Mardi 19/05/09

Guy Alloucherie et Maggie Delèglise parcourent le quartier
2 visions d’un itinéraire

« On a fait un petit tour dans le quartier pour distribuer un petit tract, un texte où on raconte un peu ce qu’on a fait sur et autour du 11/19
et aussi ailleurs pendant l’année. On a commencé par le bas de l’Avenue de la Fosse. On a fait du porte à porte. On a déposé nos tracts
dans les boîtes aux lettres où il n’y avait personne. Dans la même rue d’un seul coup on a rencontré pleins de gens.
On a parlé longuement avec un homme qui revenait vivre en France après avoir vécu plus de quinze ans en Pologne.
Il a été opérateur au cinéma le Quentin à Lièvin pendant très longtemps après avoir travaillé 25 ans à la mine.
A la mort de sa femme, il y a 15 ou 17 ans, il est parti en Pologne, il avait 63 ans.
Et puis dernièrement il a quitté la Pologne pour revenir vivre en France. Il habite pour l’instant à Lens tout près du 11/19 chez sa nièce.
Il est en attente d’un petit appartement sur Lièvin qu’il compte avoir pour septembre. Il a 80 ans, et rentre en France définitivement.
On a longuement parlé de la Pologne. Quelques maisons plus loin on a croisé une dame à sa barrière qui nous a parlé du temps où elle était trieuse au trois de Lens. Elle dit : « je préférais travailler à la mine qu’a l’usine.
Je ne voulais pas aller travailler dans les filatures à Roubaix. C’était trop loin, et j’étais malade en autobus. »
Elle dit qu’avec son mari qui a travaillé sur le 11/19, qui était mineur souvent ils se rappellent le temps où ils ont commencé… « Tout était si différent ». Aujourd’hui dit elle, c’est « chacun pour soi »
A peine, on l’avait quittée qu’on a croisé une militante du front de gauche qui distribuait des tracts pour les européennes.
On a fait un échange de tracts. On s’est posé la question des différents partis de gauche qui ne font pas front commun.
Elle nous a dit : merci pour ce que vous faites. On a décidé qu’on irait tous les mardis dans le quartier qu’on passerait tous les mardis quelques heures dans le quartier à frapper aux portes à parler d’art, de culture, de politique, de vie. Dire qu’on est là, que la planète tourne et qu’elle est pas sensée tourner sans nous. » G.A

 » Au détour des rues entourant le 11 /19, avec Guy on a rencontré Jean.
Jean va avoir un appartement en septembre à Lièvin. Il dit qu’il vient de l’étranger, de Pologne. Jean revient de 17 ans passé en Pologne au sein de sa famille. Il a 80 ans et aime conduire vite. Il nous raconte des anecdotes de Pologne et qu’il travaillait au cinéma.
C’est extraordinaire ces rencontres, on se dit avec Guy qu’il faut laisser le temps de la rencontre.
Ce « temps de la rencontre » c’est juste les quelques secondes où l’on se regardent quand la personne ouvre la porte.
S’il y a une envie de parler, d’écouter, l’alchimie se fait et les langues se délient, et nous, on se régale.
Au n° 121, on est tombé sur une dame qui nous a dit le 19 je connais, j’y ai perdu mon père, mon frère, et mon mari y a travaillé.
Elle était trieuse, et ne regrette rien, elle dit, si c’était à refaire, je referais tout pareil. Guy lui dit, ce sont de bons souvenirs? Elle sourit, elle se met à rire, et elle dit « oh oui, avec mon mari, on en parle souvent, on était jeune et on faisait n’importe quoi ! »
Elle a l’impression que les jeunes oublient ce qui s’est passé là haut (à la fosse)qu’ils ramènent leur science mais qu’ils ne font plus attention …
« Il faut connaître son passé, pour ne pas être condamné à le revivre » c’est une phrase que j’ai lu à Auschwitz.
C’est vrai madame, et c’est pour ça qu’on fait ça, qu’on fait ce qu’on fait à la compagnie. On fait le travail de collecte de mémoire. On interviewe les gens, on prend tout ce qu’ils veulent bien nous donner et puis Guy et H.V.D.Z  ils en font de la matière à spectacle.
La rencontre est au coin de la rue, dit Guy.
On a passé beaucoup de temps avec Jean qui n’avait pas envie qu’on parte. Il vient de la Westphalie, comme mes grands parents. Mais il est né à Harnes. Jean a un accent polonais et il parle patois,c’est magnifique.
J’aurais pu l’écouter longtemps encore, parler des polonais et des files d’attentes où les français étaient prioritaires.
Il nous a dit qu’il amenait des gauloises, et qu’il les échangeait contre du saucisson. »
M.D

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