On tâtonne le temps de trouver le ton

Labo semaine deux.
Labo si j’y suis, dit Guy, en pensant bien sûr à l’émission de Daniel Mermet. Daniel Mermech, nous a dit Madame Nourry, la centenaire grand-mère de Sabine, à Armentières.
Labo si j’y suis, avec Daniel Mermech.
Les danseurs sont arrivés, et Charlotte aussi. Charlotte fait du mât chinois, ce qui fait qu’elle représente le cirque. Elle représente ici l’internationale cirque, on se dit.
Il y a Marie qui est là. Qui était au début des veillées, et qui, maintenant, est revenue. Marie est là.
Et il y a Camille, pimpante.
Et puis Dorothée. Qui est là les matins. Et les après midi à Lille. Hervé ne devrait pas tarder mais le RER et les trains ne sont pas encore arrivés jusqu’ici.
On a déjà fait des filages.
On tâtonne le temps de trouver le ton.
On tâtonne le temps de trouver le ton.
Plongés dans les années de veillées, c’est fou tout ce qui est remonté à la surface. C’est fou tout ce qu’on a vécu, qu’on voudrait raconter, toutes les colères et toutes les beautés. On tâtonne pour trouver le ton, la porte d’entrée. Il y a cinquante portes d’entrées. Il faut trouver au plus juste. Il y en a tant, on tâtonne.

La culture pour qui et pourquoi

La culture est, à tous moments, l’enjeu d’une lutte. Ce qui se comprend parce que, à travers l’idée de culture ou d’excellence humaine (l’homme cultivé c’est, dans toutes les sociétés, l’homme accompli), ce qui est en cause en jeu, c’est la dignité humaine. Cela signifie que, dans une société divisée en classes, les gens dépourvus de culture sont et se sentent atteints dans leur dignité, dans leur humanité, dans leur être. Ceux qui possèdent, ou croient posséder, la culture (la croyance, en ces affaires, est l’essentiel) oublient presque toujours toutes les souffrances, toutes les humiliations qui s’accomplissent au nom de la culture. La culture est hiérarchisée et elle hiérarchise… ce n’est pas seulement sur le terrain politique que la culture et le respect qu’elle inspire, réduisent au silence ceux qui en sont dépourvus…

Pierre Bourdieu
« La culture pour qui et pourquoi », le monde, 12 octobre 1977.

Veillée #13

Calais. 24 et 25 octobre 2006.
C’est le début de la création de base 11/19.
Raf et Luz et Lionel et Manuelle et Marie, et tout. Et Howard. La barre russe, Alex, Fred et Fred.
Les chantiers du Channel. Francis Peduzzi. Léna. Amandine qui cuisine.
Le QG qui parfois sent très fort. Des remontées d’égout et des moustiques.
Les gilets fluos. La visites des chantiers. Des ouvriers qui venaient de partout. Des compagnons, des intérimaires.
Le travail, manger, dormir.
Des ouvriers du chantier – Moustapha, Rachid – qui avaient invité Martine et Guy a manger.
Les plumes d’isolation.
Le quartier des cailloux.
Fort Nieulay. Images de danses éclairées aux phares de voiture sous les immeubles à colonnes. Les gens qui regardent aux fenêtres et qui applaudissent.
Martine va être grand-mère.
Moustache. Les militants solidaires des migrants.
Le hangar des Migrants. Détruit pendant les filages. La colère.

Veillée #12

Torcy
Emmanuelle Jouan. Espace Lino Ventura.
La dame marocaine si fière de sa fille qui avait suivi des études de médecine.
La grosse voiture de location. Enorme.
Les jardins ouvriers sous les pylônes électriques.
Cathie qui faisait à manger.
M. Némo, le directeur de l’école où il y avait une chèvre.
Les portraits des enfants dans la cour de récréation.
Valérie Pierson.
Juliette, dans le cour d’alphabétisation, qui avait chanté.
Aminata.
Danse Country.
Hassan et Flora. Leur première veillée.
Dans l’entrée de la salle. Un stand citation.
Le quartier de l’Arche Guédon. Les journalistes qui viennent avec les CRS.
La dame en boubou assise à côté de la boite aux lettres.
Un petit enfant fouillé par la police.
Le gréviste de la faim. Sans papier.
36 séquences.
Les jeunes et les vieux, un mix sur la culture. Une vieille dame qui parle du foot à la TV avec passion.
Une galerie de supermarché, à ciel ouvert. B1 et B2.
Quartier du mail. Avec plusieurs niveaux pour les piétons.
Un responsable de la communauté Malienne.
Un repas de travailleurs. Manger le couscous. Avec Dorothée et Mathilde et Camille.
La grande salle de 400 places.