Chaque jour différents groupes de Veilleurs de la Manuf et d’Hvdz sillonnent le quartier des Bossons. Pour la rencontre, l’échange, la découverte, poser la question, se poser la question de l’art et de la culture. Une goutte d’eau dans un océan de volonté de changements. Pour, comme dirait Marx, changer le monde ou comme dirait Rimbaud, changer la vie. C’est difficile de rester là à regarder le monde et se dire qu’on ne peut rien changer à rien. Qu’on n’a rien à voir avec tout ça. Comme si l’économie, la politique étaient une affaire de spécialistes et on n’aurait jamais, de quelque façon que ce soit, rien à dire, puisqu’on a donné nos voix à ceux qui nous représentent dans les assemblées exécutives, qui organisent le monde comme ils l’entendent avec la complicité des grands argentiers de la planète. Au détriment des plus pauvres, des étrangers, des migrants, des précaires.
VEILLEES
les maquettes de M.Suarez
titanesque
Aujourd’hui nous avons rencontré Carlos Soares Pereira, un vrai passionné qui consacre tout son temps libre à la construction d’un empire miniature. Il nous a emmené dans sa caverne d’ Alibaba; une sensation vertigineuse s’est emparée de nous, comme celle que provoque les poupées russes. Un vertige qui nous prend en entrant dans son local où sont nées la plupart de ses maquettes. Un monde miniature enfermé derrière la porte de la petite cave d’un immeuble. Un joli monde où « tout fonctionne » comme il aime le rappeler. Il a notamment créé deux superbes représentation de la Santa Maria de Christophe Colomb, une version miniature du château d’ Ouchy, et le début d’un chantier titanesque: la reproduction de l’église Saint-Francois. Cet architecte autodidacte nous plonge dans notre monde vu à la loupe.
Quand on aime on ne compte pas; c’est le cas de ce passionné qui consacre, sans compter, de nombreuses heures de travail à ses créations.
ici
Ici, aux premiers rayons dorés, poussent les nuages de fumée sentant les poivrons, les saucisses et les ailes de poulet.
Ici, les oiseaux nous réveillent, les vaches aussi, enfin il paraît, il n’y a pas si longtemps.
Ici, Les terrains de foot deviennent bleus.
Ici, les histoires des uns traversent les jardins des autres et volent de la rue aux fenêtres et des fenêtres à la rue.
D’ici je vois les cimes françaises enneigées, la cabane, Les rires des enfants et la balançoire.
Ici, de Malley à Concordia il n’y qu’un pas.
Ici, les avions caressent les toits pour dire bonjour et au revoir.
Ici, existe un no mans’ land coloré. La légende raconte que des monstres y habitent.
Ici, il y la prison.
Ici, passe le bus numéro 1 et là-bas le bus numéro 21, à moins que ce ne soit l’inverse.
Ici, les lucioles se font gardées.
Ici, je suis né
Ici, mon père et né là bas et ma mère est née là bas.
Ici, le galopin n’est pas une boisson mais une association.
Ici, on brasse des cheveux à la sauge et on coupe des bières au carré.
Ici, je ne sais plus si on dit le ou la Denner.
Ici, les sandwichs sont à fleur de pains.
Ici, on compte jusqu’à 10 et si vous n’êtes pas prêt et bien tant pis !
Ici, on peut faire le sportif en buvant un café.
Ici, le numéro 7 porte chance pas vrai Christiano ?
Ici, les voisins parlent aux oiseaux.
Ici, « c’est aujourd’hui qu’il faut cueillir ce que demain viendra flétrir. »
Sur la route, Maxime est invité à manger
dérive au quartier
Aujourd’hui, il pleut. Je marche dans le quartier, me perds un peu.
Le long de la route, un champ. Un couple y cueille des pissenlits pour faire des infusions, ils sont à porté de main et n’ont pas « le goût de la pharmacie ».
Un peu plus loin, une petite baraque en bois. Un jeune homme est assis devant, il mange. Je lui demande mon chemin, il m’invite à entrer.
A l’intérieur des femmes, elles ont cuisiné, et me servent un repas.
Elles me regarde manger, échange des mots dans une langue inconnue et rient entre elles.
Je reprends ma route, je rencontre un chat, il me grimpe dessus.
Je me dirige vers la prison, et découvre un magnifique quartier de maison en bois. De l’intérieur de la première se dégage une musique. Quelqu’un joue du piano, je m’arrête pour écouter.
Puis je vois un immeuble, j’ai envie de monter sur le toit pour voir le quartier d’en haut. Je m’approche, un homme sort et me tient la porte. « Bonjour ». Devant moi des escaliers, je les emprunte, longtemps, treize étages. J’aperçois une trappe, tire dessus, elle s’ouvre et une échelle en descend. Ça fait du bruit, je regarde autour de moi, je suis entouré de portes d’entrée et sur chacune d’elle, un judas. Je me sens observé.




