jet lag

On a ri beaucoup, en répétant les textes, à cause de doubles sens mais surtout à cause de la fatigue. Il arrive souvent, en fin de veillée, que les fou rires soient incontrôlables. Comme les colères parfois. Mais les colères sont plus rares heureusement. On rit beaucoup. On pleure de rire. On respire, hop on reprend. Faut dire qu’on a un sacré rythme pas très rythmé, qu’on change de rythme en arrivant au plateau. On a passé quinze jours a arpenter les rues. A parler avec les gens. A aller écouter, rencontrer. Et puis tout à coup on est dans une salle noire, entre nous, occupés par de très multiples contraintes techniques et artistiques. Des préoccupations de spectacle. C’est une changement radical. On aime les deux. Certains préfèrent ci ou ça. mais quoi qu’il en soit c’est un grand écart auquel il est bien difficile de s’habituer. Comme un changement d’heure, un décalage horaire. On s’est encore pris un jet lag, ici, à Hénin Beaumont.

Gling

Aujourd’hui répétitions. A partir de midi jusqu’au soir. Il y a pas mal de choses à caler, toujours. Premier filage à 14 heures, ou bien 14 heures 10 min, ça dépend.
On a répété avec danses et textes et acrobaties et images et musiques et tout. Pas vraiment de marquage. On appelle marquage le fait de mimer plutôt que de faire vraiment, par exemple pour le cirque ou les danses, pour ne pas s’épuiser physiquement dans une répétition. On marque, par exemple, quand on n’a pas eu le temps de s’échauffer, ou au contraire quand on est trop fatigué, ou bien qu’on veut s’économiser pour le filage suivant. Aujourd’hui, Matthieu a fait vraiment, et puis il s’est cogné dans les cintres, sur un projo, tellement il vole haut au sommet de son mât chinois. On a entendu gling, et il est descendu un peu sonné. Mais rien de grave. Alors il a ensuite préféré marquer, ça se comprend. Les danseuses se sont donné à fond. Elles ont travaillé a de nouveaux solo. Le filage, c’est l’occasion de les confronter au spectacle. Ça marche. Dans l’ensemble, tout marche. Il y a beaucoup de danses et de cirque ce qui fait qu’il y a des allées et venues, des entrées et sorties, c’est vivant.

attendre comme dans un film de w. wenders

L’attente, c’est toujours difficile à occuper. Hier on s’est retrouvé en carafe au théâtre de l’Escapade. On a été très bien reçu par toute l’équipe mais on y est arrivé plus tôt que prévu. On aurait pu penser à un film de Wim Wenders. Attendre. Olivier est arrivé vers quatre heures. On a fini le montage des agrès (le matériel de cirque). Essayer des musiques pour le spectacle. Les danseuses se sont emparées du plateau. On a précisément sélectionné et bien relu les textes qu’on va lire pendant le spectacle. Jérémie est rentré chez lui finir ses montages. Pour être un peu avec son fils. Les enfants et nos horaires, c’est jamais simple. Mais tout se passe bien. On est nombreux à avoir des enfants dans l’équipe, voire des petits enfants ou à en désirer. Et puis d’autres n’en ont pas. Il faudra passer dire au revoir à la maison de quartier Beaumont ce matin. Dans l’attente on a ressorti les ordinateurs et on a relancé le bout de veillée qui nous manquait. Hier on était à peine sorti du parcours dansé, Marion, Vasil et Matthieu ont filé à l’Escapade. Guy les a rejoints. Martine , Didier, Camille et Dorothée sont allés une dernière fois dans les rues de Beaumont.  Flora s’est branchée au théâtre pour bloguer. C’est la première fois, en veillée peut être, que je suis si touché par  l’idée qu’on est quelque part pour la dernière fois. Quand j’étais plus jeune et que je quittais un lieu et que je savais ne plus y revenir jamais, je le prenais en photo mentalement comme si je m’adressais à l’endroit pour le saluer, le remercier.  Lui marquer que je ne suis pas indifférent à son volume, de m’avoir permis de vivre là, d’habiter ses murs. Attente. On a attendu les repas froids. On est allé très vite dehors manger sur les marches du théâtre de plein air. On a libéré le technicien de l’Escapade qui devait fermer le théâtre. On a mangé dehors. On a parlé du grec ancien. Du latin grec. De l ‘École Normale Supérieure. On a pris des photos du repas. Aujourd’hui on répète le film spectacle. On continue à chercher un administrateur.

Arrivée à l’escapade

18h38. On a quitté la maison de quartier de Beaumont ; ça fait drôle de penser qu’on n’y retournera plus. On y est allé tous les jours pendant des jours et maintenant on est à l’Escapade d’Hénin Beaumont pour deux ou trois jours et puis c’est fini. On aura achevé la Veillée# 29. La Veillée d’Hénin Beaumont. La semaine prochaine, on prépare Fresnicourt le Dolmen et Rebreuve Ranchicourt. Il y a moins de quelques semaines nous étions à Hinges et Locon. Comme le temps file. On aurait pu rester un peu plus longtemps. Une semaine de plus. Mais il faut partir déjà. Comme si on n’avait jamais réussi à s’établir quelque part. Comme si notre travail consistait à créer indéfiniment des interstices de paroles, de rencontres et à les prolonger ou à les recréer toujours ailleurs.

parcours dansé Beaumont

On monte. 0n monte. On monte. A l’escapade Romain installe la technique. On a fait le parcours acrobatique et dansé. A Beaumont. On a démarré en face de la maison de quartier et on est allé vers la ferme pédagogique et le terrain de football. On a dansé dans les voyettes et les ruelles (parfois appelées ruelle)et les passages pour piétons et sous les abris bus. Puis tout le monde, les artistes et les spectateurs, s’est retrouvé au Mundakafé. Tous artistes. Bluffant. Belle balade, guidée par les acrobates et les danseurs. Qui s’est finie à la ferme. Qui s’est finie dans une grange. Dans la paille. Au nez des dindons, des oies et des canards. Qui s’est finie dans un champ au milieu des chèvres, des moutons et un bouc qui s’appelle Bello. Puis en fin d’après midi on a fait une manifestation dans Beaumont. Manifestation poïélitique. On a parcouru des rues avec des panneaux comme des manifestants. On militerait pour une vision hyperpoétique de la ville. Habiter poétiquement le travail et les relations aux autres. On monte. On monte. On monte.