aux étudiants de jouer des textes, dire des citations dans l’eau bleue de la base nautique de Liévin. Ça nous a rappelé la création de la Tournée des Grands Ducs avec la compagnie KomplexKapharnaum, à l’origine des Veillées. Nous avions créé un spectacle déambulatoire qui s’arrêtait à la piscine de Liévin. Pour nous former aux techniques de la Vidéo de rue, nous avions demandé à KomplexKapharnaum si nous pouvions, le temps de la création, être leurs stagiaires. Nous sommes revenus aux origines. Comme les saumons remontent la rivière. Existe-t-il des échelles à saumon pour Veilleurs ?

Parfois quand vous arrivez à passer une porte, vous entendez des mots comme « prosopographie », « méritocratie », « métaheuristique ».  Au labo, le directeur a peur de s’asseoir près d’un étudiant de Master 1 parce qu’il  travaille sur les pratiques de combat extrême. Certains redoutent les percussions corporelles parce qu’ils pensent qu’ils vont se faire taper dessus. M. Nuytens a écrit un livre qui s’appelle « Au pays des pieds carrés », il a fait une thèse sur les hooligans pour les renseignements généraux. Il dit qu’il se souvient d’une compagnie qui était venue faire du théâtre pour que les étudiants comprennent le non-sens de la violence On se dit aussi que les abréviations sont pratiques (SHERPAS : Sociologie, Histoire, Education, Représentations, Pratiques et Activités sportives).