Emilie écrit

Emilie écrit :
Premier jour de la dernière semaine.
Ce qui est le plus important, le plus bouleversant pour moi je crois, c’est ce regard enfin, exclusif et honnête qu’on nous fait porter sur le monde.
Le comédien est souvent tourné vers lui-même, vers son propre instrument, pour améliorer ses qualités, sa capacité à exprimer, retranscrire, reproduire, transmettre, articuler des choses, des textes, des personnages. Un stage est souvent l’occasion d’une nouvelle introspection : un bilan personnel et l’acquisition de nouvelles « compétences ». C’est une démarche indispensable mais qui porte toujours en soi ce risque d’enfermement.
Ici, on interroge, on écoute, on observe, on absorbe. On regarde. Le monde. Les gens. Le réel.
Regarder. Avec la plus grande attention, la plus grande générosité possible.
Tâcher d’entendre ce qui est dit. Derrière des mots quotidiens, parfois anodins. Toute une vie racontée dans le détail d’une heure, celle où on ne dort plus la nuit, ou celle où on a cru l’autre mort, ou celle encore où on prend la parole devant le cercueil de ses camarades.
Mettre sa propre émotion de côté. Ne pas se laisser entraîner dans ce tourbillon dangereux, sinon on risque d’être avalée toute crue !
Tâcher de voir. Comment chacun se raconte. Dans la parole, pudeur, audace, émotions qui s’échappent. Les petites respirations, les regards furtifs vers une photo, un objet, au moment de l’évocation d’un être, d’un événement. Toutes ces choses qui sont. Simplement.
Apprendre à ne plus se préoccuper de soi pour mieux comprendre ce qu’on fait là, comment le faire, pour qui.

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