encore une nuit sans georges

Deuxième jour de Portrait à Loon Plage. Les camarades sont allés à Malo les Bains pour le carnaval, ils sont allés de cafés en cafés, déguisés pour participer pleinement à la fête. Les garçons étaient habillés avec des robes, des jupes et des perruques, et Marie en reine de la nuit. Ce matin, on danse la valse dans le centre-ville. Sous la pluie, sous un ciel si bas qu’on peut toucher les nuages. En avant les valses de Vienne.

La Petite Mère des Champs-Élysées

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Les Champs-Élysées, c’était le café de la route de Mardyck. Sur cette photo de la route de Mardyck, on ne le voit pas, mais presque, c’est juste un tout petit peu plus haut, au coin de la rue. Aux Champs-Élysées, Georgette faisait crédit : dans son café, les ouvriers venaient tous les jours, prendre « une goutte » à 6h du matin, avant d’aller travailler, et ils réglaient leur ardoise seulement une fois par mois, au moment de la paie. Les Champs-Élysées faisait banque aussi : Georgette prêtait de l’argent à ceux qui en avaient besoin. Elle nous raconte qu’en 21 années, il n’y a jamais eu de souci de remboursement, jamais, alors elle prêtait à chaque fois qu’on le lui demandait. Les clients l’appelaient la Petite Mère.

La Plage

Dans Loon, il y a deux « o » collés, mais on ne dit pas « ou », on dit « o ». Ça, c’est clair. Mais la plage ? Où est la plage ? Est-ce qu’on peut se baigner à Loon-Plage ?
Alors, on nous explique que, oui, on peut toujours se baigner. Mais, voilà, ce n’est plus la grande plage, le Clipon, où il y avait même une colonie de vacances, un café, une église. Ça a été un peu envahi par les usines. Il y a toujours une plage, mais petite et avec les usines dans le paysage. Alors, oui, on peut se baigner, mais on n’y va plus vraiment, on va un peu plus loin maintenant.
Mais, au fil des rencontres, nous remarquons vite que, même dans les conversations courantes, les habitants d’ici ne disent pas tellement « Loon », ils ne l’abrègent pas le nom de leur ville, ils s’appliquent souvent à le prononcer en entier : « Loon-Plage ». Peut-être que c’est pour être sûr ne pas l’oublier, la plage de Loon.

Loon-Plage for ever

Lui est de Gravelines. Elle, de Loon-Plage. Il passait en vélo à Loon-Plage, le jour où il l’a vue pour la première fois, il avait 16 ans, elle, 17. Quelques années plus tard, ils se mariaient, à Loon-Plage. C’était il y a cinquante ans. Ils se sont installés à Loon-Plage, ils n’ont jamais quitté Loon-Plage, n’ont jamais eu envie d’aller vivre d’ailleurs.
Pour l’une des séquences du film-spectacle que nous présenterons ce samedi 6 février à la Salle Coluche, nous leur avons posé cette question : « Et si vous aviez une baguette magique, qu’est-ce que vous changeriez à Loon-Plage ? ». Lui comme elle – pourtant interrogés séparément et sans concertation – ont répondu exactement la même chose, sans aucune hésitation : « Rien, je ne changerais rien à Loon-Plage, pas besoin de baguette magique. On a absolument tout ce qu’il nous faut ici. »

Le clipon

Avant le clipon, c’était un endroit plein de vie. Il y avait la plage, le café au bon coin où les familles allaient boire un verre avant d’aller se baigner ou se promener. Il y avait aussi des fermes, plein d’agriculteurs. Les habitants de Loon-plage allaient glaner des pommes de terre, des carottes et autres légumes au clipon.
Mais aujourd’hui, le clipon n’est plus cet endroit de vie. Le port a racheté ces espaces, cette plage pour y mettre un méthanier.
Les Loonois de longue date ont été marqués par cela et regrettent leur clipon.

Promenade avec Dominique…

Martine et Marie ont passé deux heures en voiture avec Dominique Treutenaere qui connait Loon-plage comme sa poche, toutes ses rues par coeur, son passé, son présent…

De la rue Georges Pompidou, la rue principale, où s’élevaient avant de grand marronniers, du nouveau skate parc, des arbres plantés par les enfants (depuis 15 ans, tous les enfants de Loon-plage ont un arbre), de l’ancienne gare abattue car il n’y avait pas les moyens de la réhabiliter, où se trouve également une discothèque désaffectée.

Dans ce coin, il y a l’anneau, une piste aménagée pour marcher. Après le chemin de fer, il y a quelques fermes qui font du circuit court: volailes, Pomme de terre, Agneau, porc, céréales, betterave. Le port autonome a également des terres.

Jusqu’au canal, c’est Loon-plage…

La rue Gaston Dereude qui démarre à un point de Loon-plage et arrive 4km05 plus loin car elle a été coupé par l’A16.

La ferme Gallamé où se situe le musée des jeux traditionnels, le parc des tourelles…

Nous avons appris également que le nom des rues a changé en 2000 à Loon-plage.

Le quartier Boulloche,le quartier du levant, le quartier Kromstraat avec ses maisons en briques rouges où les anciens ouvriers d’Usinor restaient, la future maison de la nature…
La petite rue Denis qui était appelé « la rue de sable » où il y avait avant un café et une forge…
le rond-point du pont de la reine…
le quartier des kempes où il habite…Ce quartier, il y tient et surtout à l’association Kempes animation qui organise depuis 83 la ducasse du quartier.

Mais avant, il y avait des grands champs où il y avait plein de manèges, un café, des concerts, la ducasse était énorme…
La Brasserie Bous…dont le propriétaire était aussi le propriétaire de tous les cafés de Loon-plage.
Et surtout « le clipon », souvenirs d’enfance…Mais il y a beaucoup de choses à dire sur le clipon, cela fera l’objet d’un second article…

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Victorien, Anne-Marie, Georgette et Jean-Pierre

Les rencontres ont bel et bien commencé à Loon-Plage.
Nous avons rencontré Victorien, président de l’association de yoga, et Anne-Marie qui transmet son savoir autour de cette pratique. Ils nous ont parlé de la chance d’avoir une telle salle de yoga (dans un complexe sportif javelot-yoga). Les deux vivent à Looberghe mais font le trajet sans hésiter pour la salle, et aussi pour la baraque du « fritologue ». Le yoga est pour elle et lui bien plus qu’une pratique mais aussi un art de vivre, une manière de s’ouvrir au monde, et de vivre avec les autres.

YOGA Et puis, Anne-Marie et Victorien nous ont guidé jusqu’à Georgette pour nous présenter cette dame qui a vécu toute sa vie à Loon-Plage. Avec son mari, elle y a tenu pendant 21 ans un bar appelé « Les Champs-Elysées ». On pouvait jouer au tiercé ou venir acheter des bagues pour les pigeons que l’on équipait alors dans l’arrière-salle. Puis Jean-Pierre, le mari, est arrivé, avec toute sa bonne humeur et son humour. Il revenait du match de foot, il est très connu par les gens du club puisqu’il a tracé pendant 10 ans les bandes blanches du terrain avant chaque match, en tant que bénévole. Aujourd’hui il n’a plus besoin de payer pour son café.Georgette-et-Jean-Pierre-1400