Cet après-midi, Daniel Langlet nous accueille dans son bureau aux services techniques. Il est chargé de projet à l’hôpital depuis quarante ans, et quand on lui demande un mot pour définir l’hôpital de Lens, il nous répond « humanisation ». Là, il nous parle du temps d’avant, du temps où les chambres individuelles n’existaient pas et où les patients dormaient dans des chambres de vingt-cinq lits. Puis il y a eu les lavabos pour chacun, puis les sanitaires, puis le téléphone, puis la télévision. « Vous imaginez, aujourd’hui les gens pensent qu’il est normal d’avoir tout ça ». Mais même si on a construit beaucoup de choses, on en a cassé d’autres. Monsieur Langlet nous parle alors du temps où il allait au service gériatrie, un tournevis dans la pochette de sa chemise, et que les patients l’appelaient par son prénom pour qu’il vienne resserrer leurs branches de lunettes. Il nous montre un plan de l’hôpital et nous parle du nom des unités. Eux aussi ont changé en quarante ans. Aujourd’hui, les numéros ont remplacé les noms. « Si on met un nom sur une unité c’est qu’il y a quelque chose. Le bâtiment Deplace s’appelle aujourd’hui F6. F6… Touché Coulé! ». Quand on lui demande s’il est content de partir à la retraite à la fin de l’année il répond « Oui, on a bien donné mais je ne regrette pas ma vie ». On discute quelques minutes du projet du nouvel hôpital : « l’hôpital est amené à disparaître mais ce n’est pas parce qu’on met un coup de bulldozer sur tout ça qu’il faut que la mémoire s’en aille ». Pour finir cette rencontre improvisée, Monsieur Langlet nous tend une vieille photo en noir et blanc. Monsieur Deplace, le directeur, est entouré de la Plume Hospitalière, l’équipe de javelot de l’hôpital. ça sourit, ça boit un verre, ça discute. Aujourd’hui, Hervé et Camille danseront dans le Hall Delplace et on sait maintenant pourquoi.