La poétique du réel
Deuxième partie
On est bien rentré dans la deuxième partie du stage puisqu’aujourd’hui a commencé le tournage du film de fiction qui sera diffusé à l’intérieur de la Veillée. Par ailleurs bien sûr on ne perd pas le contact avec le quartier puis que le film est tourné à différents endroits du quartier et qu’on prépare avec les acteurs des courts monologues qu’on ira joués chez les gens dès jeudi. On ira chez Claude et Colette, chez Mme et Mr Sita , chez Mme Caron , chez Mr et Mme Cerjack; à l’association Ensemble pour un autre avenir, au café du Briquet du chevalement dans les collèges et la maison de retraite de Loos et aussi dans la galerie d’un grand hyper marché de Liévin. Par ailleurs on travaille dur au derushage et au montage. Flora donne un coup de main à Daniel sur le film. On a organisé les équipes de tournage et les acteurs qui ne tournent pas préparent leur monologue pour les prochains porte à porte. On va aller chez les gens pour leur proposer un court spectacle de quelques minutes pour eux tous seuls. Dès lundi on récupère la nef de la fabrique et on pourra commencer à répéter dans la grande salle avec nos deux grands écrans des Veillées et un autre écran pour le film de cinéma…
la colère
Hier on a rencontré Sabine Nourry qui travaille à l’EPAA, Ensemble Pour un Autre Avenir. Pour beaucoup il paraît bien sombre cet avenir. Elle nous raconte que les personnes qu’elle reçoit sont dans une situation souvent très précaire et se sentent totalement abandonnées par le système. Ils se retrouvent seuls avec leur colère et elle est là pour les écouter et tenter de trouver une solution. Le problème c’est que les solutions se font de plus en plus rares au regard de la montée du chômage et de la fermeture des usines et des entreprises. Les jeunes eux aussi sont touchés par cette crise et ne peuvent imaginer leur vie future. Ils sont comme arrêtés dans ce temps là, ici et maintenant et pas de lendemains qui chantent…
On est sorti de cette rencontre avec un goût amer . On s’est dit que la vie c’était pas ça ! Qu’on est pas en vie pour vivre ça et qu’il faut se battre pour éviter ça !
Comme en Grèce
En allant d’une maison à une autre on s’est retrouvé vers Liévin. Sur un trottoir on a donné une invitation à la Veillée à une personne dans la rue avec qui on a un peu discuté. Un médecin du quartier, qui trouvait passionnant notre façon d’aborder le quartier. Il nous a dit qu’il était installé dans ce quartier depuis plusieurs dizaines d’années et que la région avait connu des moments difficiles mais je n’ai jamais été confronté à tant de problèmes de survie dans les familles que je visite disait il. Il nous a raconté que des gens ne chauffaient plus leur maison parce ce que tout simplement il n’en ont plus les moyens. Il nous disait n’avoir jamais vu ça ici depuis qu’il est dans le quartier. Il nous disait, ça va finir comme en Grèce.
entre deux voyages
pigeon vole
dimanche au bal
Dimanche 07 décembre 2008. Salle Jean Nohain à Lens. Repas annuel de la Sainte Barbe. De grandes tables sont dressées. 250 personnes sont attendues. La sono nous souffle des airs de Polka. Tout le monde est sur son 31.
François Cerjak excuse Monsieur le Maire absent et passe la parole aux adjoints.
On croise François plus tard « Venez on va boire du champagne ». Il se fait interviewer par un journaliste de l’Avenir de l’Artois.
L’agent de sécurité vient prendre l’apéro à notre table. Il nous raconte des anecdotes sur des bagarres de famille pendant un mariage et même un enterrement.
Il dit : « ici ça va, les gens sont responsables »
On a dansé, mangé, dansé. Le menu est copieux avec velouté d’asperge, mille feuille de volaille, trou normand, cuisse de canard, jambon de Bayonne. Pendant ce temps les musiciens sont sur le pied de guerre.
Ça envoie. La piste de danse est prise d’assaut. Danse du pont, danse du triolet, le madisson, classiques Polonais, tout y passe.
Notre voisine, Thérèse (dit Chouchou), fête ses 77 ans.
Elle nous raconte l’histoire d’Alexandre Villedieu, soldat de la 1ère guerre mondiale.
Son corps a été retrouvé dans un champs en février 1996 avec sur lui un stylo plume.
Ce stylo écrivait encore presque 80 ans plus tard.
Cela a fait une brève régionale, nationale et internationale.
A partir de là fût créée l’ouverture du musée de la grande guerre.
desrusher
Libertaire et égalitaire
Lundi, tout a repris. Ce matin on est allé voir plein gens. On tourné des Godot et Danils Harms et puis chercher des paysages et fait du porte à porte. Martine, Eric et Sandrine ont rencontré Sabine Noble qui intervient en arts plastiques à l’école Pasteur de Lens, en primaire. Didier, Julien, Hervé et Catherine sont allés au collège Pierre et Marie Curie travailler avec une classe de cinquième. Flora et Guillaume ont rencontré Monsieur Zandecki au sujet des maisons Castor. Ces maisons que les gens se construisaient eux-mêmes en se filant des coups de main. Monsieur Zandecki dit, c’était une façon de se libérer de l’emprise des mines qui possédaient tout. Les logements des gens et tout…Yann, Nathalie, Marie et Jean Christophe ont vu Sabine Noury. Guy et Emilie, Me et Mr Cerjack puis ont filé au lancement de la réunion Autres Parts/ Arts Factories. Jérémie a parcouru la cité avec Christelle. Pour le film Christelle a changé de personnage. Elle devait être une personne de Culture Commune, la scène nationale implantée sur le site du 11/19. Elle joue quelqu’un de la chaîne des terrils. Mr Cerjack a offert à Emilie un grand calendrier 2009 des médaillés du travail du 11/19. A la réunion de l’association Autres Parts qui a lieu toute la journée sur le site, dans la grande salle de la chaîne des terrils, on a dit que ce qui nous motivait d’abord, c’est une certaine vision politique de l’art et du monde et que si on pouvait faire quelque chose à notre petite échelle d’artiste, ce serait déjà ça. L’espoir naîtra des faibles et des humiliés. Quelque chose à construire ensemble, plus libertaire, plus égalitaire… Tandis que Daniel et Philippe peaufinent le plan de tournage. Il est question qu’on aille tourner au stade Bollaert.
les gaillettes qui chantent
A la base, il y a une exposition. COAL. Il y a du monde aussi le week-end. Il y a du passage. Il y a un accordéon, un bandonéon, qui pleure en dansant et des gaillettes qui chantent le bruit du travail. Il y a des chevaux de papier. Il y a un paysage qui se transforme quand on passe. Il y a des sons venus de loin. Il y a des images, des robots, des stries noires charbon. Il y a des histoires de mines en trois langues. Et en plus il fait beau. Et Fred à préparé un apéritif allemand. La semaine dernière c’était polonais. Du coup, dans cette ambiance là, c’est pas vraiment comme travailler le dimanche.




