Récit de performance façon scénario de Passion # Hervé

Intérieur jour. Éclairage soleil de fin de journée.
Plan 6 : Hervé, seul devant la table, nombreux accessoires. Il est équipé d’un micro HF.

Hervé, derrière la table, parle, parle, parle, de tout ce qu’il voulait faire pour cette impro, de toutes les envies, alors, il dit, il va toutes les faire en même temps. Se scotcher la figure comme Marie, répéter une phrase de danse à plusieurs reprises. Se menotter avec du gaffeur. Se mettre du sang dans la bouche, sur la tête. Danser. Se chauffer le visage jusqu’à la brûlure, danser, même phrase, danser. Encore, danser, même phrase. Tout en parlant encore.

Récit de performance façon scénario de Passion # Didier n°2

Intérieur jour. Éclairage soleil de fin de journée.
Plan 5 : Didier, assis seul à la table. Il porte un HF et a, dans les mains, deux oignons.

Il parle de Marina Abramovic et raconte cette performance où elle mange des oignons, il dit qu’il va le faire aussi, il dit ci, ça, parle sans arrêt, conférence, avec tout le naturel du monde, tout en croquant dans les oignons jusqu’à ne plus pouvoir, jusqu’à pleurer, avoir le nez qui coule, envie de vomir.

Récit de performance façon scénario de Passion # Marie orchestre tout le monde

Intérieur jour. Éclairage soleil de fin de journée.
Plan 4 : Au plateau, Camille, Charlotte, Hervé, Flora et Marie. Marie est équipée d’un HF. Décor du plateau brut, sans ajout spécifique.

Camille, Charlotte, Hervé et Flora se dispersent dans l’espace et tentent de donner à leurs corps la forme des objets qui les entourent, tentent de coller au plus près des objets. Marie raconte qu’à partir d’un texte vu sur ce blog, elle réfléchit à usure-passion / usurpation. Elle donne une conférence sur le fait d’être – ou non – à sa place, à sa place légitime – en s’appuyant sur les exemples des corps des autres, pliés dans l’espace. Charlotte est une chaise. Usurpation. Hervé est un micro. Usurpation. Camille est assise au sol, enceinte, ce n’est pas de l’usurpation. Elle tranche. C’est de l’usurpation, ce n’est pas de l’usurpation.

Récit de performance façon scénario de Passion # Flora / Camille

Intérieur jour. Éclairage soleil à travers store.
Plan 3 : une table et deux chaises. Sur la table, deux gobelets, une bouteille d’eau et des accessoires. Sur une chaise, Camille, qui a une caméra et un appareil photo. Sur l’autre chaise, Flora, équipée d’un micro HF. La caméra de Camille est reliée à un écran TV qui diffuse en direct les images filmées en très gros plan par Camille.

Camille tend à Flora un gobelet et une paire de ciseaux. Flora se coupe une mèche de cheveux et la met dans le gobelet. Camille met de l’eau dans le gobelet Flora attrape le gobelet et boit le mélange d’eau et de cheveux. Elle commence a raconter calmement pourquoi cette performance, le rapport au corps, le personnel est politique, les artistes féministes des années 70. Camille lui tend un cure dent. En se regardant dans le petit écran de la caméra, elle se plante le cure dent dans les gencives, qui saignent abondamment. Elle continue à parler des performances de body art, des mutilations, du rapport au corps dans l’art de ces quarante dernières années. Elle s’interromps pour cracher du sang dans le gobelet. Camille attrape le gobelet y ajoute un peu d’eau et le tend à Flora, qui boit le mélange de sang, de crachat et d’eau et continue à parler d’histoire de l’art contemporain, en su curant les ongles avec la limes que lui a tendu Camille. Elle met les déchets dans le gobelet et les boit, et le même protocole se reproduit encore, en même temps que l’exposé sur l’art et le rapport au politique, et du coup aux populations continue. Elle presse sur ses boutons pour en extraire le blanc, s’épile les sourcils et bois les déchets de son corps.

Récit de performance façon scénario de Passion # Jérémie / Marie

Intérieur jour. Éclairage soleil à travers store (rayures).
Plan 2 : Jérémie, assis sur une chaise, devant un micro, tenant un sac poubelle noir et un rouleau de gaffeur. Marie debout, derrière lui, une paire de ciseaux à la main.

Jérémie respire fort, rapidement, pour s’oxygéner et puis il met sa tête dans le sac et avec le gaffeur, il fixe le sac étroitement à son cou. Apnée. Apnée. Apnée. Marie tire un bout du sac et, à l’aide des ciseaux, fait un trou. On entend la respiration de Jérémie. Marie continue, en tournant autour de lui, à couper le sac, laissant apparaître des tout petits morceaux de peau, de cheveux. Jérémie raconte pourquoi cette performance. A travers le sac, sa voix est étouffée. Marie coupe, coupe, coupe.