Hôpital de Lens

Cet après-midi, Daniel Langlet nous accueille dans son bureau aux services techniques. Il est chargé de projet à l’hôpital depuis quarante ans, et quand on lui demande un mot pour définir l’hôpital de Lens, il nous répond « humanisation ». Là, il nous parle du temps d’avant, du temps où les chambres individuelles n’existaient pas et où les patients dormaient dans des chambres de vingt-cinq lits. Puis il y a eu les lavabos pour chacun, puis les  sanitaires, puis le téléphone, puis la télévision. «  Vous imaginez, aujourd’hui les gens pensent qu’il est normal d’avoir tout ça ». Mais même si on a construit beaucoup de choses, on en a cassé d’autres. Monsieur Langlet nous parle alors du temps où il allait au service gériatrie, un tournevis dans la pochette de sa chemise, et que les patients l’appelaient par son prénom pour qu’il vienne resserrer leurs branches de lunettes. Il nous montre un plan de l’hôpital et nous parle du nom des unités. Eux aussi ont changé en quarante ans. Aujourd’hui, les numéros ont remplacé les noms. « Si on met un nom sur une unité c’est qu’il y a quelque chose. Le bâtiment Deplace s’appelle aujourd’hui F6. F6… Touché Coulé! ». Quand on lui demande s’il est content de partir à la retraite à la fin de l’année il répond « Oui, on a bien donné mais je ne regrette pas ma vie ».  On discute quelques minutes du projet du nouvel hôpital : « l’hôpital est amené à disparaître mais ce n’est pas parce qu’on met un coup de bulldozer sur tout ça qu’il faut que la mémoire s’en aille ». Pour finir cette rencontre improvisée, Monsieur Langlet nous tend une vieille photo en noir et blanc. Monsieur Deplace, le directeur, est entouré de la Plume Hospitalière, l’équipe de javelot de l’hôpital. ça sourit, ça boit un verre, ça discute. Aujourd’hui, Hervé et Camille danseront dans le Hall Delplace et on sait maintenant pourquoi.

On est allé en chirurgie, on a fait le tour soutenu, et emmené par Sébastien, et Mme Quarez, on est allé pécher des mots, des mots qui représentent l’hôpital :
entraide/humanité/un tout/collaboration/solidarité/entouré/soigné/illusion/secret/incommensurable/
prévention/dépistage/retraite/communication/urologie/santé/identité/perdu/apprentissage/travail/
équipe/nettoyer/surmenage/déficit/difficulté/maladie/b….l/soins sans visage.

merci de votre temps … de ce temps ensemble. On a collecté une galerie de visages qui nous restera longtemps en tête…

Atypik est un lieu d’acceuil réservé aux consommateurs de drogues. C’est une structure de première ligne qui permet de créer du lien, de l’écoute, de donner des informations et parfois juste prendre une douche. Il s’agit de renouer une relation de confiance avec des personnes qui sont éloignées de beaucoup de choses. La structure est très bien intégrée dans le quartier, dès son ouverture l’équipe a fait visiter le lieu aux riverains. Ils interviennent aussi dans d’autres endroits avec un fourgon camionette, c’est important pour eux d’aller vers les gens qui n’osent pas venir la premiere fois dans la structure de peur de croiser d’autres personnes. Notre conversation est centrée sur la question de la représentation que l’on se fait des consommateurs de drogues, et sur le désir de changer cette image. L’équipe est en train de réfléchir à ce que la culture pourrait apportée à leur pratique et leur travail, la discussion est passionnante et riche.

Ce n’est pas parce que l’on est à l’hôpital qu’il faut perdre son hospitalité. Pauline nous a accompagné toute l’après midi, de services, en services, d’étages en étages. On a croisé les clowns de l’espoir, 2 mâles, 2 femmelles dit Didier et une guitare mais tous les quatre avaient des nez rouge. Etre coulrophobe ne signifie pas avoir peur des couloirs, mais avoir peur des clowns. Oscar et la dame en rose, Marie, les blouses roses, calendrier , Camille, et les fameux bleus – roses des internes. Un mot un mouvement, une photo. L’après-midi est agréable, les enfants, leur sourire … On espère tous se retrouver vendredi, Pauline sera là à celle de 15h30 pour pouvoir échanger avec nous.