Tout est précaire

Maintenant faut se concentrer sur la suite qui arrive à grand pas. Hénin Beaumont. Puis Fresnicourt et Rebreuve Ranchicourt. Maintenant on en a la confirmation : Olivier, notre administrateur ne sera plus avec nous à la rentrée puisqu’il va travailler avec Christophe Piret à Aulnoyes Aimeries. A l’autre extrémité de la région. On se demande bien comment on va faire. Olivier a abattu pendant toutes ses années une masse de travail considérable. Tout le monde le reconnaît. Difficilement remplaçable. Faut qu’on trouve une autre formule. On peut imaginer que c’est le moment de revoir le fonctionnement de la compagnie de fond en comble. C’est un coup dur pour l’équipe. On avait trouvé un équilibre. Précaire. Comme tout est précaire. Mais on savait bien qu’avec Olivier la compagnie était bien gérée. On pouvait mener nos actions artistiques en toute quiétude. Et puis si on était un peu perdu, on appelait Olivier. Un type réglo. Alors maintenant, on fait quoi? Sandrine nous a dit qu’elle partirait dès qu’elle trouverait un travail en Normandie. On comprend bien qu’après cinq ou six ans dans une compagnie on décide de faire sa route. Mais c’est un coup dur. Olivier est d’une humeur égale. C’est un homme de confiance. Comment on fait maintenant? Dans son travail, il ne s’est jamais laissé déborder par ses états d’âme. C. Piret a beaucoup de chance. Et Sandrine qui partira dès que l’occasion se présente. C’est pas tous les jours facile la vie de compagnie.

interhumain

L’oeuvre d’art contemporaine représente un interstice social.  Karl Marx utilise ce terme pour qualifier des communautés d’échanges échappant au cadre de l’économie capitaliste, car soustraites à la loi du profit. Troc, ventes à perte, productions autarciques, etc. L’interstice est un espace de relations humaines qui, tout en s’insérant plus ou moins harmonieusement et ouvertement dans le système global, suggère d’autres possibilités d’échanges que celles qui sont en vigueur dans ce système. Créer des espaces libres, des durées dont le rythme s’oppose à celles qui ordonnent la vie quotidienne, favorise un commerce interhumain différent des « zones de communication » qui nous sont imposées. L’oeuvre d’art contemporaine développe bel et bien un projet politique quand elle s’efforce d’investir et d’interroger la sphère sociale. P. Henry (à propos des nouveaux territoires de l’art)

maison à vendre au 41

Hier j’ai fait un tour dans Divion pour le spectacle de Thomas Piasecki Camarade Divion. J’ai remonté le long de l’église. Puis je suis passé devant l’école René Goscinny. Une croix jaune indique sur un pilône  que si on fait de la randonnée, c’est pas le bon chemin. Puis il y a l’ancienne école de garçons. Comme l’école Anatole France à St Pierre lez Auchel. Même architecture. Marcher comme ça sans savoir très bien où je vais, ça me rappelle les marches que j’ai faites parfois avant de jouer. Partir un peu plus d’une heure avant le spectacle pour faire passer le trac. A Cavaillon je me suis perdu. Je suis revenu cinq minutes avant le début du spectacle. J’ai eu chaud. A Divion, il n’y  que des côtes. Faut avoir des bonnes jambes. Résidence de la Drève. Bus ligne 44. J’ai pris rue Florent Evrard. Résidence de personnes âgées, Henri Hermant. C’est une impasse. Maison à vendre au 41 de la rue . Des fleurs et un chat dessinés sur une poubelle. Des panneaux solaires sur un garage. Rue Jean Jaurès. Le lycée d’Auchel était situé rue Jean Jaurès. Dans les anciens grand bureaux des mines. Mon père allait à la réunion des parents d’élèves et il me disait, je ne dis rien, j’acoute (je le racontais dans les Sublimes, le spectacle qu’on a fait en 2002. Dix ans bientôt)… Thomas P. m’a dit tu marches dans Divion et tu racontes ce que ça t’évoque. Pour le spectacle Camarade Divion. En juin à Divion. Mon père était communiste. Mais aujourd’hui on démarre à Hinges. Et Locon . C’est pas Divion ou Maisnil Ruitz et Houchin. C’est Hinges et Locon. On ne s’est jamais autant rapproché d’Isbergues. Comme dit Thomas S. On a rendez vous à dix heures sur place.  Hier c’était très émouvant les Porte 27 à la base 11/19.

tous à norrent fontes

Chercher encore. Approfondir. Cultiver son jardin. Encore une belle journée qui s’annonce. Ce soir à 18h les Porte 27 présentent le résultat de leur travail de la semaine, sur leur rencontre avec les migrants à Norrent Fontes. Et dimanche ils joueront à Norrent Fontes, dans le camp. A quelques centaines de mètres de l’autoroute. Pour les réfugiés, les habitants de Norrent Fontes et l’association Terre d’errance. L’autoroute qui mène à Calais et puis l’Angleterre. Ils disent à quel point les migrants n’imaginaient pas la violence de la répression policière en France. Ils disent aussi la solidarité à Norrent Fontes. Les habitants qui se mobilisent pour leur venir en aide. Chercher encore. Approfondir.

De quel côté? Pour quoi faire d’autre encore? Pas facile de bien savoir où on en est. Demain on est à Hinges. Tant mieux.  A l’air libre. Tout ce temps passé dans les théâtres. Est ce que c’est un lieu pertinent? Quoi faire? Y dire quoi?  Et surtout pour qui? Passer du spectacle de la contestation à la contestation du spectacle. Avec l’expérience du groupe Porte 27,on situe bien la problématique. Dans des lieux traditionnellement dévolus à la représentation (pour un public choisi) est ce qu’on peut générer encore des rapports au monde ? Est ce que la vraie représentation n’aurait pas lieu dimanche? Tous à Norrent Fontes!

ça va mieux?

R.S.I. Théorie lacanienne de la réalité. Noeud Boroméen. Réel. Symbolique et Imaginaire. Qui forment un tout. Trois cercles hermétiquement liés. Le symbolique représente le langage, tout ce qu’on peut nommer. Le réel, tout ce qui ne peut pas être nommé. Et l’Imaginaire, comment on perçoit le regard des autres sur soi. Comment on en était arrivé là? Je ne sais plus bien. Peut être parce qu’on a parlé du spectacle de Laurent Petit qui fait  la psychanalyse d’une ville en collaboration avec un architecte. Et peut être à cause du spectacle Quartier de la République à Avion. Celui qu’on a vu avant hier. Un quartier qui se raconte. Tout ce qui se raconte n’est pas de la psychanalyse. Même dans la représentation, la formulation d’émotions en rapport avec sa propre expérience. La psychanalyse est une démarche particulière et unique. Avec un analyste. Une femme ou un homme de paroles. Un spectacle n’est pas une psychanalyse. Je me souviens d’un débat à Paris, après une représentation de Base 11/19 (qui racontait à notre manière la vie présente du site minier du 11/19, reconverti en lieu de culture et de mémoire, et de travail et de recherche sur les énergies propres). Une personne nous avait dit, alors ça va mieux?

Le spectacle de Bartabas et de Caroline Karlson réunit des centaines de gens chaque soir à Bruay, à l’ancienne usine Plastic Omnium. Et la Smob, la scène mobile de la communauté d’agglos Artois Com est installée à Hinges. Hier on a croisé Stéphane de Culture Commune qui assure l’organisation de la Smob. De la relation avec les élus au catering des artistes.  On l’a vu tard dans la soirée qui s’en allait nourrir les comédiens de la compagnie Tourneboulé à Hinges. Dès ce samedi matin nous serons à Hinges. Et Locon. Pour les Portaits de Villages. Aujourd’hui, c’est Camarade Divion, à Divion. Et Porte 27, en fin de journée. A la base 11/19.

avion

Tous à Avion. Ce soir c’est la dernière de Quartier de la République. La dernière d’un spectacle réalisé avec les habitants du quartier de la République après une résidence d’écrivains de trois ans de Christophe Martin. C’est au théâtre Aragon, place des Droits des Enfants. C’est drôle, c’est intelligent, c’est festif. C’est l’histoire du quartier… Hier le théâtre était plein à craquer. Et c’était l’anniversaire d’une actrice, habitante du quartier. Elle fêtait ses soixante quinze ans. Au salut, toute la salle a chanté pour elle. Encore ça rappelle cette histoire décrite dans le texte de P. Mourrat sur Primo Lévi (un peu plus bas dans le blog, dans l’article intitulé p.mourrat, le 29/05/11). A la sortie on a vu plein de monde. Les gens étaient heureux. On a vu Lucien Suel aussi (Thomas, son fils joue dans le spectacle). Qu’on revoit toujours avec beaucoup de plaisir. On a pris des nouvelles. Il a terminé un nouveau livre qui sortira à la fin de l’année. Un après La patience de Mauricette. On a hâte de le lire. Le spectacle traite du même monde que les spectacles de Pommerat. Mais ici on prend le parti des gens. De la vie. C’est un peu la différence que je ressentais quand je vivais dans les corons. Entre ce qu’on vivait et ce qu’on disait de nous. On n’était pas malheureux dans les corons. C’est le regard des autres portés sur nous qui nous humiliait et nous rendait malheureux. Et violents. De l’intérieur. Et ça continue de brûler… à l’intérieur. Tous à Avion! Marie Letellier a fait la chorégraphie du spectacle et Christophe Moyé l’a co-mis en scène avec Christophe Martin.

multiplier les rencontres

Intervention à l’ENSAIT à Roubaix aujourd’hui dans le cadre du travail avec les apprentis des Centres de Formation des Apprentis de la région Nord Pas de Calais.  Hier on a réussi à caler une réunion avec les associations d’ Hénin Beaumont pour la Veillée dans trois semaines. Et puis hier on a travaillé avec les artistes de la compagnie Porte 27 (compagnie de cirque et de danse) qui sont en résidence à Culture Commune. Ils ont passé la semaine dernière à Norrent Fontes. Au camp des réfugiés. Avec qui ils ont discuté, échangé et fait du cirque. Et les habitants de Norrent Fontes et des alentours qui viennent en aide aux réfugiés. Ils sont restés plusieurs jours et ont logé chez les bénévoles de l’association Terre d’ Errance. Ils racontent sur leur blog. Tout au long de l’année ils ont multiplié les rencontres dans divers lieux. Une clinique psychiatrique. Une prison de femmes. Un collège. Et Norrent Fontes. Besoin d’aller vers les autres. Pour comprendre, s’approprier, partager. S’indigner. Inventer. Réinventer le monde. A la fin de la semaine, vendredi soir, ils proposent une présentation d’un travail en cours pour parler de leur expérience. Qui mêle cirque, danse, textes. Et samedi ils iront présenter ce spectacle aux réfugiés, au camp de Norrent Fontes. On pense alors au texte écrit par P. Mourrat qu’on a reproduit ici avant hier, au sujet de Primo Lévi.   Pas évident de se retrouver dans une salle de théâtre après avoir vécu une expérience comme ça. On s’est demandé comment raconter. Par le corps, forcément. Le corps est leur instrument. Par l’image. Mais on s’est dit aussi qu’il fallait aussi raconter, tout simplement. En tout cas ce qu’on a vu hier et ce que font Marion, Vasil et Matthieu est génial. Jeudi on voit Thomas Piasecki pour le spectacle Camarade Divion. Au café de Divion. A l’heure du PMU. Rendez vous face à la mairie. A 11h.J’interprète un fils de mineur dans son spectacle. Je ne mens pas. C’est la vérité.