Ne pas se décevoir

Partir. Aller en porte à porte, même si c’est presque l’heure de finir, si on a froid et pas envie de sourire, y aller, se dépasser. En parler dans la voiture se dire qu’il est important d’aller au bout de ses engagements. Aller au bout pour ne pas décevoir, mais surtout ne pas se décevoir. Ne pas faire de compromis avec soi même. Envie d’être intransigeante. Et partir en porte à porte avec juste ses tracts et appareil photo, avec juste quelques « Il y a » imprimés. Partir en porte à porte, être rigoureux, reprendre à l’endroit exact où l’on s’est arrêté ce midi. Ne pas avoir de succès aux portes et rencontrer des gens dans la rue, leur lire des textes et se rendre compte que l’auberge où l’on dort, a été acheté par la grand mère de la passante, qu’elle avait 15 enfants, et que pour les faire vivre elle avait ouvert cet hôtel. Puis quelques pas plus loin, se faire inviter à entrer (quelle chance!) tout d’abord sur le pas de la porte et puis après les lectures que l’on commente sans cesse, avoir la chance de boire un café, et d’échanger autour de la table d’une belle maison de plus de 200 ans. Passer plus d’heure sans même s’en rendre compte à parler. Parler du féminisme, de la politique française, et de celle du Québec, de la neige et du froid, parler de syndicat et de la société de consommation qui nous grignote la tête, rire et être bien, repartir avant de lasser, en se disant sûrement au 8 ou au 9 pour le film spectacle.
Et puis rentrer au QG, content, et voir le soleil se coucher, le ciel multi-coloré, et avoir l’impression que si on n’y était pas allé, on aurait tout raté.

Geneviève-2 novembre 2014

Je croise le regard de Maryse et là je me dis, il est temps…. d’écrire, afin de m’offrir un petit moment d’introspection et partager avec celui qui me lit mes expériences, mes impressions et mes sensations d’hier et d’aujourd’hui. Il est 11h15, dimanche le 2 novembre, et je constate le sourire timide d’un enfant à qui je propose de danser une valse, pendant que mes collègues tourbillonnent avec les sortants de la messe. Un moment magique à lui apprendre les pas en trois temps, sur le parvis de l’église Courville. J’accoste quelques passants à qui rapidement j’offre une invitation pour les représentations des Veillées, en fin de semaine prochaine. Nous marchons et rencontrons un papa, entouré de ses quatre enfants, à qui nous proposons la danse de salon. Pour un instant, cinq paires d’yeux nous fixent et s’abandonnent dans notre danse rigolote. Je ferme pendant quelques instants les yeux, afin de mieux apprécier. Sur quelques mètres, nous frappons à la porte des maisons, pour offrir une danse, notre cadeau du dimanche. On essuie des refus, mais à chaque fois, la même impression dans le regard des passants : J’y vois une lueur d’enfance.