C’est pas toujours simple de raconter ce qu’on fait. On a cette étrange impression que si le théâtre veut retrouver du public, il doit emprunter des voies différentes de la pure consommation des oeuvres (anciennes ou modernes)… mais c’est parfois impossible de raconter qu’on passe le plus clair de notre temps dans la ville à la rencontre des habitants pour co-construire des spectacles, pour élaborer ensemble des oeuvres qui sont le prétexte de conversations, de dialogues, de questionnement sur le rôle de la culture, de l’art, dans la vie, dans la politique.
Des démarches qui mêlent théâtre, danse, musique, cirque…. C’est parfois impossible à raconter parce que c’est inenvisageable (voire irrecevable) pour celui…pour qui le spectacle vivant n’existe que dans le lieu exclusif du théâtre (l’édifice). Pour qui considère le public comme une masse et non pas des hommes et des femmes dont il faut prendre soin.
Carnets de route
jean michel lucas – carnet de route –
« …La confrontation du sens et des valeurs des dignités culturelles ne se fera pas à coup de
« règles de droit » et de « statistiques » objectives, d’œuvres imposées ou de « succès » estimés au nombre de « publics » ou de « consommateurs » de culture. Elle se jouera sur le terrain des « raisons profondes », des rêves et des espoirs, c’est à dire des imaginaires, des sensibilités, des symboliques toujours difficiles à cerner par les personnes elle-mêmes, leurs groupes d’appartenance comme par les « autres ». La confrontation du sens et des valeurs des cultures est un perpétuel chantier où les artistes trouvent leur place s’ils savent en donner des figures nouvelles, en explorer les tensions, déplacer l’équilibre des possibles et la distribution des capacités, pour paraphraser Jacques Rancière. La politique publique a ainsi besoin de la rencontre avec les créateurs mais dans un rapport qui prend en considération la personne elle-même c’est à dire qui la considère, prend soin d’elle, la « reconnaît au final, sans l’astreindre au seul rôle de « public » de « l’œuvre… »
sous le volcan -carnet de route –
On se disait tout à l’heure qu’on ressentait davantage la douleur de vivre et la peur de la mort dans l’entre_temps. La marche aide à surmonter la peur du vide. On écoute la radio en marchant; tout à l’heure, on écoutait quelque chose sur Sous le volcan de Malcom Lawry. Marguerite Duras disait, l’alcool c’est rencontrer Dieu. Tituber, c’est une métaphore du monde qui tourne en rond. Fascination de la mort. La mort du consul dans Sous le volcan, cette oeuvre culte et monumentale de la littérature contemporaine est d’une brutalité inouïe et bouleversante…
pontedera – carnet de route –
Les veillées c’est comme si on rajoutait un nouveau chapitre à chaque nouvelle veillée. Une forme qu’on ne finirait pas d’approfondir; ça nous rappelle toute proportion gardée et dans un genre complètement différent ce que faisait J. Grotowski quand on a eu l’occasion de le rencontrer. A l’époque nous étions encore au Ballatum Théâtre. J. Grotowski était installé à Pontedera en Italie. Pendant des années avec les comédiens qui travaillaient avec lui, des acteurs de toutes les nationalités qui pouvaient rester six mois ou des années, il travaillait sur ce qu’ils appelaient une forme. Toujours la même qu’il voulait rendre toujours plus juste. C’est une autre démarche que la nôtre puisque très ouverte sur les cultures populaires du monde entier, le travail était pratiqué en un lieu isolé et rares sont les gens qui ont pu assister à des démonstrations. Mais c’est l’idée de revenir sur une même forme en permanence pour la remettre en question, la transformer à chaque nouvelle rencontre, à chaque nouvelle veillée qui est un peu similaire. On pense à ça comme pour trouver des correspondances entre les expériences vécues au fil du temps. La première fois qu’on avait rencontré J. Grotowski, c’était pour un stage qui regroupait des troupes de théâtre qui venaient de toute l’Europe. On était regroupé dans un château dans l’Avesnois, du côté de Maubeuge. Pas loin de la frontière belge.
changer de facettes
Le stage s’est achevé si rapidement… on a appris plein de choses et surtout on a des nouveaux outils nombreux, et surtout surtout, l’envie de se décaler d’un chouïa pour changer de point de vue, changer de facettes.
On remercie mille fois le Pavé, et Annaïg, et Anthony, et on attend avec impatience la prochaine cession, en décembre. avec curiosité et impatience.
envie de fuir ?
sous les pavés
Ce matin, on a consacré du temps à apprendre et mettre en pratique une méthodologie pour écrire des questions qui font débat réellement. Des questions pour des petits débats dans l’espace public. Cet après-midi on est allé dans les rues de Lens pour essayer cette forme de dazibaos, des panneaux de démocratie : écrire sur un grand panneau la question, et sur les petits, des pépites que nous ont dit les passants, au fil des conversations.
La rentrée, c’est une porte ouverte, ou une porte fermée sur l’avenir ?
L’art, ça vous donne envie, ou ça vous fait fuir ?
une porte ouverte
c'est la rentrée
C’est la rentrée. On fait un stage pour commencer.
Rencontre avec Annaïg et Anthony, de la scop Le Pavé. C’est la scop d’éducation populaire de Franck Lepage et ses camarades, qui font des conférences gesticulées, des Incultures, dont on a déjà souvent parlé.
On a commencé hier. C’est passionnant parce qu’on confronte nos habitudes de veilleurs , nos objectifs, nos protocoles, à d’autres outils, d’autres protocoles, d’autres objectifs, aussi.
HVDZ / le Pavé. On est à la fois très proches et aussi lointains. Ce qui est passionnant c’est que, en découvrant ce qui nous différencie, on découvre une ouverture, de nouveaux champs possibles. On expérimente de nouvelles formes, on se confronte à notre propre pratique. Parce qu’il ne faut pas oublier de prendre de la distance sur ce qu’on fait, et toujours essayer de faire de nouvelles choses. On dévore ce qui nous est proposé, avec plaisir. On apprécie les débats. On est impatient de la suite. Curieux et impatients.



