L’état de santé de Nadège est stable. On répète cet après midi. On va mordre sur la soirée, si c’est possible. Nous avons travaillé toute la semaine dernière à Vic sur Cère dans la salle polyvalente, nous irons aujourd’hui dans une salle de classe de l’école primaire. On est attendu ce midi dans un petit restaurant avec une terrasse magnifique qui donne donne sur le massif central. On a pris l’habitude d’aller chez cette gentille dame avec laquelle nous avons sympathisé. On se croirait chez Cindy, à Loos en Gohelle. Ici, la dame cuisine davantage de salades. Demain dans la matinée on se mettra dans le train pour dix heures de trajet. Arrivée à Avignon vers 19h.
Carnets de route
On prend le train mardi pour Avignon
Ciel couvert et chaleur de dingue. Aurillac 2018. Nadège s’est blessée à l’oeil gauche. La répétition est remise à plus tard. On a fait le tour de la ville. C’est la fête du goût sur les bords de la Jordanne. Mise en valeur des produits locaux et de la culture auvergnate. Hôtel de la Renaissance, 13h54. La lecture du texte -No Border- est commandée au festival d’Uzeste et d’Aurillac, après Avignon.
les vaches ruminent
Nadège P. a un projet de Grange, de lieu de Fabrique, non loin d’Aurillac. Ce lieu va réunir des studios pour les jeunes musiciens et artistes de la ville et un grand espace consacré à la création, confié à la Compagnie Magma Performing Théâtre, animée par Nadège P. On a rencontré les responsables de la communauté de commune du territoire, hier midi. Une équipe très enthousiaste s’est constituée, des technicien.ne.s et des élu.e.s, pour que la Grange ouvre ses portes dans les mois à venir.
Le travail de répétition de No Border avance bien. On est tous les jours à la tâche. Dès mardi prochain, nous serons à Avignon pour une lecture du texte à la Manufacture. On essaiera de varier les menus entre la lecture et le savoir par coeur. Inch Allah!
Allez ! On va s’enfermer dans le théâtre et dire et redire les mots du texte. No Border ! Go !
Petites descentes, ici et là. Trois fois rien à vrai dire. Le paysage est fantastique. Les Salers sont belles à tomber par terre. Bises et à demain.
un tramway nommé désir
Cha traval fort à’l boutique. Ach’ bureau tout comme en Auvergne. Cha n’rigole pas tous les jours. On a vu Mme Bécart, sin garchon, y est arvénu. Y’ étot parti là-bos, dins ches îles. Y’est gendarme. Y est muté à St Gervais. Sa fille, elle fait du théâtre. Al dot juer « Phèdre à r’passer » dans la rue des teinturiers, à Avignon. Cha fait tros coups qui z y vont, y a toudis du mont’. Al a quère cha. Ch’est sin jus. Al’ a toudis eu in’ tête à part…
Pour ce qui est de notre projet avec le Grand Bleu et Euralens, ça avance bien. On en met un coup. Cha devrot déboucher sur des belles affaires. Ch’va pas refaire el tour de touch’ magasin. De tout’ façon, y a plus d’plache. Ch’ cros pas qu’on pourrot rajouter quoique che soit, « on est complet » sur toute la saison. El camarade à Nadège, al va pas venir à Avignon. Y seront que trois dinch’l appartement.
Hey Brother, Hey Sister…
Bon ben voilà, la réunion au Grand Bleu a eu lieu et s’est bien passée. Compliqué, le sujet. Les adolescent.e.s et le « vivre ensemble ». Des jeunes réparti.e.s sur tous les Hauts de France. A traiter au travers de trois à quatre résidences ici et là.
La résidence à Aurillac a démarré hier. Ça commence bien. On est là pour la semaine et nächste Woche, on se retrouve quelques jours à Avignon. On va participer à la journée d’hommage à J. Ralite, à la demande du journal « L’Humanité ». Et on lit le 12, à la Manufacture, No Border. Faudrait voir si en technique, y a tout ce qu’il faut. Et y a l’expo à l’école d’art d’Avignon. Bises et à demain.
Auf Wiedersehen, Lili Marlen
Au jour le jour. Vivre à propos. Pas besoin d’aller chercher midi à quatorze heures. Prendre les choses comme elles viennent. Même si, des fois, il faut quand même se lever tôt, un dimanche matin pour aller à Aurillac quand les jeunes rentrent tout juste d’avoir dansé jusqu’au bout de la nuit. Il y a des Venus sous les abribus qui pleurent des amours terminus. Et des Apollons. Tandis que des vieilles personnes accablées d’expérience, attendent le prochain train sur un quai de gare, à Arras. Pour un trajet mille fois refait. Fallait pas dire je t’aime aux petits matins blêmes. Éternel retour. Épilepsie neuronale. Fallait pas se retourner pour les regarder s’en aller. La vie a un bout mais elle n’a pas de but. On est dix, on est mille, on est des milliards. Rien n’a de fin tant que la vie se propage. Bises et à demain.
Oh Toulouse !
C’est pas les vacances encore. Pas avant la fin du mois de juillet. Vers le 25 ou dans ces eaux-là. C’est pas encore le moment de s’en aller à Biarritz manger des beignets aux abricots. Ou de partir à pied jusqu’à Ostende. Non, non, non. Ou d’aller à Vannes, dans le Morbihan. Y a des travaux à finir avant de partir. Des réunions, des textes à apprendre par coeur. Des projets à rédiger qu’on doit remettre à la Drac et à la Région le plus vite possible. Non, non, non. Et les Turbulents dans deux semaines pour un dernier temps de répétition de trois jours. L’expo à l’école d’art de la ville d’Avignon et la lecture de Nadège P., le 12 juillet, au théâtre de la Manufacture dans le off du festival d’Avignon. C’est pas le moment de rejoindre La Napoule ou Merlimont. L’école est finie. Donne moi la main et prends la mienne. Mais impossible de remettre à septembre tout ce qu’on doit faire en juillet. C’est comme pour les agriculteurs.
Dormir (poème de Ray Carver)
Il a dormi sur les mains.
Sur un rocher.
Sur ses pieds.
Sur les pieds de quelqu’un d’autre.
Il a dormi dans des bus, des trains, des avions.
Dormi pendant le service.
Dormi au bord de la route.
Dormi sur un sac de pommes.
Il a dormi dans une sanisette.
Dans un grenier à foin.
Au Super Dome.
Dormi dans une Jaguar et sur la plate-forme d’un pick-up.
Dormi au théâtre.
En prison.
Sur des bateaux.
Il a dormi dans des baraquements et, une fois, dans un château.
Dormi sous la pluie.
Sous un soleil ardent il a dormi.
A cheval.
Il a dormi sur des chaises, dans des églises, des hôtels de luxe.
Il a dormi sous des toits étrangers toute sa vie.
Maintenant il dort sous la terre.
Il n’en finit pas de dormir.
Comme un vieux roi.


