On a mis un pied à terre à Beauport

Pierre Drouin et Serge Racine sont dans le quartier depuis toujours. Ils y vivent, connaissent le nom des gens qui habitent les maisons, et même le nom de ceux qui y vivaient avant les gens qui habitent les maisons. Ils ont été tantôt guide touristique, tantôt président d’art et d’histoire de Beauport. Ils fouillent, lisent, étudient les plans, les photos, les archives, toujours en quête d’une pépite historique, petite ou grande. On a de la chance car c’est notre première journée à Beauport et c’est avec eux que l’on va doucement faire la connaissance des lieux. Depuis l’avenue Royale jusqu’au Faubourg Fargy, en passant par la rue du couvent, la rue des cascades et celle de l’académie, le vieux Vieux-Beauport a la forme d’un triangle, un triangle qui commence rue du Martyr.

On se retrouve un peu après l’heure du déjeuner sur le bord de l’avenue Royale. La balade commence.

« Le bourg est établit depuis 1750, nous dit Serge, le Manoir seigneurial s’étendait par ici, et à l’époque derrière les maisons, on ne trouvait que des champs ». A Beauport il y avait des quincailleries, des épiceries, des garages, des restaurants et même des garages qui faisaient aussi restaurants. Serge et Pierre nous relatent plusieurs histoires d’incendie, tantôt une église, tantôt un commerce. Il faut dire, le bois est partout, même quand il est recouvert de pierres sur les façades des maisons.

Serge et Pierre parlent à tour de rôle et complètent leurs récits. Serge nous amène dans la maison où il a grandi au côté de ses 11 frères et soeurs. Derrière chaque maison, il y a des noms, et derrière ces noms se cachent des histoires, comme des pépites du passé qui n’ont pas leur place dans les livres et qui grâce à la mémoire, ne tomberont pas dans l’oubli.

Parfois Serge s’arrête et salue de la main un voisin qui passe en auto. On passe devant une maison, une dame ouvre la porte et discute avec nous. Elle semble heureuse qu’il y ait quelque chose qui se passe dans le quartier, elle en profite pour nous dire qu’elle aimerait qu’il y ait un comité de citoyens dans le quartier. On laisse une invitation pour le film-spectacle et on continue notre marche.

On a finalement du avancer sur 3 ou 4 rues tout au plus. On s’est demandé combien de temps mettrait la visite complète du Vieux Beauport en compagnie de nos deux guides tant il y a de souvenirs à faire émerger. Une vie toute entière peut-être.

Une visite aux petits oignons !

Notre quartier, c’est le Vieux Beauport ! Avec Pierre Drouin et Serge Racine (de la société d’art et d’histoire du Vieux Beauport), et toute l’équipe des Veilleurs de Code Universel et de Hvdz, on a découvert le coeur du Vieux Beauport. On a vu la rue du Couvent, construite par un ferblantier du début du 20ème siècle, les enfants jouaient à remonter toute la rue en passant d’un grenier à l’autre. Les toitures en tôles réalisées en 1910 sont conservées à l’identique depuis leur installation. On a vu une maison blanche en planche de boue. Il y a avait un cours d’eau qui passait entre la maison blanche et la maison rouge (ce qui, par le passé, a provoqué des inondations). On a vu une maison brune qui a été bâtie à l’endroit où on attachait les chevaux quand on allait à la messe. On n’a pas cessé d’agrandir les églises du quartier tant il y  avait de monde à la messe. Jusque dans les années 1970. La maison bleue et jaune dans l’avenue royale appartenait à un pâtissier célèbre grâce à ses bonhommes en pain d’épice. On a vu la maison Girardin au milieu d’un parc éponyme. Dans cette maison, on remisait les valises des pensionnaires de l’école crée par les soeurs du couvent. L’école était destinée aux filles car les garçons étaient emmenés très tôt aux travaux des champs. Les gens de Beauport étaient essentiellement des cultivateurs. Les terres cultivées se trouvaient par delà la rue des Cascades. On a vu que, sur un même terrain, on construisait souvent une deuxième maison, derrière la première. Il faut savoir que dans Beauport on a souvent déplacé des maisons. Les maisons voyagent dans Beauport. On appelle les gens de Beauport, les oignons de Beauport (on y cultivait des oignons français, des échalotes). Serge et et Pierre nous ont raconté des anecdotes savoureuses sur leur vie dans le quartier qui est leur passion.