La culture pour qui et pourquoi

La culture est, à tous moments, l’enjeu d’une lutte. Ce qui se comprend parce que, à travers l’idée de culture ou d’excellence humaine (l’homme cultivé c’est, dans toutes les sociétés, l’homme accompli), ce qui est en cause en jeu, c’est la dignité humaine. Cela signifie que, dans une société divisée en classes, les gens dépourvus de culture sont et se sentent atteints dans leur dignité, dans leur humanité, dans leur être. Ceux qui possèdent, ou croient posséder, la culture (la croyance, en ces affaires, est l’essentiel) oublient presque toujours toutes les souffrances, toutes les humiliations qui s’accomplissent au nom de la culture. La culture est hiérarchisée et elle hiérarchise… ce n’est pas seulement sur le terrain politique que la culture et le respect qu’elle inspire, réduisent au silence ceux qui en sont dépourvus…

Pierre Bourdieu
« La culture pour qui et pourquoi », le monde, 12 octobre 1977.

Veillée #13

Calais. 24 et 25 octobre 2006.
C’est le début de la création de base 11/19.
Raf et Luz et Lionel et Manuelle et Marie, et tout. Et Howard. La barre russe, Alex, Fred et Fred.
Les chantiers du Channel. Francis Peduzzi. Léna. Amandine qui cuisine.
Le QG qui parfois sent très fort. Des remontées d’égout et des moustiques.
Les gilets fluos. La visites des chantiers. Des ouvriers qui venaient de partout. Des compagnons, des intérimaires.
Le travail, manger, dormir.
Des ouvriers du chantier – Moustapha, Rachid – qui avaient invité Martine et Guy a manger.
Les plumes d’isolation.
Le quartier des cailloux.
Fort Nieulay. Images de danses éclairées aux phares de voiture sous les immeubles à colonnes. Les gens qui regardent aux fenêtres et qui applaudissent.
Martine va être grand-mère.
Moustache. Les militants solidaires des migrants.
Le hangar des Migrants. Détruit pendant les filages. La colère.

Veillée #12

Torcy
Emmanuelle Jouan. Espace Lino Ventura.
La dame marocaine si fière de sa fille qui avait suivi des études de médecine.
La grosse voiture de location. Enorme.
Les jardins ouvriers sous les pylônes électriques.
Cathie qui faisait à manger.
M. Némo, le directeur de l’école où il y avait une chèvre.
Les portraits des enfants dans la cour de récréation.
Valérie Pierson.
Juliette, dans le cour d’alphabétisation, qui avait chanté.
Aminata.
Danse Country.
Hassan et Flora. Leur première veillée.
Dans l’entrée de la salle. Un stand citation.
Le quartier de l’Arche Guédon. Les journalistes qui viennent avec les CRS.
La dame en boubou assise à côté de la boite aux lettres.
Un petit enfant fouillé par la police.
Le gréviste de la faim. Sans papier.
36 séquences.
Les jeunes et les vieux, un mix sur la culture. Une vieille dame qui parle du foot à la TV avec passion.
Une galerie de supermarché, à ciel ouvert. B1 et B2.
Quartier du mail. Avec plusieurs niveaux pour les piétons.
Un responsable de la communauté Malienne.
Un repas de travailleurs. Manger le couscous. Avec Dorothée et Mathilde et Camille.
La grande salle de 400 places.

Veillée #11

Barlin. Cité 5.
C’est chez Martine. Le QG chez Martine, dans le salon, à l’étage. En deux fois.
Groupe Axiom, qui a fait une première partie . La caméra a deux filles du quartier. Un petit film de 5 min. Le quartier vu par Julie et Justine.
Anne Cécile, qui avait fait du trapèze dans la rue. Qui habitait là.
Danser dans le jardin d’un monsieur.
Guy qui a marché dans la neige. Dans les champs. En février.
Les filles, danseuses, avec leur bottes en caoutchouc, qui dansent.
L’article de libé.
La destruction des premières maisons.
Le côté île. Des océans de verdure. De la boue lourde lourde lourde. C’est magnifique, c’est pire que tout. La foi du charbonnier. La foi du travailleur, a dit une dame.
Martine interviewée, et Anne Cécile aussi. Et les pas de porte.
Les zapping des enfants.
Raymond et Lucien, les deux frères.
La famille Bak. Bertille Bak, dont on a entendu beaucoup parler. La légende de Bertille Bak. Elève de Boltanski aux beaux arts de Paris. Puis au Fresnoy.
Le coiffeur communiste.
Joué à la salle des fêtes. Deux fois.

Veillée #10

Octobre 2005
Retour à Bourges, pour refaire une veillée à l’extérieur, mais finalement, non, ça s’est fait dans le quartier, avec l’atelier théâtre. Cerise et compagnie.
Une semaine, seulement.
Des portraits des portes dans les cages d’escalier.
Une grande salle. Une jeune femme avec trois enfants.
Une expo transgenre à Emmetrope.
Le poète. Albert, Albert Poignard.
Mme Fabri. Un de ses élèves qui lui dit bonne vacances. Champagne brut. Arrivée d’Espagne, traversé les pyénées, pour fuir le franquisme.
Un an après, la déportation. Reloger, vider le quartier au fur et à mesure. Murer les appartements vides, laisser à l’abandon, reloger au compte goutte. Un immeuble fantôme. Inhumain.